Sur ce match dont le résultat (4-0) n’a surpris personne entre le 12e et dernier de la D1F actuellement soit l’OM, et le PSG, prétendant à la seconde place qu’elle possède depuis quatre saisons sur les cinq dernières, la surprise a plutôt été du côté du chant des supporters parisiens, les fameux « ultras » qui ont ulcéré Christophe Parra et enchanté Patrice Lair.

Les Ultras passant du chant qui donne la chair de poule à celui qui glace le sang. « Paris-S-G, tous ensemble on chantera, cet amour qu’on a pour toi, qui ne cessera jamais.. » pour entendre aussi, « L’OM, on t’enc…. », « Les connasses, .. » et le plus blessant « L’OM en Ligue2 »

Venus nombreux à l’appel de l’affiche parisienne qui ne cachait pas ses messages : Classico ! Un mot dont on connaît la force quand on met d’un côté le PSG et de l’autre l’OM. Le constat est assez facile à faire lorsque le premier coup de sifflet de la partie est donné. Une tribune de face qui aurait été bien vide en pleine vacances de Pâques sans les Ultras. Dans ce Jean Bouin du rugby qui peut accueillir 20.000 places et qui n’avait reçu, comme élite du sport féminin, que les féminines du Mondial 2014 de rugby avant un France-Pays Bas de football, gagné par les néerlandaises en Octobre 2015 (1-2).

Les Ultras du PSG. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

Les Ultras du PSG. L’autre face. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

Stade vide ou stade moins vide ? 

Faut-il des Ultras en football féminin. Les deux ou plutôt les trois positions s’entendent. D’un côté, le coach de l’OM choqué à juste titre tant les messages sont inhabituels dans ce milieu mais qui re-précise sa détermination à parler de mixité et d’un même football, pratiqué dans un même club, et qui alors ne peut pas être surpris des chants des Ultras, les mêmes que pour les matches des hommes ?

De l’autre les Ultras qui viennent comme ils sont, sans surprise. Notamment contre l’OM ! Avec du coeur et des mots qu’on peut aimer ou/et qu’on a le droit de condamner. A chacun sa liberté.

Et le troisième, Patrice Lair qui, si on lui retire les Ultras, se trouve avec des tribunes habituelles de D1F, un petit 500-1000 supporters, entre amies, cousines, famille et « agents » dans un stade de 20.000 places.

Les chiffres de l’Equipe de France, faits d’enfants non-payants, ne sont pas ceux des clubs.

On le sait, le volume du public de l’équipe de France qui vient voir le football féminin est un public d’enfants. Les cris qui ponctuent chacune des actions des Bleues n’en est que la preuve. Les tarifs familiaux et invitations une des causes. Et les 100.000 nouveaux adeptes du football féminin se trouvent essentiellement chez les petites. En fait des néo-pratiquantes et leurs parents, qui viennent au spectacle du Bleu-Blanc-Rouge, faisant sa tournée dans chaque région pour l’animer au féminin.

Les clubs cherchent des supporters pour trouver des sponsors.

Du côté des clubs, c’est une autre affaire. La moyenne des spectateurs navigue entre la bonne centaine et un petit cinq cent sans affiche, jusqu’au millier quand le jeu chante ! Ni plus, ni moins que sur tous les stades amateurs de France, y compris le National quelques fois.

Le football « féminin » de l’élite n’existe plus aux dires de certains. Pris dans la naze du football masculin. Il ne reste qu’un seul club exclusivement féminin (Soyaux), et trois autres clubs (Rodez, Albi, Fleury) liés à des clubs masculins amateurs, le reste est fait de clubs professionnels de L1 et de L2 (huit). Avec ses avantages et ses inconvénients. A prendre ou à laisser. Or ce football et ces clubs sont faits de supporters de leurs couleurs, plus que du jeu de  football lui-même, et pour la plupart des professionnels du mot « supporter ».

Alors, existe-t-il une cible pour le football féminin fait d’un public de non-pratiquant ? Suffisant en nombre ? Assez suffisant pour créer une ambiance ? L’Olympique Lyonnais pourrait vous répondre par l’affirmatif, mais le football des filles n’est pas que celui de l’Olympique Lyonnais.

Le football féminin doit choisir son public et son volume.

Le football féminin des clubs doit choisir son public.

Il y a donc une alternative à choisir pour ne plus avoir à la critiquer. Aller vers des supporters « non-pratiquants » mais dont le « métier » est de supporter à l’image de celui des clubs masculins déjà constitué – plus nombreux – comme les Ultras ou aller vers « des supporters spécialistes » du football féminin, bien moins nombreux ?

L’idéal serait de marier les deux en sachant qu’il est difficile de construire une situation idéale avec pérennité. Voilà un beau projet de marketing pour les clubs professionnels. Mais il ne faudrait pas attendre trop longtemps pour prendre une décision. « L’Amour n’est pas éternel » disent les chansons ? Ni d’un côté, ni de l’autre.

L’idéal serait de demander à toutes les parties devant quel public veulent-ils que le spectacle du football féminin se joue : supporters, joueuses, éducateurs, présidents et médias.

William Commegrain lesfeminines.fr