Le football féminin est une terre féministe.

Personne ne sera surpris de lire que le football féminin est un des sièges social du féminisme. Megan Rapinöe, pour parler d’une des plus représentatives, ne manque pas de le rappeler et même de le réclamer, emportant avec elle, l’assentiment de toute la gente féminine. Solidaire, comme une armée de guerrières potentielles, animée par l’idée du combat.

Pernille Harder, autre figure emblématique du football féminin, avait pris la tête d’une grève danoise demandant une égalité de traitement financier entre l’équipe nationale hommes et celles féminines, sélectionnées pour représenter leur nation. Cela avait coûté trois points au Danemark (forfait) dans la course à la qualification à la Coupe du Monde en France et certainement leur présence en 2019.

Stéphanie Labbé a gagné sa place dans une équipe masculine professionnelle.

Stéphanie Labbé (32 ans, gardienne internationale du Canada, 56 sélections), est du même tonneau. Gardienne de Linköping Fc ce soir à Jean Bouin, elle a fait l’actualité en 2018 en cherchant à s’incorporer dans une équipe masculine pour exercer son métier de joueuse de football professionnelle.

Non reconduite par « Washington Spirit », club professionnel féminin américain, en février 2018, elle se trouve sans contrat. En attendant des propositions dans les clubs féminins d’Europe, tous déjà têtes baissées et budgets fermés dans leur championnat, elle attend des réponses de Suède où elle a longtemps oeuvré (2009-2014, avec Pitéa et Kif Orebro).

Là voilà qui contacte tous les clubs américains masculins jusqu’à se faire entendre et comprendre par l’un d’entre eux.

Testée par Le « Foothills Soccer Club de Calgary », club d’une catégorie secondaire appelée Premier Development league, le directeur sportif Tommy Wheeldon fils adhère au message de la canadienne : « Je savais que le niveau de jeu ici est fort. Je savais que cela me mettrait au défi tous les jours ! ».

Essai réussi, puisque le manager confirme  dans un communiqué «Sur la base des capacités de Steph, elle a montré qu’elle pouvait jouer avec nous ! »

Une situation jamais vu en football mais déjà connu dans l’empire de l’Oncle Sam avec où Hayley Wickenheiser et Shannon Szabados ont chacune joué dans des ligues professionnelles de hockey masculin, en Europe et aux États-Unis, respectivement.

La ligue de football bloque réglementairement. 

Seul souci, la Ligue confrontée à un problème inattendu, cherche dans ses règlements, une raison de s’en sortir : « Comme pratiquement toutes nos ligues dans le monde, la PDL a des critères d’admissibilité fondés sur le sexe, que nous avons appliqués de manière constante dans ce cas», n’oubliant pas souhaiter « le meilleur pour la poursuite de ses objectifs de carrière ».

La canadienne qui a remporté sur le terrain l’obstacle sportif essaie bien d’envisager celui administratif en contestant lors de l’assemblée générale annuelle de la ligue en décembre. Sauf que ce championnat est court, les impératifs restent, et la voilà obligée de quitter cette aventure originale pour retrouver une place dans une équipe féminine.

Retour à la maison en Suède.

Ce qu’elle fera en revenant à la maison en quelque sorte. Après Pitéa de 2009 à 2011, Kif Orebro jusqu’en 2014 ; la voilà dans l’effectif de Linköping en 2018 avec 9 matches de championnat joué.

Un championnat qui s’est terminé dimanche dernier par une cinquième place pour Linköping (9V, 6N, 7D), les condamnant à une fin d’aventure européenne. remplacée par Pitéa IF et Göteborg FC.

Si Stéphanie Labbé se trouve sur le terrain face au Paris Saint Germain, on ne peut pas le voir autrement qu’en tenant compte de cette performance.

Stéphanie Labbé, un drôle d’oiseau féministe.

William Commegrain lesfeminines.fr

stéphanie Labbé.