Pourquoi ce n’est pas si facile de faire avancer le foot féminin en tant que Président d’un club professionnel masculin.

Il faut mettre le championnat de France en 1er ligne. On ne parle que de l’EDF et pas des clubs. Cela a été une bonne stratégie mais maintenant il faut passer aux clubs.

On a eu une grosse vitrine, c’est l’Equipe de France. C’est un peu la loco qui tire le train. Maintenant, il faut essayer que cela soit les clubs qui tirent la loco du foot féminin. On a bien un ambassadeur qui est l’Olympique Lyonnais mais on en parle uniquement au moment de la Coupe d’Europe et au niveau des quarts de finale.

L’aspect financier est maintenant un frein dans le développement du football féminin ?

C’est un frein pour les clubs pros et même amateurs. Il y a bien une avancée médiatique mais financièrement, c’est que dalle. Au contraire, cela va coûter de l’argent. Pas pour nous, car on a du personnel et le stade, mais certains clubs amateurs vont devoir embaucher une ou deux personnes.

Canal Plus m’a demandé la Mosson. J’ai répondu que cela serait au centre d’entraînement. Ensuite, ils viennent filmer ou non, mais il est impossible de faire économiquement la Mosson pour du foot féminin. On ne peut pas faire n’importe quoi.

Il faut que le Fédération nous donne plus d’argent ou alors passer le football féminin du côté de la Lpf. Pour l’instant, c’est à perte pour l’Ol, le PSG et nous. Sur la masse, cela passe mais il n’en faut pas plus pour nous. 

Est-ce que la solution financière n’est pas de partager les droits TV comme les anglais ?

Tous les clubs professionnels (40 et plus) n’ont pas une section féminine. On ne peut pas leur enlever des sous nécessaires quand ils n’en ont pas. Il y avait une obligation. Certains l’ont fait, d’autres pas.

Il y a l’Europe et la notoriété ?

Quand tu n’as pas d’argent, c’est compliqué. L’UEFA, rien que pour notre premier tour en Russie, avec le déplacement, on a perdu de l’argent. On veut mettre le football féminin en avant, mais on ne peut pas nous demander de les faire progresser sans donner de l’argent. On me parle de l’égalité des salaires, mais avec quel argent ?

Tant qu’il n’y aura pas le retour à côté, je ne vais pas mettre 20.000 € par mois sur une joueuse. S’il y a une retombée financière importante demain, alors on peut faire des efforts.

Et les partenaires ?

C’est déjà compliqué de trouver pour les garçons. D’autant que les sponsors que nous avons c’est les garçons qu’ils veulent. Tu essayes d’inviter, de faire des trucs, mais c’est vrai que tu as peu d’affiches sans être péjoratif.

Alors il y en a qui mettent. Mais au niveau d’un petit stade comme l’affiche le propose et le public qui suit.

Pour nous, culturellement dans notre région, c’est les garçons et c’est comme cela.

D’autant que la plus value sur les transferts n’existent pas ?

On a fait un transfert. Marie-Laure Delie en 2012 au Paris Saint Germain. Pour nous c’est simple pour fixer le prix. Le montant des salaires contractuellement encore à payer.

Le football féminin, tout le monde en parle mais personne ne veut mettre d’argent ?

On n’a pas de retombées médiatiques. L’Equipe, qui est la bible, va faire une demi page sur le Volley, sur le basket féminin mais au football, on a droit à la feuille de match. Un peu en Coupe d’Europe, sinon, tu as un encart.

Pour que le football féminin soit plus mis en valeur, il y a Canal + et on verra ce que cela va donner. Si le Canal football Club parle des filles, alors la presse écrite va peut être plus en parler.

Est-ce que cela ne sera pas une médiatisation excessive par rapport au contenu ?

Je ne sais pas. On va voir ce que cela va faire. Après, on n’est jamais trop médiatisé. Maintenant, il faut du beau spectacle, du contenu et des bons clubs. Après voir comment cela va être mis en place et comment cela va être suivi ?

Il est vrai que sur la durée, est-ce que les gens vont accepter que cela soit juste l’OL qui gagne les matches et qu’au début de saison, on sache déjà qui est celui qui gagne ? Ce n’est pas très sexe quand tu sais avant de regarder le film qui va mourir et qu’effectivement, elle meure. On peut laisser tomber et ne pas regarder.

Mais, même si cela existe depuis beaucoup d’années, au niveau médiatique, c’est nouveau et neuf. Il faut profiter de la Coupe du Monde, de la médiatisation du championnat pour faire connaître le football féminin

William Commegrain lesfeminines.fr