Marie-Antoinette Katoto, 19 ans, née le 1er novembre jour de la fête de tous les saints ne sera pas loin d’être canonisée dans l’église du football féminin français et international quand elle prendra sa retraite sportive. Manchester City, pour argumenter de la valeur du Paris Saint Germain, écrit à tort, mais écrit que les Bleues anglaises vont affronter la redoutable Marie Antoinette Katoto à Portland et en Floride lors du tournoi de pré-saison.

C’est un signe quand les anglais commencent à vous craindre.

La grande joueuse écoute calmement les questions et répond posément. Un exercice de style qu’elle s’impose de maîtriser bien que l’on pressente qu’il suffit d’une émotion pour que le cœur et la passion s’emballent.

«Au fur et à mesure, on va entrer dans la compétition. C’est un grand plaisir et un honneur de jouer cette compétition. On se prépare bien ». Voilà la marseillaise des premiers mots de la capitaine des U20. Bien droite dans ses bottes. Face au pavillon Elite réservée aux féminines U20 dont on entend les éclats de voix, dus à une partie de ping pong endiablée ou un match de baby-foot à gagner.

Et puis la première question émotive. Marie-Antoinette, on s’était croisé en octobre 2016 à la sortie de ce même pavillon. Vous alliez dans le sens contraire des autres. En direction d’un van. Seule. Blessée. Laissant les autres aller en Papouasie Nouvelle Guinée sans vous.

La meilleure buteuse du PSG en D1F commence à bouger : « c’est vrai. Cela aurait du être mon deuxième mondial. J’en ai loupé une et je ne voudrais pas en louper une deuxième ! C’est important de jouer un mondial U20 dans ma vie. »

Cette joueuse que toutes les défenseurs de D1F redoutent, élue meilleure jeune joueuse de D1F commence à montrer son cœur de championne.

En 2016, vous avez soulevé la Coupe (Euro). Le mondial 2016 vous a échappé. L’Euro 2017 aussi. Quel souvenir avez-vous de cette dernière grande victoire en Bleue ? « C’était un très gros match. Un match compliqué face à une très grande équipe d’Espagne. Des conditions de folie. Orage, pluie. Deux heures d’attente. On a dû changer de tactique, l’Espagne aussi. On est restée très concentrée sur un terrain impraticable gorgé d’eau .. et qui d’ailleurs nous a été bien utile quelques fois ! On en reparle encore entre nous. Mon premier match de haut niveau de référence. »

Le premier de référence quand ses coéquipières n’en ont pas encore à se souvenir, plutôt à tout faire pour s’en créer un. Cela veut dire qu’il y en a eu d’autres. A 19 ans.

« la finale gagnée 2018 de la Coupe de France contre l’Olympique Lyonnais. C’était beaucoup plus fort. Dans les mêmes conditions à peu près mais face à une très grosse équipe. La meilleure du monde. La tâche était bien plus compliquée et on a gagné le titre ».

La championne est bien présente. Emotive et dynamique dans les matches à haut niveau face à des adversaires uniques. Les meilleurs.

C’est vous qui donnez le but vainqueur et le titre (1-0). Quelle sensation avez-vous retenue ? « Je me souviens des sourires et des joies. On était passé à côté de plusieurs finales quand même (finale coupe de France et women’s Champions League en 2017). Et là, malgré les faits de jeu (orage, pluie, arrêt du match), on est arrivé ! De la joie. Laure qui arrêtait. Sabrina l’an dernier, cela remettait les compteurs pour ces filles. On travaille maintenant pour qu’il y en ait beaucoup d’autres ! ».

Voilà une joueuse forte individuellement qui trouve son bonheur dans la joie collective qu’elle apporte.

Seulement, elle sera attendue. Elle le sait « Je suis un peu attendue. Quand on est attaquante, on est plus regardée. Cela ne me met pas plus la pression que cela. L’équipe est un groupe. On joue à plusieurs. Il n’y a pas onze Marie sur le terrain et tant mieux. On est tous là pour le même objectif et on fera au mieux ».

Quand je lui rappelle la phrase de Pogba : « On va jober ! ». Elle me répond par l’affirmatif. C’est une bonne phrase : « Nous aussi on va Jober ! ».

William Commegrain lesfeminines.fr