La liste des 23 faite par Corinne Diacre mardi dernier lance le projet « Coupe du Monde 2019 » de la sélectionneuse française. Lors de la conférence de presse, nouveau procédé d’échanges avec les médias nationaux, la coach française a dévoilé l’origine de cette liste, soit la seconde partie du parcours de l’EDF A en 2018, ponctuée par 1 défaite (l’Angleterre 1-4), un nul face au numéro 1 mondial (USA 1-1), et trois victoires (Allemagne 3-0, Nigéria 8-0 et Canada 1-0).

Dans cette liste des 23, deux forfaits. Celui de Wendie Renard (Ol, 27 ans, 101 sélections) pour une légère blessure musculaire qui l’a empêchée de jouer le premier match de championnat et la gardienne du Paris FC, Karima Benameur (29 ans, 5 sélections), seconde dans l’ordre des gardiennes de l’EDF.

A la consulter de plus près, on découvre des noms avec peu de sélections. Pour autant, ce serait une erreur de les caractériser comme des Bleues, qualificatif que l’on donne aux nouveaux d’un groupe.

Annaïg Butel (PFC, défense centrale), déjà de l’aventure du Mondial 2015

Annaïg Butel (Paris FC, 26 ans, 9 sélections), dont les dernières convocations (septembre 2016 à janvier 2017) ont été dues à Olivier Echouafni (3 premières dates FIFA de son mandat) n’a eu qu’une seule titularisation et entrée en jeu contre l’Albanie à Charlety (20/09/2016) pendant cette période.

Pas facile de se faire une place pour la jeune joueuse longiligne qui utilise le maximum de ses capacités quand devant se trouvait Griedge MBock et Wendie Renard, et en second rideau, l’expérience de Laura Georges.

Pour autant, malgré ses neuf sélections, c’est loin d’être une « Bleue ». Philippe Bergerôo l’a appelée à toutes les convocations entre mai 2014 et Août 2015, faisant partie de l’aventure du Mondial au Canada, soit 23 matches ! Un très long bail durant lequel elle s’était désespérée à regarder l’EDF du banc (5 titularisations). Pas sollicitée pour les JO de Rio en 2016, peut-être en raison de ses performances ou tout simplement dû au fait que la liste est limitée à dix huit joueuses, ce qui en retire cinq parmi celles ayant participé au Mondial canadien.

En 2018, elle sera utilisée avec la France B, le réservoir des A, avec laquelle elle a gagné la Turkish Women’s Cup, opposée en finale contre l’adversaire de Samedi soir à Amiens, le Mexique, sur une victoire (2-1).

Comme joueuse, je l’avais découvert contre l’OL en 2012 pour un dernier match qui donnait à Juvisy l’opportunité de remporter le titre. La dernière fois où l’OL avait été bousculé dans cette série de 12 titres consécutif qui continue. Elle avait fait un match extraordinaire d’intensité dans le geste défensif. L’an dernier, je la revois, boudeuse et énervée, dans les nombreuses défaites du Paris FC. Enfin, plus jeune, dans le cadre de sa reconversion auquelle je participais, elle n’avait eu qu’un mot à la bouche, l’EDF et les sélections.

Cette fille, limitée par sa taille et son poids certes, a un « moteur de gagne » en Elle. Peut-être l’héritage de son père, ex-boxeur, à la voix de stentor qui résonne à Bondoufle ?

Laetitia Philippe, 27 ans, Rodez, gardienne, appelée en Equipe de France en 2009 !

La nouvelle gardienne de Rodez qui a été celle de Montpellier (depuis 2007) aux 4 sélections en A est loin d’être une « Bleue ». 

Sa première sélection en A remonte au 21 Novembre 2009 ! Agée de 18 ans, elle garde les cages de l’EDF A contre la Serbie pour une victoire (0-2). D’ailleurs, son parcours en Bleue n’est fait qu’une d’une seule défaite en 2015 contre les Pays-Bas à Jean Bouin, pour trois victoires.

Quatre sélections mais bien plus de 40 matches sur le banc en tant que deuxième ou troisième gardienne de l’EDF. Déjà au Mondial 2011 sous Bruno Bini, régulièrement appelée par Philippe Bergerôo, la jeune gardienne de 27 ans connaît très bien Clairefontaine et l’Equipe de France A.

Certainement une bonne carte à jouer pour elle en se rappelant aux bons souvenirs de Corinne Diacre, adjointe de Bruno Bini. D’autant qu’elle a le privilège d’avoir gagné l’Euro 2010 U19 en l’emportant sur l’Angleterre de Lucia Bronze, Isobel Christiansen, Jordan Noobs, Tony Duggan et Denis Stokes, toutes titulaires actuelles des Lionesses.

Charlotte Bilbault, 28 ans, Paris FC, milieu de terrain.

Formée à Montpellier (2010-2014), partie jouer à Soyaux, reprise par le Paris FC (Ex-Juvisy en 2015) après avoir fait partie des réservistes du Mondial 2015 de Philippe Bergerôo, elle est entrée rapidement dans l’EDF, forte d’un jeu en concurrence avec celui de Kheira Hamraoui (Fc Barcelone).

Sept sélections au compteur seulement, bloquée par des blessures qui ont enrayé une dynamique positive, la parisienne met la tête et le corps là ou d’autres les retireraient.

Sa dernière sélection remonte au dernier France-Canada (Avril 2018), dernière prestations des Bleues. Elle continue son apparition dans le groupe, selon le principe défini par Corinne Diacre : Prendre les filles qui ont joué la seconde partie de saison 2018 avec les Bleues.

Julie Debever, 30 ans, EA Guingamp, défense centrale.

Corinne Diacre a jeté un pavé dans la mare. Pour elle, les féminines manquent de concurrence en défense centrale. La défense centrale, deux mots très sensibles en Equipe de France … Julie Debever, après avoir été une première fois convoquée en avril 2018, revient logiquement pour ce retour des Bleues. Reconduction des joueuses de la fin de saison 2018, et certainement essai sur le terrain des capacités de la trentenaire bretonne.

D’autant que Wendie Renard est absente et qu’une place est à prendre avec la fin de carrière de Laura Georges. En espérant qu’Aissatou Tounkara ne soit pas oubliée, malgré son départ à l’Atlético de Madrid du Paris FC. Elle a quand même donné beaucoup à l’EDF face à l’Allemagne à la ShebelievesCup 2018, en y laissant une blessure grave (tibia cassé) qui l’a éloignée longtemps des terrains.

Julie Debever serait plus une « Bleue ». Qualificatif surprenant pour une joueuse de 30 ans ou élixir de jeunesse quand on l’entend à cet âge ?

Sandie Toletti, 23 ans, Montpellier Hsc, milieu de terrain.

13 sélections en A et une seule convocation sous l’ère de Corinne Diacre. Pour France-Chili (1-0) et son premier match. Puis après, une longue sortie des radars.

Une joueuse qui a commencé son bail avec l’EDF à 18 ans, en 2013 face à la Pologne (6-0) et a participé dans la foulée, au record contre la Bulgarie (14-0). Des blessures qui enrayent une dynamique positive. Des rappels en 2016 (JO) et 2017 (Euro) qui la fait participer aux matches de qualifications, .. sans pour autant lui donner le ticket pour les compétitions.

Vainqueur de la SheBelievesCup en 2017, championne du Monde U17 en 2012, vainqueur de l’Euro U19 en 2013. Sandie Toletti, avec son accent du Sud, a déjà un beau palmarès pour très peu de sélections.

Rappelée après 11 mois de silence. Il faut espérer que cela ne soit pas pour rester sur le banc.

Kenza Dali, 27 ans, ex-Ol, Dijon, milieu de terrain offensif

Avec Aurélie Kaci, « En pleine bourre » au Paris Saint Germain sous la période Farid Benstiti. Dix neuf sélections. Kenza Dali s’est perdue en retournant auprès de son club formateur, l’Olympique Lyonnais, pour essayer de jouer plus haut et plus fort.

Deux matches de D1F en tout. Il a fallu qu’elle retrouve Lille en Janvier 2018 (prêt) pour reprendre du temps de jeu et décider de montrer son talent à Dijon, club montant en D1F.

Cette joueuse avait une qualité incroyable au PSG. Excentrée dans la surface, elle était la seule à pouvoir mettre un but en angle, de son pied droit, ras de terre. Un geste rare dans le football féminin qui marque souvent face au cage.

Kenza Dali est loin d’être une Bleue. Elle sera certainement titulaire dans cette rencontre. Dans le groupe du Mondial en 2015, des JO en 2016, elle a arrêté sa carrière en Bleue, comme Annaïg Butel contre l’Albanie, blessée à la 16′. Elle a une carte importante à jouer.

Eve Perisset, 23 ans, PSG, arrière latérale. 

Avant Echouafni, elle n’existait pas en Bleue. 11 sélections dont neuf acquises avec Olivier Echouafni, preneur de cette réserviste de l’Ol qui flambait sur le côté droit pour sa première année avec le PSG, recrutée par Patrice Lair qui venait d’arriver. Tout semblait aller dans le rose ou plutôt dans le bleu sauf qu’elle n’entrait pas dans les plans de Corinne Diacre visiblement.

Convoquée sur des blessures dans les stages, elle regarde l’EDF jouer sans elle. Il faudra attendre la ShebelievesCup pour qu’elle entre sur le terrain. Malheureusement sur une défaite (4-1) contre l’Angleterre qui fera chercher des responsables !

La sanction tombera et elle s’arrêtera face au Nigéria où elle entrera en cours de jeu (67′). Dans le groupe, plus souvent sur le banc, elle n’est plus une « Bleue » mais pour autant ne connaît pas assez les frissons de la titularisation. Une fois avec la sélectionneuse française sur sept rencontres postulées.

Voilà un coup de projecteur sur certaines des 23 de l’EDF. A la recherche de temps de jeu dans un sport où les titulaires « crocodilisent » .. les titularisations.

La rotation, dans les équipes féminines, est rare.

William Commegrain lesfeminines.fr