Bonjour Patrice. Comment cela s’est passé pour les Chamois Niortais en Ligue 2 ? 

Patrice Lair : Il y a deux ans, ils m’avaient déjà contacté. On avait discuté avec Karim Fradin (Président du Directoire des Chamois et principal actionnaire), cela ne s’était pas fait mais on était resté toujours en contact. Ils m’ont contacté mi-mars (limogeage de Denis Renaud et constitution d’un triumvirat interne). On a discuté, je me suis déplacé et j’ai donné mon accord de principe. Tant que je n’avais pas validé notre place en Ligue des Champions, je ne voulais pas que cela se sache.

Lesfeminines.fr Les joueuses l’ont appris au dernier moment ?

Patrice Lair : Elles l’ont appris car il y a eu une fuite juste avant le match de Soyaux. Le midi, j’ai prévenu les joueuses en leur disant que j’allais quitter le club et que j’allais relever un challenge masculin. Mais déjà dans la saison, j’avais eu des contacts qui étaient passés dans la presse. L’année dernière, le Red star m’avait proposé un challenge juste avant la Ligue des Champions puis Nancy (Ligue 2),  il y avait eu quelques possibilités cet hiver.

Mais je voulais partir proprement avec cette Ligue des Champions qui pour moi était le plus important.

Lesfeminines.fr Cet arrêt médical qui fait que tu ne seras pas sur le banc est surprenant ! Doit-on comprendre autre chose ? 

Patrice Lair : La fatigue. Je me suis fait opérer au mois de décembre. Je n’avais pas été là pour le match contre Rodez. On m’avait conseillé de me reposer. Je ne suis pas quelqu’un qui lâche. J’ai continué, continué, et là je suis très fatigué. Je suis allé voir mon chirurgien qui m’a conseillé de me reposer. Là c’était compliqué, je ne voudrais pas exploser surtout que je reprends l’entraînement dans trois semaines. On reprend le 18 Juin à Niort.

Lesféminines.fr ce ne sont pas de mauvaises relations avec le PSG ?

Patrice Lair : Non. Aujourd’hui, avec Bruno Cheyrou ce n’est pas l’amour fou. Chacun a ses idées et je les respecte. Je ne changerais pas pour autant de lignes directrices même si je pense qu’avec les années, j’ai essayé de m’adapter un peu plus.

Ce qui m’est reproché au PSG, c’est que je ne me gène pas pour passer au-dessus et envoyer des messages pour que l’on se renforce. On a quand même amélioré beaucoup de choses à Bougival. Elles ont une voiture, il y a une diététique. Je me suis battu pour cela. Mais la chose principale c’est le potentiel joueuse. Il ne le font pas pour les filles et c’est très frustrant car il y a l’argent. En arrivant à Paris, on m’a dit qu’on allait prendre de grandes joueuses. Amandine Henry, on ne la prend pas. Samantha Kerr, Tabita Chawinga (Malienne de 22 ans qui joue en Suède), Press, .. Pour Morgan c’était moi qui avait mis un coup d’intox.

C’est dommage, car il n’a pas manqué grand chose. On a pris Endler. Si je l’avais eu l’année dernière, je pense qu’on aurait été champion d’Europe.Même si je défends beaucoup, je m’adapte aussi mais je ne suis pas un magicien. Je ne peux pas transformer certaines choses du jour au lendemain.

Cette année, on a un collectif intéressant même si on me dit que je joue mal. J’ai quand même été chercher la deuxième place sur une équipe contre Montpellier qui est une très bonne équipe.

Non, j’ai fait le maximum. Je ne pouvais pas faire plus. Pour faire plus, il fallait l’arrivée de cadres supérieures. Faire comme Lyon. C’est ce qui nous a manqué l’an dernier pour gagner la Coupe d’Europe. L’objectif aujourd’hui est rempli et j’espère que mes adjoints et le groupe vont créer la surprise sur l’équipe de Lyon.

Lesféminines.fr On a le sentiment que le projet a pris un retrait par rapport au projet initial (2012) d’aller titiller Lyon ? 

Patrice Lair : Je ne pense pas que ce soit une volonté du club, les féminines. Cela me change complètement de Lyon avec Mr Aulas, avec son équipe qu’il suit sans arrêt, à qui il donne des moyens énormes et qui a la volonté de régner sur l’Europe avec cette équipe féminine. Peut-être un jour ? Je le souhaite.

Aujourd’hui je ne le pense pas. Leur premier objectif est de la gagner avec les garçons alors que je pense que c’est plus facile de la gagner avec les filles.

A un moment donné, il faut du talent pour faire la différence. On l’a encore vu avec le Réal de Madrid l’autre soir. Ce qui fait la différence, c’est le talent. Quand Wolfsburg marque (0-1 à la 93′ en finale 2018 de la WCL), il a fallu une envolée d’Amandine Henry pour égaliser (1-1, 98′). Ce sont des grandes joueuses.

C’est frustrant mais je garderais un bon souvenir du PSG et d’un autre côté, cela m’a permis de travailler d’une autre façon. De faire confiance à certaines jeunes qui sont maintenant en Equipe de France ou de donner sa chance à des joueuses comme Eve Perisset et Aminata Diallo qui aujourd’hui le sont, et qui n’avaient pas nécessairement cet avenir là avant qu’elles n’arrivent à Paris.

J’ai eu la chance d’avoir Cristiane dont tout le monde disait que je n’allais pas m’entendre avec, et qui a été exceptionnelle. Erika qui est une super joueuse et Formiga qui m’impressionne tous les jours. Il y a des filles qui m’ont beaucoup apporté.

Lesfeminines.fr Et cette Coupe de France 2018 ? 

Patrice Lair : La Coupe de France, c’est la cerise sur la gâteau. Mais attention, Lyon c’est du sérieux. Il y a des filles qui arrêtent, elles vont vouloir gagner pour Elodie, Corinne et Camille. Cela ne va pas être facile. Il va falloir faire un grand match. Mais les filles sont capables de le faire. Marie-Antoinette Katoto peut faire quelque chose. Kadi, j’ai su bien la prendre sans être violent avec. C’est une super fille. Marie Laure aussi. J’espère qu’elles vont le prouver sur la finale de la Coupe de France.

Lesfeminines.fr On a le sentiment que le BEPF t’as transformé ?

Patrice Lair : Oui, car j’ai appris beaucoup de choses avec Gonfalone, Guy Lacombe. Ce sont des gens qui m’ont félicité pour ma progression à Niort. Ils m’ont apporté une sérénité et m’ont conseillé de penser un peu plus à moi. La santé, je la passe avant et cela je ne l’aurais pas fait auparavant. Ils m’ont toujours dit : « Fais attention à toi ». A un moment donné , il faut faire des coupures. J’en ai besoin. Ce n’est pas parce que je ne suis pas là, que l’équipe va manquer de performance demain ou après-demain.

Lesféminines.fr Quel est le regard en arrière que tu jettes sur le football féminin ?

Patrice Lair : Une grosse progression. Loulou Nicollin qui est venu me chercher et qui m’a donné ma chance. Je le remercie. Le Président Aulas qui est venu me chercher en Afrique, après le PSG. Avec les épopées à Montpellier, Lyon et le PSG je me suis fait une carte de visite et cette carte de visite me permet de retrouver le monde professionnel des garçons, surtout qu’il y a beaucoup de monde sur le marché chez les gars.

Je garde de bonnes relations avec JM Aulas et avec Laurent Nicollin qui maintenant, a pris la suite. Je reviendrais peut-être à un moment donné car ce football féminin m’a tout donné. Une renommée, des titres. Et s’il y a des clubs qui s’intéressent à moi, c’est parce que j’ai un palmarès que j’ai construit dans le football féminin.

J’arrive à Niort. Ils sont en DH au niveau des féminines. C’est Fabrice Poullain (ex-PSG, Nantes) qui s’en occupe. On va tout faire pour faire grimper tout cela et à un moment, j’espère qu’il y aura une équipe de D1F aux Chamois Niortais en féminine. Je vais continuer à me battre pour le football féminin. Je ne laisserais personne parler en mal du football féminin chez les gars.  Je ne le quitte pas complètement et j’ai de la reconnaissance envers le football féminin.

Aujourd’hui, je dis merci au football féminin.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • . 16 juin 1961 à Saint Brieuc,
  • . 2004-2005 Villeneuve Saint Germain
  • . 2005-2007 Montpellier Hsc (Féminines, 2 Coupes de France)
  • . 2009 Espoirs de Savolou
  • . 2010 Rwanda U17
  • . 2010-2014 Olympique Lyonnais (Féminines, 2 Coupes d’Europe, 4 titres de champions, 3 Coupes de France)
  • . 2016-2018 Paris Saint Germain (Féminines, 1 finale Européenne, 1 finale Coupe de France)
  • . 2018 Chamois Niortais (Ligue 2)