A quatre journées de la fin, Valérie Gauvin, internationale A appelée couramment dans le groupe de Corinne Diacre a mis un « bolduc » doré autour du papier cadeau des féminines de Montpellier à l’attention de leur Président, Laurent Nicollin. Fils de Louis. Parti. Un des Dieux du football français.

Pourtant, c’était plutôt mal parti quand Canal Plus avait invité le monde du football pour le lancement télévisuel de la D1F féminine. L’équipe montpelliéraine, après six journées, pointait à la 10e place du championnat, avec quatre défaites, un nul pour une seule victoire, la première journée.

Plus qu’inattendu pour un Montpellier plein de maturité avec des internationales françaises, suédoises, belge, haïtienne qui formaient le même groupe depuis quatre ans presque. L’idéal pour ce qui est appelé la « maturité ».

Tout juste sorti d’un quart de finale européen face à Chelsea, tous les regards 2019 étaient tournés vers ce Sud de la France qui offre le sable chaud des fins de soirée, bars de plage, musique et ambiance de charme. Miami en France. A entendre le chant du ressac de la Méditerranée accompagner le rire des gens heureux, léger comme les verres des débuts de soirée.

Sous une pluie torrentielle d’Août 2018, j’avais prédit au Président qui avait accepté une interview, le meilleur. Quelques semaines plus tard, à Paris, sous le bruit des conversations qu’il faut tenir, tous collés dans l’amphithéâtre de Canal+, chargé de l’électricité mondaine propre au monde du cinéma et de la télévision, le constat était celui de la défaite.

C’est là que se distinguent les individus et leurs compétences. Le Président, Laurent Nicollin avait répondu aux questions de l’animateur. Bonhomme. Et dans son commentaire, rappelant la situation actuelle, il avait eu ces mots : « Je ne désespère pas de finir 3e du championnat ».

Un silence avait suivi. Celui de l’impossible. Au final, Montpellier après sa victoire face à Guingamp, même sur un score serré (1-0) montre que les mots étaient justes. 3e devant Bordeaux avec Rodez, Paris FC et Lille comme adversaires. Possible, très possible.

Quand tu l’as vu une fois, entendu. Alors, tu sais ce que veux dire compétence et expérience.

Mais qui que soit un Président, que peut-il faire sans ses joueuses ?

Valérie Gauvin, présente en 2017 et 2018, dans le dur en 2019 mais toujours présente !

Et là, il convient de saluer la performance de la jeune réunionnaise Valérie Gauvin. 22 ans que Philippe Bergerôo avait essayé au lendemain de ses 18 ans face au Pays-Bas à Jean Bouin un automne de 2015. Inconnue, physique d’1 m73 qui a travaillé tranquillement mais sans relâche pour monter en grade.

Actrice de la seconde place de Montpellier en 2017 au dépend du Paris Saint Germain avec – sacré performance – 9 buts sur 10 marqués dans les quatre dernières journées, elle avait gagné ses galons pour entrer dans le groupe de Corinne Diacre qui venait d’arriver aux commandes des Bleues en septembre 2017.

Elle finira la saison 2018 avec 9 sélections dans une EDF ayant joué 12 matches signant 6 buts pour les Bleues et 12 pour Montpellier.

La saison 2018-2019 se fera plus dans le dur. Blessures, manque de performances. Difficultés. Voilà la jeune réunionnaise qui connaît sa première phase de « moins bien ». Onze fois sur la feuille de match sur 19 rencontres. 5 titularisations seulement. Deux buts. L’attaquante n’est pas au mieux, d’autant que la concurrence en Bleue se prononce sérieusement avec Marie-Antoinette Katoto (20 ans), meilleure buteuse du championnat, forte de ses 18 buts et des commentaires élogieux sur son talent potentiel qui sort de toutes les bouches.

Cette joueuse n’abandonne jamais. Si elle n’a pas le talent du dribble, elle a celui de l’entêtement et de la détermination qui correspondent bien à l’esprit des féminines.

Et bien, là voilà qui, Samedi, dans ce match en avance de la 19e journée, à peine entrée (61′), elle marque le seul but de Montpellier (71′) face à un Guingamp qui a montré ses qualités offensives lors de leur rencontre passée face à Lille (3), mais aussi ses limites défensives (3). Se faisant remonter la semaine dernière après avoir mené (3-0) à l’extérieur. Un peu moins de trente minutes pour marquer pour Valérie Gauvin. La journée précédente, elle était restée 23 minutes sur le terrain. Suffisant pour participer à la fête d’un 0-7 à l’extérieur contre Metz.

L’équipe bretonne est sérieuse. Pour bouger le Guingamp 2019, il faut du physique et de la détermination. Lille, la journée précédente, a eu ses deux qualités. Les lilloises, obligées de les avoir au risque de descendre dès ces journées. Valérie Gauvin, les a eu aussi ce Samedi. Jouait-elle sa tête ? Ou plutôt par caractère ! Sur un centre millimétré de Sofia Jakobsson, elle s’est élevée et de la tête, a pointé Solène Durand, impuissante. Obligeant Guingamp à une défaite. Les laissant avec le goût d’une seule victoire sur les cinq dernières rencontres. Et peu importe que Faustine Robert, battue, y soit allée de son épaule pour la déstabiliser. Elle n’a pas bougé.

Cette joueuse, jeune (22 ans) a réussi à montrer ses qualités de sportives de haut niveau. Un jour en haut, d’autres plus bas. Mais à un moment et au moment qu’il faut. Là. Pour elle, pour son équipe.

Job de fait. Cela n’en fera pas un Ballon d’Or mais juste une joueuse qui pourra dire, les yeux dans les yeux. La performance, je sais ce que c’est : « Faire mieux ».

William Commegrain lesfeminines.fr