Horst Hrubesch sera regretté du côté de la Mannschaft.

Le géant Vert qui donnait des trémolos dans la voix de Thierry Roland et Bernard Père, les soirs de Coupe d’Europe où la télé en noir et blanc des moins nantis avait les couleurs vertes des exploits de Saint-Etienne. L’avant-centre qui était l’aboutissement du jeu allemand. Physique, centres sur les côtés et Hrubesch qui finissait de la tête. Un décathlonien qui jouait au football dans ce port d’Hambourg, qui durant quelques années, avait fait briller les lumières de la Coupe d’Europe des Clubs Champions dans sa ville.

Après les mauvais résultats des matches de l’équipe d’Allemagne (Euro 2017, défaite dans le quart de finale, dernière place ShebelievesCup, défaite contre l’Islande dans les matches de qualification et risque de manquer la Coupe du Monde 2019 en France), la DFB avait décidé de remplacer la sélectionneure Steffi Jones en mars 2018. Au sortir d’un 3-0 infligé par les Bleues de Corinne Diacre à la SheBelievesCup 2018, la portant à la quatrième place de cette mini-Ligue des Nations Mondiales comprenant les USA et l’Angleterre.

Le Géant allemand redonne confiance aux joueuses allemandes.

Le 13 mars 2018, Horst Hrubesch, 67 ans, était devenu sélectionneur intérimaire de l’équipe d’Allemagne à la surprise générale. Exactement huit mois plus tard, il dirigeait son dernier match comme sélectionneur. Son huitième match contre l’Espagne qui s’est terminé sur le score (0-0).

Entretemps, il a sauvé la qualification de l’Allemagne pour la Coupe du Monde, ballottée par l’Islande à domicile et à part les matches de la qualification, sous sa direction, son équipe a aussi gagné contre le Canada, l‘Autriche et l’Italie. Huit matches, sept victoires, un score nul contre une équipe espagnole vraiment forte. De quoi redonner de la blancheur à l’Aigle allemand, mis à mal chez les hommes et qui n’aurait pas supporté un deuxième lessivage, du côté des femmes.

Monsieur Hrubesch était très content après son dernier match, notamment celui contre l‘Espagne. « Il a dit qu’il a toujours aimé ce genre de match très serré. Et que tout ceux, qui ont suivi ces derniers mois la Mannschaft, selon lui, ont pu voir le bon développement de l’équipe ». Les journalistes lui demandent un résumé de cette transhumance. Sa réponse est courte : « Des filles supers ! Cela m’a fait un très grand plaisir. Et il ajoute « Je suis extrêmement heureux d’avoir pu faire cette expérience ».

Horst Hrubesch. Crédit Marion Kehren

Il est parti et a laissé les clés de la Mannschaft à Martina Voss-Tecklenburg, ex-internationale et sélectionneuse suisse.

Impressionnant comme ce géant du football est parti du monde du football féminin en silence. Ancien footballeur, entraîneur de clubs et plus tard des équipes nationale des jeunes comme U-20 masculin etc, sélectionneur de l’équipe allemande du foot des Jeux Olympiques en 2016, médaille d’argent. Il est une personnalité de grande renommée dans le foot allemand, mais dont le grand public n’aurait pas attendu qu’un jour il puisse s’occuper du foot féminin.

Pour les stages et les matches il a invité un grand nombre de jeunes joueuses et plusieurs ont reçu leur toute première convocation à la sélection. Après les matches de qualification – pression disparue – il a utilisé la possibilité de les voir jouer, il a même essayé plusieurs gardiennes.

Très paternaliste, il a su montrer la voie qu’il avait lui-même pressenti comme joueur. Il parle beaucoup avec ses joueuses, on le voit quand on assiste à un entraînement, une après l’autre, il prend une joueuse à part et prend le temps d’expliquer. Interrogé sur le fait que plusieurs joueuses ont dit que le staff parle beaucoup avec elles, il a souligné que pour lui la communication – en toute forme – est pour lui le plus important. On se demande si Hrubesch a été l’artisan de l’alchimie de la motivation ou enseignant de la tactique du foot ? Probablement il a combiné les deux rôles d’une façon idéale.

A chaque nouvelle arrivée dans la sélection, il a dit que les choix étaient bons, que les joueuses l’avaient toutes prouvées. Hrubesch préfère une hiérarchie plate. Pour lui les jeunes joueuses qui débutent ont les mêmes droits que les joueuses qui ont déjà un grand nombre de sélections. Ainsi il a formé un bon mélange de joueuses expérimentées et joueuses jeunes sans aucun ou très peu matches en sélection.

L’idéal pour faire entrer du vent frais dans une Mannschaft qui avait des certitudes qui n’en étaient plus. On parle d’une bonne ambiance, une atmosphère agréable et ouverte, on souligne que les entraîneurs parlent avec les filles, le staff leur dit ce qu’on attend et ce que devrait être amélioré. En général elles ont plus de confiance en elles-mêmes qu’avant.

Comme tout coach dans le football féminin, c’est l’efficacité qui pêche. Hrubesch: «Nous sommes capable de faire un bon match sur le plan technique, nous l’avons prouvé et nous sommes aussi capables de créer des occasions de marquer des but, mais nous devons être plus efficaces, vraiment marquer des buts. Avec toutes les occasions que nous avons eu et que nous avons créées, nous n’avons pas marqué assez. Trop peu. »

N’oubliant pas de préciser son apport «Avec moi les matches de qualification ont été sans aucun but encaissé ».

Conservant le pragmatisme allemand et les chantiers à venir, notamment pour la Coupe du Monde 2019. « Avec la confiance en nous-même et les talents que nous avons, cela ne suffit pas, maintenant il s’agit de nos déficits, de travailler sur nos chantiers pour que cela devienne plus compact, plus clair, plus dominant « .

Avec quelle analyse passe-t-il le témoin à Martina Voss-Tecklenburg ?

La parole à la jeunesse. Voilà son crédo. « nous pouvons donner aux jeunes la possibilité de faire tout un match. Large sélection, hiérarchie large, laisser l’équipe se former et travailler ensemble, de former une équipe, c’est notre objectif. Ceux qui sont derrière doivent aussi diriger ceux qui sont devant, les jeunes doivent aussi diriger les plus expérimentés. » Le message est clair : « Être courageux, simplement faire, essayer, faire des erreurs, elles ne peuvent rien faire de faux, elles ne peuvent que gagner, apprendre et avant tout améliorer leur jeu. »

Car pour lui, son analyse de la Mannschaft pour 2019 est la suivante : «J’ai aussi regardé d’autres matches et j’ai vu très peu d’équipes qui pourraient jouer à notre vitesse. Si l’année prochaine, cette équipe se forme et travaille ensemble, avec le temps et les possibilités qu’elle a, cette équipe aura toutes les possibilités.»

Des messages entendus par la Mannschaft. Caroline Simon décrit très bien ce que Horst Hrubesch a apporté à l’équipe : «Avec son expérience, son calme et sa sérénité il est venu au bon moment pour notre équipe où il y avait beaucoup d’insécurités. Il nous a remis sur terre, maintenant chaque joueuse peut de nouveau se focaliser sur ce qu’elle sait faire le mieux»

Le 30 novembre Martina Voss-Tecklenburg, sélectionneure de la Suisse pendant sept ans, sera officiellement présentée comme sélectionneure. L’entraîneure adjoint de Hrubesch, Britta Carlson, restera dans la même fonction, intégrée dans le staff de Voss-Tecklenburg. Elle est une charnière principale.

Mardi il a dit adieu à ses filles qu’il a accompagne et dirigé pendant huit mois. Avec beaucoup de succès et comme il dit avec beaucoup de plaisir. S’il était plus jeune:… aucun doute il l‘aurait fait, mais maintenant il va réfléchir sur ce qu’il faut mettre dans sa grande valise quand il partira avec sa femme pour un long voyage de plusieurs semaines, d‘abord direction la Nouvelle Zélande.

Mais il sera sans doute en France, quand l’équipe d’Allemagne sortira des vestiaires des stades français pour jouer ….

Gerd Weidemann avec William Commegrain pour les féminines.fr