Si on doit relever une performance, on peut le faire aux statistiques et dans ces conditions on trouve quatre joueuses influentes sur ces 14 journées de championnat. La première, honneur doit être fait à Ada Hegerberg, 23 ans, premier Ballon d’Or féminin, habituelle meilleure buteuse de la D1F (2016, 2017, 2018) depuis son arrivée en 2015, couvée une année par Lotta Schelin (2015) et qui pointe à 15 unités à la veille de ce 1er janvier 2019.

On ne peut qu’associer Marie-Antoinette Katoto, 20 ans, du Paris Saint Germain qui depuis ses deux premières saisons à ce niveau de l’élite a réalisé la performance d’être seconde buteuse du championnat la saison dernière (21 buts) pour confirmer avec une superbe égalité en 2019. 15 buts, aussi bien qu’Ada Hegerberg.

Il reste que les buts sont plus faciles à mettre quand on évolue dans ces deux écuries, habituelles première et seconde du championnat, diront les esprits chagrins.

Alors, sortons des buts et voyons l’influence sur le jeu. Dans ce cas, l’évolution d’Amel Majri (8 buts et 8 passes décisives), un cran au-dessus de son poste de latérale, lui a fait exploser ses statistiques offensives et mis en valeur toute sa technique individuelle. De l’autre côté, au Paris Saint Germain, on ne peut que parler de la confirmation de Kadidiatou Diani (meilleure passeuses décisives – 9), incroyable de puissance et de détermination pour ses couleurs, pas loin de postuler au titre de meilleure joueuse avec plus d’efficacité offensive (2 buts).

Wendie Renard, face au PSG, sauve l’OL !

Mais pour moi, la plus belle performance revient à Wendie Renard. Son égalisation face au Paris Saint Germain relève de la très haute performance. La capitaine lyonnaise de 28 ans, seule joueuse de l’Olympique Lyonnais à posséder tous ces titres en championnat (12 titres nationaux), menée à Jean Bouin par le Paris Saint Germain (1-0, Wang Shuang, 14′) pour un match qui a tout d’un « play-off » aller pour le 13e titre lyonnais, vient de subir une bévue de sa gardienne Sarah Bouhaddi, mettant le PSG devant l’OL au championnat. Plus 1 point si les choses en restent là.

Fait si rare qu’il a tout du crime de lèse-majesté. Une seconde fois que l’ex-capitaine de l’Equipe de France n’accepte pas.

La martiniquaise est orgueilleuse. Sur le premier coup franc que l’arbitre accorde (18′), elle est déterminée comme jamais. Dzsenifer Marozsan à la baguette doit le voir. Elles commencent à se connaître. La capitaine de la Mannschaft dépose la balle au centre. Wendie Renard fait un démarrage à la Usan Bolt, lance son 1m87 et laisse sur place la jeune brésilienne Diaine, bloquée, pour aller chercher cette belle cinq mètres plus loin et catapulter une tête au fond des filets de Katarzyna Kiedrzynek, quatre minutes seulement après la prise de pouvoir parisienne.

Les Ultras s’arrêtent de chanter. De premier, ils redeviennent second. Ils ne sont pas dupes. Sous nos yeux, une performance s’est réalisée.

Amandine Henry avait fait la même chose lors de l’Euro 2017 contre l’Autriche. L’équipe de France, mal embarquée, était menée par la 24e équipe mondiale. Le second tour s’éloignait avec une quasi-certitude. Les françaises, dans la continuité des JO 2016 et du Mondial 2015, laissaient les promesses au vestiaire et se trouvaient rangés dans la catégorie « des espoirs douchés ». La capitaine française, tout juste revenue de ses 18 mois aux Etats-Unis avait fait une tête d’une puissance incroyable, montant si haut qu’on avait eu le sentiment qu’elle avait décollée pour envoyer un smash de volleyeuse ! Un but au mental.

Une tête incroyable qui révèle un mental rare.

Sur ces deux gestes, il y avait eu du corps, de la technique, du football mais surtout une avalanche de mental. Une volonté individuelle et incroyable de ne pas subir et de retourner le score pour qu’il soit en sa faveur.

Wendie Renard, pour ceux qui l’ont vu, à cet instant, a réalisé une performance. Outre d’être une excellente défenseuse (3 buts pris par l’OL), nommée dans les 15 meilleures joueuses du Monde par France Football pour le Ballon d’Or, au salaire comparable à celui d’un joueur de Ligue 2, dans un sport qui cherche de plus en plus son spectacle, a mis dans notre mémoire, un geste rare.

Pour cela, elle prend sans problème, la première place.

William Commegrain lesfeminines.fr