Retour sur ce match qui depuis quelques années est le point d’orgue de la D1F, Paris Saint Germain – Olympique Lyonnais. Un spectacle de football féminin qui demande de faire ressortir les talents qui s’y sont exprimés.

Le clou du spectacle : Une ambiance de L1 en football féminin grâce aux Ultras.

D’habitude, autour des stades de football féminin, c’est sortie en famille. Père, Mère, les grands parents et les enfants. Souvent des filles. Là, autour de Jean Bouin, vous avez droit aux blousons, casquettes, quelques bières -sans plus-, des gars pour la plupart, pas très loin de la trentaine. Un peu plus, un peu moins.

C’est plutôt rare. Tout au début de l’entrée du PSG dans le monde professionnel pour les filles, ils avaient essayé d’être présents à Charlety sous l’ère Benstiti. Je les revois refoulés la plupart du temps devant un cortège réduit de CRS. Entre réputation chez les masculins et décalage chez les filles. Plus ou moins accepté.

C’est Patrice Lair qui leur a donné du corps et du coffre en négociant leur présence. Jamais avare d’émotions fortes, le coach breton les a fait entrer dans le paysage du PSG féminin. Suivi d’ailleurs par les joueuses, trop contentes d’avoir de l’intérêt et du spectacle à côté d’elles.

Deux années plus tard, pour les grosses affiches, à Jean Bouin ou ailleurs, avec les feminines du PSG, vous devrez trouver les Ultras.

Sur ce match, invités sans aucun doute par Canal pour donner de la couleur à cette première, la médaille de la performance est à leur donner en premier lieu, sans qui Jean Bouin, aurait été bien vide.  8.700 spectateurs annoncés avec un bon 4.000 pour les habitués les Ultras du PSG. Un superbe spectacle de supporters avec chants, fumigènes, sifflets et applaudissements. Jusqu’à une petite chanson d’accueil pour Jean-Michel Aulas dès que le Président Lyonnais avait pointé le bout de ses chaussures sur la planète verte du stade parisien. Ce dernier, saluant leur présence en zone mixte. Conscient du spectacle et de l’ambiance offerte.

Les Ultras, un ensemble sonore et visuel qui ne se trouve nul part ailleurs dans la planète football féminin. Là, au PSG, à Paris en France.

Sur le plan du jeu du côté parisien

Sur le plan du jeu, Grace Geyoro ne s’est jamais fait prendre le ballon. Elle est montée d’un cran réussissant à jouer de vitesse comme de sécurité son rôle de relayeuse et de récupératrice des ballons mal négociés par l’OL. Même bousculée par un Olympique Lyonnais présent avec Amandine Henry, Marozsan voire Amel Majri. La jeune parisienne de 21 ans a joué ce match avec assurance et maturité ce qui a permis à son équipe de se tenir dans le camp lyonnais. Phénomène rare contre les lyonnaises, d’autant qu’il a été accompagné de phases de possession où l’OL a couru après le ballon.

Au niveau de la défense, Perle Morroni a reçu tous les éloges des commentaires sur twitter. Pas souvent titulaire, consciente d’avoir pris sa place en raison de la montée d’un cran d’Ashley Lawrence, la jeune joueuse biberonnée au PSG depuis de nombreuses années, convoquée une fois en A mais obligée de se désister, à jouer une partie pour s’imposer et ne pas être la pierre défensive qui fait craquer le mur parisien. Personne n’est passée. Que ce soit Delphine Cascarino, pourtant plus rapide dès l’entame du match ou Shanice Van de Sanden, un TGV championne d’Europe 2017. Quand la vitesse n’a pas pu être la réponse, c’est dans l’anticipation qu’elle a repris les ballons adverses.

Au niveau du jeu offensif, Kadidiatou Diani a fait exploser Selma Bacha, sans que la lyonnaise ait fait une mauvaise partie. Juste un combat où l’intensité physique et mentale ont été de mises. Jeune espoir lyonnaise appelée à un grand avenir mais qui a dû se rendre compte de l’impact des joueuses internationales A prétendantes au titre mondial. Un bon entraînement pour la lyonnaise de 18 ans, déjà vainqueur de la WCL 2018, et qui va continuer son apprentissage du très haut niveau avec l’équipe EDF U19 de Gilles Eyquem. D’autant que la parisienne n’y est pas allée de mains mortes, consciente que le plan de jeu d’Olivier Echouafni demandait des centres pour que Marie-Antoinette Katoto les exploitent.

On ne peut terminer sans évoquer la concentration et l’implication de Katarzyna Kiedrzynek, la gardienne parisienne. Qui parle en zone mixte aussi vite qu’une mitraillette, encore sous le coup de l’intensité qu’une telle opposition demande. La balle qu’elle sauve à la 90′, c’est juste sur les nerfs qu’elle va la chercher en n’oubliant pas d’avoir un regard sur le positionnement d’Eugènie Le Sommer et Dzsenifer Marozsan, pour la détourner en corner, évitant de leur offrir un deuxième ballon devant des cages vides.

Du côté Lyonnais, Wendie Renard au top

La capitaine lyonnaise a égalisé, armée d’une volonté impressionnante. C’est un ballon qu’elle est allée chercher avec une détermination telle que Daiane, au marquage, n’a même pas bougé que la balle était déjà au fond des filets parisiens. Sur ce coup là, quatre minutes après avoir encaissé un but casquette, devant les caméras de Canal Plus qui avait ouvert sa meilleure case, l’orgueil de la martiniquaise a décuplé sa volonté et à renversé la situation parisienne. Olivier Echouafni, en zone mixte, regrettait juste l’égalisation rapide, sans oublier de dire que c’était Renard.

Les votes du Ballon d’Or sont clos depuis quelques jours maintenant. On peut affirmer qu’elle n’a pas volé sa place dans les 15 meilleures joueuses du Monde. Une compétitrice dans l’âme.

Griedge MBock, sa petite soeur, n’a pas raté son match face à Marie-Antoinette Katoto. Elle lui a pris tous les ballons de la tête et l’a empêché de développer son jeu de pénétration et d’intuition qui font sa force. Enfin Dzsenifer Marozsan a donné raison à Horst Hrubesch, l’ex-sélectionneur allemand, en disant que les allemandes jouaient très vite. Effectivement, la capitaine allemande, blessée de long mois, à faim de ballons et d’initiatives. Elle a été au coeur de tous les mouvements lyonnais. On peut ou on doit lui reprocher un manque de choix personnels, même quand la situation ne le justifie pas mais qu’avec son talent, elle pourrait rendre justifiable.

Enfin, j’ai bien aimé Sarah Bouhaddi. La seule qui est capable de faire une boulette incroyable et dans l’instant suivant avoir tous les talents pour se re-concentrer et sortir un très haut niveau. Là, ce ne fut pas nécessaire, mais à mes yeux, elle à cette double capacité, d’être dans le Ying et dans le Yang. Le tout à ses extrêmes.

Je repense, sur le moment, à la finale 2016 contre Wolfsburg et l’égalisation d’Alexandra Popp pour sortir en prolongations et aux pénalties des arrêts miracles. Sans nul doute, il y en a d’autres.

Pour les autres et nombreuses actrices, elles se sont toutes mises au niveau de la rencontre, avec la part de réussite qui a donné une belle rencontre intense et la part d’échecs qui a fait que la rencontre s’est terminée sur un score d’équité (1-1).

William Commegrain lesfeminines.fr