Dans un match où il y a eu juste un souffle d’air entre les crampons des lyonnaises, toujours en avance d’une intention et ceux des parisiennes, jamais distancées, comme collées pendant les 95′ minutes de la rencontre, le résultat final (0-0) a été perçue des deux côtés comme une marque de confiance pour la suite de leur parcours. Reynald Pedros, qui a réussi en une année à construire des circuits offensifs « nantais » dans les vingt cinq mètres adverses, n’y voyait qu’un manque d’efficacité à réguler : « Aujourd’hui, si on est réaliste on gagne ce match haut la main «  quand Patrice Lair, pour le PSG, avait déjà dans l’esprit « en étant conquérant et intelligent, on va pouvoir mettre en place quelque chose qui va nous permettre de ramener un trophée pour Paris cette année », en pensant à la finale de la Coupe de France contre l’OL, en fin de saison (31 mai). Une épreuve nationale, chez les féminines, sans prolongation.

Un match de championnat joué dans un esprit coupe. 

La Coupe dont le maître mot est couperet. Les lyonnaises étaient venues pour couper la tête des parisiennes et elles ont produit une telle différence athlétique qu’on ne comprend pas comment le score a pu en rester vierge, si ce n’est la prestation 100% sécurité de Christiane Endler, la gardienne parisienne qui a justifié de sa place de numéro 1 acquise dans la saison. Les quarante cinq premières minutes ont le goût de la finale entre le « PSG -Les Herbiers » masculin avec deux percées parisiennes à domicile dont un corner (3′) contre quatre vingt duels gagnés par l’Olympique Lyonnais.

On ne peut mieux ni plus être boxé dans les cordes d’un terrain qui se transforme au rythme du match en ring. Avec l’intensité et l’impact qui va avec. La jeune Bacha (17 ans), latérale au mental d’acier, envoie une praline contre Eve Perisset qui fait faire un demi-soleil à la jeune internationale française, sous les yeux de Corinne Diacre, juste pour un ballon que les deux voulaient. Le bruit des deux impacts est celui d’un tir de missile, sous les yeux et les oreilles d’une tribune pleine.

Ada Hegerberg, suivie par un groupe de fans norvégien, fait un vrai match d’avant-centre. Une petite chatouille-gratouille avec Aminata Diallo, histoire de parler le même langage, un tir du gauche cadré (7′), une tête qui voit s’échapper la balle sur un coup franc de Marozsan (12′), un soutien et appui sur une percée d’Amandine Henry qui enrhume Formiga sur un double appui pour un hors jeu d’Amel Majri (16′), un nouveau tir qui prend le dessus sur Grace Geyoro (25′) sans prendre les filets … la meilleure buteuse du championnat est là et bien là. Sauf qu’elle ne marque pas.

Patrice Lair reconstruit le mur de Berlin, idéal comme entraînement pour l’OL face à Wolfsburg

En face, il y a Formiga (40 ans) dont Éric Rabésandratana, venu pour la seconde fois au football féminin, dira d’elle à la mi-temps : « impressionnant ce que fait cette joueuse ». La brésilienne a tellement joué de matches que celui-ci le lui fait pas bouger les sourcils d’un iota. Cette force à encaisser les vagues lyonnaises est communicative à toute la défense parisienne (Perisset, Erika, Geyoro, Paredes, Baltimore), dans un mur à cinq ou Grace Geyoro, milieu est venue s’infiltrer au centre. Et quand vous notez que Diallo était alignée à droite au lieu et place de Diani, vous comprenez que Patrice Lair s’est transformé en maçon et a remonté le mur de Berlin.

Le premier acte est donc totalement lyonnais sur le plan offensif et totalement parisien sur le plan défensif. Chacun rentre dans les vestiaires animé d’une vérité : l’exploit n’est pas loin. Irène Parédes, concentrée comme jamais, faisant un signe déterminé à l’attaché de presse parisien pour la laisser totalement dans sa concentration. Ce sera une autre qui se mettra au micro des TV.

Une seconde mi-temps où le PSG met son impact 

Baltimore (18 ans), sur le côté gauche, laissera son coeur sur le terrain. A l’image des arrières latérales françaises, petites de taille, mais avec des jambes de feu et sous les yeux de Laure Boulleau, laissée au repos et excitée comme jamais « prête face à Soyaux et surtout le 31 mai contre l’OL » par ce match au coeur parisien, la jeune professionnelle va pousser du côté de la défense lyonnaise et réussir l’exploit de bloquer l’extra-terrestre Lucy Bronze, la référence mondiale à droite. Une seule fois, l’internationale anglaise réussira un sombrero (78′) sur la jeune française qui finira par un centre pour Ada Hegerberg, visiblement émoussée par le travail réalisé, pour un geste précipité, qui finira hors cadre.

L’influence incroyable de Camille Abily, entrée à la 65′.

L’anglaise est montée d’un cran, elle pousse les actions de contre et donne du jus au jeu lyonnais compensant une Saki Kumagai, trop timide dans ce match très physique. Majri descend d’un cran lorsque Camille Abily (65′), patronne du jeu lyonnais, entre en jeu pour sa dernière saison dans le milieu du football féminin. En l’espace d’une minute, l’ex-internationale française (185 sélections) touche six ballons ! Chaque lyonnaise instinctivement la cherche et la trouve, toujours disponible dans le jeu court de passes pour lancer ensuite un décalage.

Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir son influence. Cinq minutes plus tard, Ada Hegerberg bénéficie d’un pénalty logique sur sa percée face à Grace Geyoro. Dzsenifer Marozsan, meilleure joueuse de la D1F, pose le ballon sur le point fatidique et enrhume son tir qui finira dans les bras d’une Endler qui n’en demandait pas tant. Incroyable, lorsque qu’on sait que cette joueuse dépose tous les coups de pied arrêtés là où elle veut, un sniper du football féminin (70′).

Une seconde mi-temps lyonnaise qui montrera une fatigue mentale du côté des fenottes, préjudiciable à l’impact qu’elles ont continué d’exercer sur la rencontre. Il faudra la jeunesse de Delphine Cascarino (81′) pour envoyer des mines de centres qui donneront une nouvelle saveur au jeu lyonnais, à deux doigts de voir Camille Abily les finir (85′, 92′) notamment sur une superbe transversale de Wendie Renard, déposée de la tête par Dzsenifer Marozsan sur celle de Camille Abily, trop courte pour la jouer avec la puissance nécessaire au but.

Paris a du coeur et il lui reste des forces.

Les parisiennes, survivantes d’un orage lyonnais, montre qu’elles ont encore des forces. Sandy Baltimore se joue de son pied gauche pour enrhumer la force défensive droite de Lyon. Marie-Antoinette Katoto réussie à passer Griedge MBock pour un centre bien négocié par Marie Laure Delie que Jennifer Hermoso terminera cadré, avec un tir qui manquera néanmoins de convictions (67′). Kadidiatou Diani s’échappe sur la droite devant Griedge MBock et finit sur un centre qui fuse devant les buts lyonnais de Sarah Bouhaddi (85′) et Andrine Hegerberg colle un tir du gauche sur un deuxième ballon, qui aurait pu mieux finir cadré (85′).

Les dix dernières minutes seront celles de la tension. A (0-0) tout peut arriver et les deux équipes lutteront pour que rien n’arrive avec un avantage lyonnais, à la recherche des trois points quand les parisiens, étaient à domicile, pour s’armer d’une vérité. Elles peuvent amener l’OL aux tirs au but.

Paris évite l’obstacle lyonnais

Un point a été distribué à chacun. L’Ol est champion et le PSG a évité le zéro pointé qui aurait donné des possibilités à Montpellier pour cette seconde place européenne. Il suffira d’un point face à Soyaux pour être mathématiquement second du championnat alors que Montpellier doit espérer deux victoires et deux défaites parisiennes pour reprendre la seconde place.

L’Olympique Lyonnais a joué trop fort pour ne pas s’interroger sur le fait de ne pas avoir marqué. En football féminin, dans un match de Coupe, le match nul est le pire des scénarii. Avant très rare, il est maintenant de plus en plus courant.

William Commegrain lesfeminines.fr

Vendredi 18 mai 2018
PSG – Lyon : 0-0, à Saint-Germain-en-Laye (Stade Georges Lefèvre) – 1440 spectateurs (guichets fermés)
Arbitre : Victoria Beyer
70′ : Penalty obtenu par Hegerberg pour une faute de Geyoro. Marozsan le frappe sur la gauche de Endler qui part du bon côté
Avertissements : Katoto 43′, Diallo 73′

PSG : Endler ; Périsset, Geyoro, Paredes, Baltimore ; Diallo (Hegerberg 83′), Erika, Formiga (cap.) ; Hermoso ; Delie, Katoto (Diani 78′)
Banc : Kiedrzynek, Dudek, Hegerberg, Diani, Kergal
OL : Bouhaddi ; Bronze, Mbock, Renard (cap.), Bacha (Abily 65′) ; Kumagai, Henry (Van de Sanden 82′) ; Le Sommer (Cascarino 82′), Marozsan, Majri ; Hegerberg.
Banc : Peyraud-Magnin, Van de Sanden, Cascarino, Buchanan, Abily