Claire Lavogez (23 ans) est une des pépites du football féminin français. Un jeu brésilien qui est capable d’aller chercher l’impossible, juste « par instinct », me dira-t-elle et non pas pour me faire applaudir des tribunes sur ce geste.

Dans un football féminin qui s’aseptise, fait de plus en plus de contrôles-passes, la joueuse, prêtée par l’OL en janvier 2018 au Fc Fleury, formée par Henin-Beaumont, qui a pris son envol à Montpellier de 2012 à 2015 (finale de Coupe de France en 2015), atterrie à Lyon pendant deux saisons avec quelques titres dans sa valise et où « Gérard Prêcheur me faisait confiance » (2015-2017), a la parole « claire » avant de retrouver les lyonnaises pour ce match en retard de ce mercredi 2 mai de la 19è journée.

Claire répond comme elle joue. En réfléchissant, puis ensuite des réponses rapides et positives. Un bon échange. Elle me fait penser à l’anglaise Fran Kirby qui a éblouie Chelsea et l’Equipe d’Angleterre.

Lesféminines.fr Claire Lavogez, quel est ce bilan avec le FC Fleury 91 ? 

Claire Lavogez. Je suis arrivée en Janvier et j’ai fait un très bon début de saison avec trois buts sur mes quatre premiers matches. Sur les sept matches joués, on a gagné sur un petit score face à Marseille à l’extérieur (0-1) et on a perdu à domicile contre Albi (0-1) tout en sachant, que placée à un poste qui n’est pas le mien (9), j’ai pu apporter ce qu’on m’a demandé à Fleury. La seconde partie de championnat étant toujours un peu compliquée avec un ou deux matches par mois.

Lesféminines.fr Les enjeux du club de l’Essonne ? 

Claire Lavogez. Ils sont clairs. On n’a pas pu grand chose contre le Paris Saint Germain (4-2) et cela risque d’être compliqué face à l’Olympique Lyonnais mais on va tout jouer contre Rodez, Guingamp et le Paris FC pour le maintien et cela va être passionnant.

Lesfeminines.fr Des regrets d’avoir quitté l’OL ? 

Claire Lavogez. Je ne peux pas avoir de regrets. Après ma blessure en Août qui m’a coûté trois mois, le nouveau coach Reynald Pedros et l’OL m’ont fait comprendre qu’il fallait que je sois prêtée. Cela n’a pas été facile sur le plan psychologique, notamment d’aller chez un promu. Mais ce que je souhaitais, c’était d’avoir du temps de jeu car pour moi, je ne peux pas m’imaginer rester sur un banc, même dans le meilleur club d’Europe ou du Monde. J’aime le football pour jouer et à 23 ans, cela ne m’intéresse pas de rester une saison à regarder les filles jouer du banc.

Avec Gérard Prêcheur, j’avais eu du temps de jeu (11 matches sur 22 en 2016, 15 sur 22 en 2018) avec des titularisations (3 la première année, sept la seconde) ce qui n’est pas simple avec un tel effectif pour 10 buts au total. Avec Reynald Pedros, je n’en aurais pas eu.

Le pénalty de Claire Lavogez pour une faute sur Diani. La joueuse explose de jouer après avoir exorcisé celui de la CM au Canada. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Le pénalty de Claire Lavogez pour une faute sur Diani. La joueuse explose de jouer après avoir exorcisé celui de la CM au Canada. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Lesfeminines.fr C’est un peu surprenant de ne pas avoir eu d’appel en A ? 

Claire Lavogez. C’est exact. j’ai fait des bons matches. Je me suis affirmée dans des matches importants face à Lille et Bordeaux à un poste de numéro 9 qui n’est pas le mien. J’avais fait ce choix pour retrouver du temps de jeu et essayer de revenir en Equipe de France A (35 sélections, 3 buts). J’aurais pensé pouvoir être appelée. Alors, bien sûr je suis déçue mais j’ai passé un super moment avec l’Equipe de France B, avec des joueuses très sympas et on a fait un excellent tournoi où j’ai pu produire mon jeu. Après, il me reste à travailler plus fort et voir ensuite.

Lesfeminines.fr Vous êtes en fin de contrat en Juin 2018. Vous avez des propositions ?

Claire Lavogez. Des propositions j’en ai et j’en ai eu. En janvier, notamment par Gérard Prêcheur pour son club chinois. Je comprends que Véro Boquete et  Shirley Cruz y soient allées, mais j’avais toujours en tête l’Equipe de France et la Coupe du Monde 2019 à la maison. Je vais réfléchir à deux fois avant de prendre ma décision et j’ai demandé à mon agent de ne pas m’en parler avant la fin de saison.

Quand j’ai quitté Montpellier, j’y suis allée un peu « au feeling ». Aujourd’hui, j’ai sept bonnes années à jouer et je veux les faire pour m’épanouir et en numéro dix qui est mon poste. J’aime servir une ou deux attaquantes devant moi, c’est là où j’utilise au mieux toutes mes capacités. Alors, pour ne pas aller trop loin dans ma réponse, je peux vous confirmer que les propositions actuelles sont en Europe et en France.

Lesfeminines.fr Je trouve que vous êtes trop pénalisé par votre style de jeu ? Le football féminin devient d’abord physique avec des scores serrés.

Claire Lavogez. J’ai un jeu d’instinct que très peu de filles ont. J’ai toujours joué et fait comme cela. Quand je fais un passement de jambes ou un retourné, je ne le prévois pas. C’est la situation et ma personnalité qui me le commande. Alors ce style peut plaire ou déplaire à un coach mais cela ne m’a pas empêché de le conserver tout en sachant le faire entrer dans le cadre structuré de l’Olympique Lyonnais de Gérard Prêcheur, ce qui est quand même une référence.

Lesfeminines.fr. Vous aimez aller vite dans vos décisions de jeu.

Claire Lavogez. Oui, je vais très vite, mais ce n’est pas de la précipitation. Je vois rapidement une situation car j’ai souvent joué avec les garçons. Donc je prends ma décision dans l’instant, d’instinct, tout simplement pour que ma copine ait de l’avance dans la suite du jeu. J’aime quand le jeu s’accélère car là, j’ai toutes mes sensations et je sais que je peux être déterminante dans une rencontre et apporter à l’équipe comme au groupe.

Lesfeminines.fr De plus, un tel jeu rend les scores plus serrés car les capacités athlétiques des joueuses sont identiques à part une Lucy Bronze. Cela pourrait devenir un football ennuyeux et surtout entraîner des défaites, sur un seul contre bien mené.

Claire Lavogez. C’est vrai. Les joueuses physiquement sont sur le même pied d’égalité et donc les différences doivent se faire techniquement aussi et pas seulement tactiquement. Lucy Bronze fait des tests impressionnants. Ils sont au niveau des Sportifs de haut niveau et non des sportives de haut niveau. C’est un cas exceptionnel. Elle pourrait même jouer chez les hommes.

Lesfeminines.fr Au final, que peut-on vous souhaiter pour le futur ?

Claire Lavogez. Une situation où je m’épanouisse. J’ai cette personnalité de jeu qui est intéressante et je vais aller vers des gens qui l’apprécie. Après, j’ai appris à laisser le temps au temps. Car pour moi, ma vérité est celle-ci, je la porte dans mon coeur : « je suis tout simplement amoureuse du football ! »

Merci Claire, cela a été un plaisir d’échanger avec vous.

William Commegrain lesfeminines.fr

Claire Lavogez :

  • Women’s Champions League 2016, 2017. Championnat de France 2016, 2017. Coupe de France 2016, 2017.
  • Equipe de France A 35 sélections, 3 buts. ShebelievesCup 2016, 2017. World Cup 2015, JO 2016, Euro 2017.
  • Jeunes : Equipe de France U20, bronze 2014. Soulier argent 2014. Championne d’Europe U10 2013. Vice championne d’Europe 2011 U17.

Mercredi 2 mai. 15h00- FC Fleury 91 – Olympique Lyonnais match en retard de la 19e J du championnat.