Le Président de la Fédération danoise en est à son deuxième AVC psychologique. Après la grève des joueuses refusant de se rendre en Suède la 20 février 2017 en raison de négociations non abouties pour un match de qualification au Mondial 2019 en France (forfait 3-0), l’équipe masculine emboite le pas cette semaine, menaçant d’un boycottage le prochain match amical face à la Slovaquie (5 septembre) et surtout de celui de la toute nouvelle Ligue des Nations, à domicile, opposé au Pays de Galles (9 septembre).

Être disqualifié des compétitions à venir UEFA pendant quatre ans.

Une situation compliquée, même complexe. Il pèse un sursis de disqualification de toutes les compétitions UEFA sur la fédération danoise, depuis le forfait (défait 3-0) bien payé de l’équipe féminine qui au vue des textes aurait dû se transformer en disqualification, transformé « gentiment » en sursis de quatre années.

Un nouveau forfait, et l’exclusion de toutes ses compétitions UEFA, y compris l’Euro 2020 serait décidé.

Inutile de dire qu’une fédération sans compétition internationale verrait tous ses sponsors demander la résiliation de leur contrat pour défaut de contrepartie et les rangs des futurs candidats s’amenuiser d’autant en nombre qu’en monnaie trébuchante.

Or, la fédération l’explique clairement sur son site internet par un communiqué du 28 Août qui a tout d’un ton larmoyant plutôt que directif. « Il y a une date limite pour les négociations vendredi. Samedi, le conseil d’administration de DBU organise une réunion du conseil d’administration, au cours de laquelle il discutera de la situation et approuvera toute nouvelle entente avec l’équipe nationale ». Le cadre est posé, il y aura accord du côté fédéral, dès lors que les joueurs le souhaitent. Ce qui ne semble pas le cas.

L’objet de la demande des joueurs : avoir le droit de faire valoir leurs contrats privés d’équipementiers sur celui négocié par la fédération. ils disent qu’ils ne peuvent pas refuser les propositions qui sont en train de leur être faites.

Qui est le plus fort ? Joueurs ou Fédération ? 

Une demande, à l’analyse, qui bouscule le rapport de la hiérarchie entre les fédérations et les joueurs. Auparavant, les joueurs avaient besoin de l’équipe nationale pour avoir un statut et une reconnaissance financière ensuite auprès des clubs. Maintenant, la médiatisation des joueurs est telle qu’ils représentent une force individuelle supérieure à celle d’une fédération, institution et institutionnelle.

Qui va gagner ? Qui va faire jurisprudence ? Jesper Moller, le président de la fédération depuis 2014, avocat de métier est certainement trop dans la recherche de consensus -déformation professionnelle dans ce métier où on est capable d’entendre tout- que dans celui de la direction, avec les décisions qui vont avec. Bonnes ou mauvaises.

Le Président, il dit « Vvvouiiii ! » et les joueurs disent « non ».

Après les féminines du Danemark à qui le Président, il a dit : « Vvvooouuui ! ». Après les joueurs du Danemark, à qui le Président, il dit : « Vvoouuuiii » aussi pour caricaturer un de nos célèbres comiques Louis de Funès dans ses films à cette revendication des partenaires privés ! A qui il a dit « Vvoouuuiii » pour de meilleurs conditions de déplacements ! A qui il a dit « Vvoouuuiii » à des formations. A qui il ne sait plus quand il a dit une fois « non … ma biche ! »

Et bien, le voilà à être quasiment obligé d’appliquer une menace qui ne faisait peur qu’à lui : « on va vous remplacer par des joueurs de futsal et des joueurs moins forts ! ». Un argument qui déjà, n’avait pas fonctionné avec les féminines.

Le Danemark a oublié ce que le mot diriger veut dire. Pris dans la corde que les féminines ont posé, en train de tomber depuis que les hommes sont en train de le serrer. L’imagerie populaire, quelque fois nécessaire, dirait : « pris par les … et pris à la gorge ! ».

Pourtant, la fédération présente des arguments : « Cela pourrait se traduire par une diminution des revenus de sponsoring pour l’équipe nationale – de l’argent, qui sert également au développement du football danois. Amateurs et féminin. »

Pour finir, au dire de Claus Bretton-Meyer, directeur de la DBU : « Mais si cela est important pour les joueurs, nous serons d’accord ». C’est « Vvouiii » et encore « Vvouiii ».

Après cela, n’oubliez pas de twitter « quand vous verrez des joueurs prendre une photo auprès de gamins malades dans un hôpital ». Ne doutez pas que c’est pour l’intérêt général (lol) mais encore bien plus pour leur image.

Une évolution individualiste

Au tennis, la chose est connue et les sélectionneurs ont pris le pli. Les désistements en Coupe Davis et Fed Cup sont légions. A chercher à maintenir la flamme nationale que seule une sélection en Equipe Nationale donne, sans oublier d’apprendre à « respecter » les revenus individuels des joueurs.

Le football va connaître le même glissement. Les joueurs ayant maintenant plus d’impacts que la fédération. On comprend mieux la phrase répétitive de Didier Deschamps : « il n’y a rien au-dessus de l’Equipe de France ! ».

Avec Noël Le Graet on peut penser qu’une telle situation ne pourrait pas arriver en France. Ce qui implique que tout écart dans les rangs ne pourra pas être toléré. Un système qui exclut certainement définitivement Adrien Rabiot et Jean-Kevin Augustin, même si leurs décisions n’ont pas les mêmes origines mais restent dans un esprit individuel. A l’évidence, exit toutes joueuses féminines qui prendraient le même chemin.

Les danois et danoises sont culottés. Après la grèves des filles dans une compétition de qualification au Mondial 2019, remporté par la Suède dans leur groupe et qui se termine les danoises par un play-off (Suisse, Pays-Bas, Belgique, Danemark) à quatre pour un dernier ticket européen, voilà le boycottage des gars pour la Ligue des Nations.

Même quand on leur dit « Vvouuiii ! », ils disent « Non ! ».

William Commegrain lesfeminines.fr