17 ans. Du rêve plein la tête. A cet âge où le temps n’existe pas, poussé par les émotions de la vie. Une vie où chaque instant engendre une émotion, puis une autre et encore une autre. Surtout quand on est sportive de haut niveau. Apprentie ou plutôt débutante, même avec ses vingt cinq sélections cumulées de U16 à U20.

Amélie Delabre, potentiellement collée au banc dès lors que vous avez comme concurrente directe la seconde buteuse du championnat de France de D1F, Marie Antoinette Katoto, évoluant depuis deux saisons au plus haut sous les couleurs du Paris Saint Germain. Décisive pour ses couleurs parisiennes lors de la dernière finale de Coupe de France, remportée 1-0, but de Katoto. La jeune parisienne de 19 ans obtenant le titre de meilleure jeune 2018, en attendant d’autres qui ne pourront que s’annoncer.

Pourtant cette jeune joueuse de 17 ans, appelée à jouer avec le FC Metz et découvrir la D1F après avoir évolué à Saint-Etienne (D2F) va faire exploser sa joie et envie de jouer lors du 3e match décisif pour les Bleuettes face aux Pays-bas, nation qui pointe son nez pour entrer dans une manita européenne faite de la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Angleterre et les Pays-Bas.

Un triplé inattendu, d’autant plus fort qu’il a été constitué de trois buts, tous différents mais tous maitrisés. Une plat du pied croisé, un pénalty et enfin une tête pulvérisé sous la barre de la capitaine des Oranjes. 

Une présence physique « innée, c’est dans ma nature » répondra-t-elle posément, samedi en fin de matinée. Cette qualité de base n’aurait pas suffi pour en faire une nature. Voilà une joueuse qui possède un jeu défensif de récupération porté vers l’avant Autre chose que la simple avant-centre d’appui qui remet derrière. Elle descend récupérer un ballon et à la manière des meilleurs joueurs repart dans une construction verticale, renversant le jeu pour faire mal à l’adversaire.

Un jeu construit par le football féminin qui forme les joueuses au football et pas à un poste unique. « C’est exact, on change beaucoup quand on est jeune. C’est un plus. On voit d’autres façons de jouer avec d’autres actions à réaliser. cela apporte. » Et voilà la jeune Amélie qui descend d’un ou de deux crans pour reprendre un ballon dans les pieds et repartir, telle une dix, pour distribuer sur les côtés ou devant si l’opportunité d’un contre se dessine. Action que vous ne manquerez pas de la voir réaliser dans son temps de jeu. Quatre vingt dix minutes ou moins si la temps de la rotation, que Gilles Eyquem utilise comme management, le demande.

17 ans, et la certitude de ce qu’elle est. « C’est devenu un atout, car j’apporte en descendant ».

La certitude et la confiance. Le dilemme de tout sportif de haut niveau qui travaille pour réaliser une performance sans savoir réellement pour quelles raisons, elle peut se présenter ou de refuser.

D’où l’importance de la famille. Alors Amélie Delabre, un beau morceau de joueuse dans un environnement où les joueuses petites et fines sont souvent présentes, court et court encore vers un endroit de la balustrade pour fêter et partager l’incroyable : « Avoir un triplé dans un match où on entre et dans un Mondial, c’est sûr. Je ne sais pas si on peut rêver mieux ! ». 

Dans ce coin de la balustrade, c’est son frère qui est là. Parmi les 2500 spectateurs du match, la joueuse l’a identifié. Source de confiance et d’espoir. Les joueuses sont comme cela. Elles cherchent la famille du regard. La famille « pas du tout une famille spécialement de footeux, à part mon frère. » La famille essentielle, à cet âge et encore plus quand on doit réaliser une performance. « Pour moi, c’est le plus important. Pour un sportif, il yba toujours des moments où cela ne va pas. La famille, ce sont les seules personnes qui sont toujours avec nous. Elle ne nous tourne jamais le dos. Nous supporte tout le temps. C’est très important pour moi. »

La jeune joueuse, buteuse de l’Equipe de France avec quatre buts dont deux pénalties qu’elle tire toujours en puissance a deux belles émotions qui l’attendent devant elle.

D’abord, porter ce maillot frappé du coq. Pour une qualification en finale du Mondial U20 et une course à un titre. « On ne s’habitue jamais à ce maillot. C’est toujours autant de plaisirs et de fierté, un honneur ». Ne reprenant même pas l’idée proposée à demi-mot d’aider l’Equipe de France A à y porter une étoile en juin 2019, pour ne pas trop s’éloigner de la seconde, nouvellement acquise par la bande à Deschamps.

Elle est bien plus disserte sur son devenir immédiat. Mon ambition pour la saison prochaine ? « Collectivement, obtenir le maintien. Individuellement, avoir le plus de temps de jeu possible au FC Metz (montant en D1F) et découvrir un championnat que je ne connais pas. Essayer de prendre le plus rapidement possible mes marques et apporter au groupe pour le maintien. »

Voilà des objectifs carrés et pragmatiques. Amélie Delabre, une jeune joueuse qui a un physique puissant, présent et qui sait finaliser quand le jeu le propose mais aussi redescendre pour piquer le ballon qui fait mal à l’adversaire. D’où vient-elle ? En général, en football on regarde devant. Alors qu’elle, elle surgit de derrière pour repartir de plus belle.

Un jeu intéressant et nouveau.

Bonne chance à Amélie Delabre dans son parcours et grosse émotion à gérer pour les vingt et une bleuettes face à l’Espagne, dans une demi-finale qui pourrait faire mal.

« Faire mal à l’adversaire », voilà la maxime de Gilles Eyquem pour ses Bleuettes. Elle en a le profil.

William Commegrain lesfeminines.fr