La D1F était creusée en deux. Elle s’est fracturée en deux avec la saison 2017-2018. Une partie est européenne, l’autre est nationale.

Les deux stars françaises distancent un championnat français avec leurs ambitions européennes. 

D’un côté, l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain – même si cette saison a été plus discutée que les autres – avec une élite française installée depuis plusieurs saisons et les autres. Cinquième qualification européenne quasiment de rang pour le Paris Saint Germain et douzième titre d’affilée pour l’Olympique Lyonnais. Caracolant en tête du championnat avec 21 victoires et un seul match nul.

Un Paris Saint Germain qui a su faire le gros dos. Après une ouverture surprenante contre Soyaux (1-1) pour ensuite reprendre cette seconde place et arriver à la conserver malgré la défaite (3-0) à Montpellier en fin de saison. Laissant des espoirs au club de Jean-Louis Saez, vite douchés, dans l’impossibilité de réussir la même fin de championnat que la saison dernière, pour prendre et conserver la seconde place qualificative qui leur attribua l’Europe en 2017.

Un final avec une Coupe de France qui a bien illustré la domination des deux clubs français dans le football féminin hexagonal, donnant le titre à Paris (1-0). Une juste récompense après une courte défaite au Groupama Stadium (1-0) et un match nul au Camp des Loges (0-0) rappelant la vérité des deux finales 2017, remportées par l’OL face à son adversaire parisien, aux tirs au but (1-1 et 0-0).

Le Paris Fc montre les limites du talent des anciennes U20.

Derrière Montpellier Hsc reste au contact (- 3 pts du PSG), sans inquiéter les deux leaders français. Normalement accompagné par le Paris FC, qui là s’est trouvé décroché très rapidement après que Gaetane Thiney, sa leadeur de jeu, ait arrêté de marquer. 9 buts jusqu’au 4 novembre 2017 la plaçant seconde au classement des buteuses, pour finir par onze en juin 2018. Les parisiennes, constituées souvent des jeunes pousses françaises, fortes en U20, ne trouvant pas l’essence au niveau de la D1F pour remporter leurs rencontres pendant toute cette période.

Une descente parisienne (-23 points par rapport au troisième), de neuf matches sans victoire commencée en 2018, qui a fait le bonheur sportif des aficionados du championnat et le malheur des clubs de la ligne rouge, ne voyant pas leurs adversaires subir le zéro d’un match habituellement perdu pour prendre le petit point du match nul, récupéré pas les uns et les autres (Guingamp, Rodez, Lille, Bordeaux, Soyaux, Fleury), lissant les défaillances potentielles, pour que la saison se termine avec les deux tiers du championnat en quatre points à deux journées de la fin.

Et un classement final avec quatre équipes à vingt deux points quand le club envoyé en D2F, Albi Asptt, terminait sa saison à 20 points, sans jamais avoir été relégable tout au long de son parcours !

Vingt six matches nuls pour 2017-2018, le plus gros chiffre depuis au moins vingt ans.

Un championnat dans le bas du classement qui s’est donc joué sur un souffle, avec une détermination incroyable au niveau de l’enjeu. Cinq autres équipes pouvaient accompagner l’Olympique de Marseille dans les deux dernières journées.

Un enjeu bien compris par les joueuses puisque les quatre dernières journées (19, 20, 21, 22) ont comptabilisé douze résultats nuls à la mi-temps (0-0) sur ces vingt-quatre matches, avec même une avant-dernière journée qui s’est terminée à six buts ! On est loin de la réputation du football féminin.

Les équipes (Rodez, Fleury, Guingamp, Lille, Albi) défendant leurs espoirs comme jamais et ne craquant que sur des détails dans le second acte, pour voir se terminer onze matches sur le score serré de (1-0) sur ces vingt quatre dernières rencontres.

Les surprises de Bordeaux et de Soyaux. 

Une angoisse que  n’ont pas subi les Girondins de Bordeaux pour leur seconde saison dans l’élite. Après une première saison à la limite de l’échec et un maintien qui s’est joué à la dernière journée sur un match nul inattendu au PSG (2-2), Jérôme Dauba a installé un groupe qui a toujours bien joué contre l’Olympique Lyonnais, sans craquer pour tenir la cinquième place pendant un bon tiers de la saison. Le seul reproche à lui faire ? N’avoir jamais pu passer le Paris Fc, juste devant à un point. Au ralenti pendant au moins cinq matches.

Soyaux de son côté, a réussi sa greffe en privilégiant le football à l’environnement professionnel. Le chirurgien Sébastien Joseph, parti de Rodez – encore disposé à suivre sa vision d’antan et qui annonce la modifier pour la saison à venir avec le même budget cependant – a eu l’intelligence de prendre le maximum de points sur les sept premières journées (3V, 3N, 1D) ne subissant sa première contre-performance qu’à la huitième, face à Guingamp. Un laps de temps qui a permis de se constituer un matelas arithmétique et psychologique qui ne le mettra pas en danger pour le reste de la saison, pour la terminer à la 5e place. Devant les autres.

Une belle performance pour ce club exclusivement féminin aux cinquante ans d’existence, autonome, quand tous les autres sont affiliés à un club masculin professionnel ou semi-professionnel.

Un mercato d’hiver qui a assuré le maintien à beaucoup de clubs.

D’autant que la plupart des clubs candidats au maintien se sont renforcés, sauf Albi et l’OM. Au final les deux à descendre en D2F. Bordeaux prendra la joueuse de l’Olympique Lyonnais en manque de temps de jeu chez le quintuple vainqueur de la Coupe d’Europe comme Emmelyne Laurent et touchera Lindsey Thomas de Montpellier. Claire Lavogez (Ol) ira à Fleury 91 qui fera signer Marine Haupais (Montpellier) quand Kenza Dali (OL) montera dans le Nord à Lille.

On peut voir que les quatre clubs qui n’ont pas recruté en hiver sont les quatre derniers du championnat (Rodez, Guingamp, Albi et l’Olympique de Marseille).

L’Euro féminin illustre la force d’un groupe pour le maintien

Une saison qui a été « un copié-collé » de l’Euro féminin 2017 où les matches fermés ont permis à l’Autriche, la Suisse, habituées au Top 20 mondial, de poser des problèmes sérieux à celles du Top 5. On ne manquera pas de relever que le championnat européen avait donné Les Pays-Bas (vainqueur et 12è FIFA) et le Danemark (15è FIFA), finalistes de l’Euro sur un continent où on trouve quatre autres équipes faisant partie du Top dix mondial (Allemagne, France, Angleterre, Suède).

La saison 2018-2019 ?

Les stats de footofeminin montre que le nombre de matches nuls se réduit avec une Coupe du Monde. Dix sept en 2011. Quatorze en 2015.

Se joue le Mondial masculin 2018 en Russie. Nul doute que les équipes féminines y trouveront matière à réflexion. On aura une première idée de ce que sera la saison 2019, préparatoire au mondial féminin organisé en France (7 juin-7 juillet), après la finale du Mondial, le 15 Juillet au soir.

William Commegrain lesfeminines.fr