Ada Hegerberg, meilleure buteuse de la saison européenne (14 buts) 2018, oubliée par ses pairs de la D1F, habituées à ses exploits, laissera-t-elle ManCity lui prendre ce qu’elle semble appeler sur la photo : l’Europe pour Elle et l’Olympique Lyonnais ? Loin devant la danoise Pernille Harder à 6 buts (Wolfsburg) de distance, la jeune norvégienne qui a mis de côté son futur international avec son pays, appelle la Coupe d’Europe à Lyon.

Elle a toutes les cartes en mains pour finaliser le record de tentatives offensives de Lyon (160). Une tâche qui ne sera pas aisé d’autant que les clubs anglais arrivent en tête des statistiques de l’UEFA avec le nombre de fautes commises : Jill Scott (City) et Chapman (Chelsea) et un (0-0) gagné par les anglaises à Manchester, terre de Guardiola qui apprend l’espagnol aux anglais.

Mais, le proverbe le dit si bien : « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! »

Lyon, une équipe rodée.

Il y a tant de manières de jouer au football que les sportives pourraient être artistes. Deux à trois minutes à toucher cette balle pour en faire quelque chose. Au mieux une note, au sublime un but. Lyon est un orchestre de football, une équipe qui change rarement de titulaires. Elle a ses habitudes qui passent les saisons. En cette période de reconnaissance, qui leur en voudrait d’avoir cette médaille de la longévité ?

Un simple coup d’oeil sur les vainqueurs de l’édition 20152016 de la WCL contre le Vfl Wolfsburg (1-1), le démontre  : Bouhaddi – Bremer, Mbock, Renard, Majri – Henri, Kumagai, Abily, Necib-Cadamuro – Hegerberg, Le Sommer. Seules deux joueuses ont quitté cette équipe en 2018 … Et quand vous les remplacez par la canadienne Kadeisha Buchanan et la capitaine de la Mannschaft Dszenifer Maroszan, habituées à finir dans les meilleures mondiales, vous avez le onze de 2017 qui l’emporta (0-0) sur le Paris Saint Germain.

Et pourquoi pas celui du match retour de cette 1/2 finale de WCL contre les anglaises de City (0-0), dimanche 29 avril, au Groupama Stadium ? A 14h45 dit l’affiche (diffuseur Canal+).

Puisque les victoires se construisent aussi sur le « pitch », Manchester City devra savoir et comprendre qu’il n’y a pas que le Club de Lyon qui veut une carte de visite unique. Les Bouhaddi, Renard, Kumagai, Abily, Le Sommer présentes avec le premier titre, sont autant associées à cette possibilité ! Cinq titres européens dans une carrière de joueuse dont trois consécutifs. Cela ne se refuse pas.

Certains y verraient la fin d’un cycle ? 

Qui en voudrait aux marseillais de sourire à une défaite lyonnaise, eux qui rêvent de devenir locataire du parc Ol pour la finale de l’Europa League ? Alors, on pourrait même entendre les opposants régionaux stéphanois et ceux sportifs parisiens parler de la fin d’un cycle lyonnais. Sans amertume dans le football féminin, mais avec la simple réalité des chiffres.

Première finale en 2010, présente en finale à toutes les éditions sauf celles de 2014 et 2015. Sept finales, quatre titres. Un cycle qui s’est bien rallongé quand d’habitude on l’évalue à trois saisons chez les hommes, quatre pour les femmes.  Argument qui a son poids. Surtout si on s’appuie sur les deux dernières finales lyonnaises gagnées à chaque fois aux tirs aux buts (0-0) et (1-1) et une 1/2 finale 2017 perdue contre, justement City, au Parc OL la saison dernière (0-1). L’espoir anglais est d’autant plus justifié avec un (0-0) obtenu lors de la première manche, même si le contenu a été totalement pour le club du Rhône.

Sauf que ce qui est vrai pour club l’est moins pour les joueuses. Le groupe 2018 est en pleine construction d’un nouveau cycle européen, démarré en 2016 et pas avant. C’est une nouvelle histoire qui se propose aux joueuses, qu’elles ont commencé à construire ensemble en revenant d’Italie avec le titre européen en 2016, après une superbe finale gagnée certes aux tirs au but mais mérité, contre son meilleur challenger : le Vfl Wolfsburg (1-1)

Un nouveau cycle avec l’amertume qui convient pour les joueuses évoquées ci-dessus, Bouhaddi, Renard, Kumagai, Abily, Le Sommer, d’avoir vu le train européen passer en 2015 et 2016, éliminées avant les quarts de finale par le Turbine Potsdam (1-2) et le Paris Saint Germain (0-1) à domicile.

Des joueuses qui savent que l’OL peut perdre. Comme un spectacle manqué. Un RDV qui passe sans revenir. Et qui avec le temps, reviendra moins souvent et pour certaines, plus jamais. C’est maintenant, ensemble ou jamais.

Un nouveau groupe revanchard 2016-2018.

Alors voilà un orchestre qui doit jouer un nouveau spectacle pour son Histoire. Devant un stade acquit à leur cause en ayant le risque réel de l’élimination. Manchester City viendra pour cela. Et jouera son match pour le réussir.

Pour moi, l’OL ne doit pas être fait que de championnes. Il doit être fait de revanchardes qui savent que l’Ol peut perdre un match européen, sur un score serré, malgré son histoire gigantesque. Et qui ne voudront pas le revivre, comme Amel Majri, Amandine Henry et Ada Hegerberg en 2014 et 2015 face au Turbine Postdam et le Paris Saint Germain.

Les lyonnaises doivent imposer leurs forces sur les quatre vingt dix minutes de la partie, non pas « comme des garçons », mais « comme des filles », qu’elles sont. Tout simplement. Et montrer qu’elles ne sont pas en fin de cycle mais en train d’en construire un nouveau. Le leur et qui sera ensuite, celui de l’Histoire du club.

Manchester City (6 victoires, 1 nul) ne peut que croire en sa chance.

Les anglaises sont incroyables. Elle défendent leur but comme leurs aînées ont défendu l’Ile britannique pendant la seconde guerre mondiale. Peu importe les dégâts, elles restent debout. Attendant juste la fin du match pour voir le résultat. Pour les gagner, il faut énormément les respecter.

Elles jouent un football offensif avec la balle et un rugby défensif sans la balle. Incroyable !

L’UEFA est implacable donnant le record de fautes commises aux deux milieux anglaises de Manchester City, Jill Scott et Katie Chapman (Chelsea) donnant même à City la palme des fautes commises lors de la saison 2017-2018 (74 fautes, 6 jaunes) quand la confédération européenne n’en a enregistré que 62 pour l’OL (avec 3 jaunes).

Avec 55 corners offensifs pour City, le club anglais sait se poser dans ce fameux rectangle vert adverse. Elles y seront dimanche. Il ne faudra pas attendre un match sans sueur. Elles, construisent une équipe et une Histoire qui démarre, avec des armes offensives (20 buts dont Jane Ross et Nikita Parris à 4 buts) à faire valoir même si l’OL domine l’Europe dans ce domaine (72 corners, 33 buts et la place de leader d’Ada Hegerberg avec 14 buts).

Clean, correct, l’esprit anglais n’a aucune raison de laisser les habitudes françaises et lyonnaises perdurer.

La gardienne internationale Bardsley n’a concédé que 4 buts dans tout son parcours européen même si Sarah Bouhaddi n’a concédé qu’un but dans le parcours 2018.

La problématique est donc la suivante : City pourra-t-elle renouveler sa performance de l’aller ?

l’Ol peut-elle encaisser un but en n’ayant quasiment jamais encaissé de but (1) dans son parcours ? Et si oui, l’Ol est-elle alors capable de marquer deux buts à une équipe anglaise qui commet beaucoup de fautes et qui n’en a encaissé que quatre ?

Ecrit comme cela, on reste interrogatif. Ecrit en connaissant le football féminin, moins. Beaucoup moins.Marquer des buts et ne pas en encaisser est tout à fait normal jusqu’en quart de finale.

Les équipes sont faibles et peu homogènes ; il y a des joueuses qui sont installées dans des habitudes et manquent de concurrence comme d’injustices dans tous les pays ce qui les amènent à un confort. On ne compte plus les joueuses centenaire en sélections dans tous les pays comme certaines qui restent plus de dix ans dans des clubs.

Manchester City a montré des faiblesses au fil de son avancée dans la compétition. Les anglaises ont commencé à encaisser des buts contre le club norvégien de LSK dès les 1/8e de finale (1) et surtout trois face à celui de Linköping en quart. Quand le niveau se relève, elle a donc une défense perméable.

City a donc fait une performance à l’aller en réussissant un (0-0). La seule bonne question est donc : Sont-elles capable de la renouveler au retour au Groupama Stadium ?

Cela dépendra pour beaucoup de ce que veulent les joueuses de l’OL, avec leur expérience, leurs souvenirs, leur jeunesse. Dans le stade, il y a aura des gamines. Elles pleureront, auront de l’émotion ? De joie. Ou de tristesse. C’est l’enjeu de l’Olympique Lyonnais, savoir donner de l’émotion à son public pour devenir plus Grand. Plus fort. Cinq titres, trois de suite.

Être des « Rock stars ».

William Commegrain lesfeminines.fr

Wolfsburg recevra Chelsea pour la demi-finale retour en ayant gagné l’aller en Angleterre sur le score de (1-3).