Prix de la meilleure joueuse européenne 2018. Ce n’est pas grand chose quand on démarre une carrière. Avec l’âge, cela devient quelque chose.

Un prix individuel dans le football, c’est la capacité à laisser quelque chose dans l’Histoire de son sport. Quoi qu’on en dise ou ce qu’on peut en penser, le football est bien un sport collectif qui reste fait d’efforts et de motivation individuelle. Alors rater le prix de la meilleure joueuse UEFA de l’année quand on a 28 ans comme Amandine Henry, a un sens particulier surtout quand on en est à sa troisième apparition dans le podium européen (2015 & 2016).

Pernille Harder, deux finales perdues en 2017 et 2018 et pourtant meilleure joueuse

Ce 30 août, à Monaco, a été récompensée aux côtés du croate Luka Modrik, la danoise Pernille Harder évoluant au Vfl Wolfsburg, mettant Ada Hegerberg (OL) et Amandine Henry (Ol), assez loin. 106 points pour la capitaine danoise donne le résultat final. Les deux lyonnaises pointant à 61 et 41 points.

2018, dans une année sans compétition internationale, le parcours en club est la référence.

Avec Pernille Harder, le Vfl Wolfburg, finaliste malheureux en 2016 et 2018 est récompensé de son travail. L’Olympique Lyonnais, vainqueur heureux en 2016 et 2018, présenté comme le Real Madrid regarde les trophées individuels tomber pour les autres.

Les journalistes présents, seuls détenteurs du droit de vote final, ont plébiscité la finaliste de la Women’s Champions League plutôt que ses vainqueurs, Ada Hegerberg et Amandine Henry, coéquipières de l’Olympique Lyonnais. Trop de titres donnant au cinquième le goût de l’habitude, comme une table trop bien et trop souvent dressée.

Cependant la performance des joueuses de Jean-Michel Aulas et Reynald Pedros n’était pas neutre.

Un troisième titre européen d’affilée (2016, 2017, 2018) unique dans l’histoire de l’UEFA. Une cinquième couronne, tout autant historique pour cette compétition qui fêtait seulement sa 17e édition. Personne ne l’avait encore fait.

Il y avait là de quoi donner le meilleur à l’Olympique Lyonnais, soit en saluant la jeunesse d’Ada Hegerberg, déjà récompensée en 2016, meilleure buteuse 2018 avec 15 réalisations ou en mettant en valeur l’expérience de la capitaine de l’Equipe de France, Amandine Henry, 10 titres de championne de France, cinq coupes de France et quatre Ligues des Champions. Sans oublier, même s’il ne peut compter, son titre avec le championnat américain en Octobre 2017 sous les couleurs des Portland Thorns.

Pernille Harder, médiatisée et affirmée. 

Les journalistes ou l’UEFA ont choisi Pernille Harder, une excellente joueuse au demeurant mais qui a terminé ses deux dernières saisons sans titre. Finaliste de l’Euro avec l’équipe nationale en 2017 et finaliste de la WCL en 2018.

Je vois trois raisons à ce choix légitime même si celui des deux lyonnaises l’aurait bien plus été.

1°) La première, Pernille Harder a fait un excellent Euro 2017, portant à bout de bras le Danemark en finale. Sans récompense, tombant sous le joug d’une plus grande surprise, avec Lieke Martens et les Pays-Bas, inattendus vainqueur de l’Euro 2017, elle avait laissé la couronne européenne à la néo-barcelonaise au quelle elle aurait pu prétendre.

Le football féminin ayant une audience limitée à ces aficionados. L’Euro ayant une couverture bien plus conséquente sur le football masculin que des matches de clubs, les journalistes 2018 se sont aussi souvenus de 2017 en appuyant sur le bouton de leur vote 2018.

2°) Ce qui m’amène à ma deuxième raison. Le manque de connaissance des professionnels du football sur le football féminin et notamment son actualité. Les décisions et commentaires font souvent référence à des situations passées qui peuvent même être dépassées mais pour autant encore actuelles dans l’esprit des professionnels.

L’exploit historiques des lyonnaises auraient mérité une véritable récompense mais qui s’en souvenait ? Cinq Ligues des Champions, trois de suite. Les premières à le réaliser en football féminin européen.

3°) On peut aussi penser que la décision courageuse de Pernille Harder de boycotter « Suède-Danemark » en qualification de la Coupe du Monde pour faire avancer les rémunérations des femmes et leurs égalités avec les hommes dans l’indemnisation des sélections et des frais de déplacements a fait chavirer le coeur des journalistes féminins appelées à voter ? Du moins à marquer assez pour en faire un souvenir positif.

Quoi qu’il en soit, le titre est donné et pas si mal donné, notamment par rapport à la prestation de 2017.

Pour autant, la lecture des résultats passés oblige à deux constats.

Aucune présence d’une française depuis 2011 !

Quand on se rappelle l’impact d’une Louisa Necib ou d’une Camille Abily sur le jeu lyonnais et celui de l’équipe de France, vainqueur de la WCL deux années consécutives (2011 et 2012) et deux fois quatrième du Mondial (2011) et des JO (2012), on ne peut que s’étonner !

Alors que l’Allemagne, trois fois pour les joueuses et quatre sur six pour les clubs plébiscite le titre, bien qu’elles n’ait plus gagné la WCL depuis 2014 et l’Euro depuis 2013.

L’OL très peu récompensé. 

De la même manière, de ne voir qu’une seule fois l’Olympique Lyonnais récompensée (2016) avec Ada Hegerberg quand on a eu Lotta Schelin et d’autres dans son équipe. Cela laisse songeur. On peut aussi penser à Sarah Bouhaddi qui arrête deux tirs au but en finale 2016 contre Wolfsburg alors que Nadine Angerer avait eu les honneurs d’une première récompense (meilleure joueuse UEFA en 2013) pour le même exploit avec l’Allemagne en finale de l’Euro 2013. Bouhaddi qui renouvèle sa performance avec un duel historique gagnant face à l’autre gardienne, Katarzyna Kiedrzynek (PSG) en 2017, pour que cette finale 100% française passe à la trappe des récompenses  !!!

Le constat s’impose : L’Olympique Lyonnais n’est pas récompensé comme il devrait l’être et il serait bien que les médias nationaux du football en parlent pour que les choses se régulent dans les années suivantes.

LA FIFA semble consciente du problème puisqu’elle rectifie le tir et Ada Hegerberg comme Dszenifer Maroszan font partie des trois nommées avec la brésilienne Marta pour son nouveau trophée : TheBest 2018. Là encore, d’autres candidates sur le territoire nord-américain auraient pu postuler.

Ces récompenses .. quand on se rappelle de celle de Deyna Castellanos l’an dernier (Vénézuela) dans le trio final, inconnue des joueuses professionnelles américaines, puisque joueuse universitaire ! Jetant le discrédit sur le football féminin et le cri de colère de Megan Rapinoe. Des fois, on sait que ce football féminin marche sur la tête.

Conscient la FIFA propose là des joueuses ayant un passé, un présent et un avenir. Au moins, cela redonne du sens.

William Commegrain lesfeminines.fr

Réactions d’Amandine Henry après France -Mexique, les mots maitrisés mais un sursaut d’émotion quand la question arrive : « Pernille Harder est une très bonne joueuse aussi. C’est normal d’être déçue. Quand on est nominée, qu’on a tout gagné avec le club. Forcément, par rapport aux garçons .. Ils ont élu l’un des joueurs qui a gagné la Ligue des Champions (Real Madrid), finaliste de la Coupe du Monde (Croatie) …

Après je ne m’attarde plus là-dessus. J’attends de faire une très bonne performance avec mon club et la Coupe du Monde ensuite. Après .. »

Historique des récompenses. 

Saison Joueuse Club
2017-2018 Drapeau : Danemark Pernille Harder Drapeau : Allemagne VfL Wolfsbourg
2016-2017 Drapeau : Pays-Bas Lieke Martens Drapeau : Espagne FC Barcelone
2015-2016 Drapeau : Norvège Ada Hegerberg Drapeau : France Olympique Lyonnais
2014-2015 Drapeau : Allemagne Célia Šašić Drapeau : Allemagne 1. FFC Francfort
2013-2014 Drapeau : Allemagne Nadine Keßler Drapeau : Allemagne VfL Wolfsbourg
2012-2013 Drapeau : Allemagne Nadine Angerer Drapeau : Allemagne 1. FFC Francfort