Selon l’accès payant d’Ouest France, Sarah M’Barek a décidé de ne pas reconduire son contrat de coach auprès de l’EA Guingamp, version féminine (Ville de Saint Brieuc). Signé en 2013 pour trois ans, renouvelé un an avant son terme par un avenant jusqu’au 30 juin 2018, la coach de 40 ans, munie d’un BEPF qui coûte non pas un mais plusieurs bras (environ 30.000 €), se met sur le marché .. ou s’en retire ponctuellement.

« Pour l’instant, je n’ai pas de nouvelles des dirigeants. Et quand on n’a pas de nouvelles à cette date, on sait à quoi s’attendre… C’est la fin d’un cycle. J’ai besoin de me reposer aussi. Je repartirai sur autre chose après. Il y a besoin de renouveau pour repartir sur un nouvel élan » a-telle confié au journal régional, ce samedi.

Ils étaient deux à avoir en D1F le sésame qui permet l’entraînement d’équipes professionnelles comme le coaching de sélections nationales : Patrice Lair et Sarah M’Barek. Ce statut oblige à un minimum salarial fixé par l’UNECATEF en L1 et L2.

Un parcours correct sans être exceptionnel, mais impossible d’être exceptionnel en D1F avec l’OL et le PSG.

Coach depuis 2007, d’abord à Montpellier Hsc (2007-2013) puis le club costamoricain (2013-2018) après avoir joué à La Roche sur Yon et Montpellier, porté le maillot bleu à 18 reprises, elle aura joué les 3e er 4e place avec Montpellier et obtenu une seconde place en 2009 qui a permis de jouer une campagne européenne jusqu’en demi-finale en 2010.

Avec l’EA Guingamp, les choses auront été au mieux avec les moyens moins conséquents du club breton : deux cinquième places, une sixième et huitième en ayant été quelques fois proche de la ligne rouge. Le seul reproche qui peut lui être fait est certainement de n’avoir jamais réussi une aventure en Coupe de France (Quart en 2013, 1/16e en 2014, quart en 2015 et 2016, 1/8e en 2017).

Il ne faut pas oublier la liaison de qualité qui semblait être faite entre le club de l’EA Guingamp et la sélection française depuis 2017 : Julie Debever (30 ans), Lea Le Garrec (26 ans), Charlotte Lorgeré (24 ans), Faustine Robert (24 ans), Durand Solène (24 ans). Cinq joueuses, sans être cinq excellentes joueuses qui ont toutes portées le maillot bleu depuis que Corinne Diacre est au commande (Septembre 2017). Un beau cadeau pour l’EA Guingamp qui flirtait entre la 8e et 10e place de la D1F, à une ligne de la place de relégable. D’autres clubs n’ont pas eu ce bilan.

Le droit à la parole.

Il faut espérer que le silence de la direction guingampaise évoqué par la seule coach féminine de la D1F ne soit pas due au mouvement de grève organisé par les joueuses le jour de l’arrivée de Corinne Diacre, la sélectionneuse. Ce qu’on pourrait comprendre. En même temps, on comprendrait moins les conditions de travail des féminines de l’EA Guingamp. Les échos parlent de bus pour traverser la France quand les autres équipes prennent l’avion ou le train sans oublier le gag des « plateaux-repas » à la charge des joueuses dont le mot « professionnel » n’indique certainement pas un montant de salaire « que l’image populaire » associe à ce mot dans le football.

Si je me suis exprimé contre cette répétition des grèves totalement inutile (d’ailleurs on en cherche les bénéfices) ; j’espère que les féministes de France – d’ailleurs maintenant bien installées dans des situations bien au chaud – vont prendre autant de risques à s’exprimer que l’a fait le groupe breton, tant sur le plan de la condition féminine que sur celui des conditions dévolues aux joueuses, alors qu’elles ont été les initiatrices, plus que de raisons, de cette professionnalisation du football féminin.

Même si elles doivent prendre des risques.

Pourquoi un communiqué unilatéral ? 

Sarah M’Barek, indirectement comme directement, a su mettre ses décisions au niveau de ses idées. Pour cela elle est à respecter et à embaucher. Elle prend des risques. Voilà un diplôme onéreux, qui existe en surabondance sur le marché. Marché qui fonctionne dans des systèmes de réseaux conséquents. En même temps, avec cette décision, elle doit être, à l’évidence, une bonne coach et on se demande encore, et pourquoi, cette situation n’a pas donné lieu à un communiqué de presse commun ? Alors qu’un Président de section féminine avait été remis dans l’organigramme.

Cette décision peut aussi être une prétention salariale de Sarah M’Barek plus conséquente, au regard de l’obtention de son diplôme que l’EA Guingamp ne veut pas budgéter compte tenu que le banc de la D1F doit être tenu par un niveau DES.

En attendant, cette annonce unilatérale met à l’évidence Guingamp dans l’embarras. Cela laisse supposer que l’environnement est toujours tendu à Saint Brieuc.

Guingamp avait réussi à se sauver d’un mauvais pas avec une victoire au Paris FC (1-3) en février 2018. Septième avec 19 points -à quatre points du premier relégable-, les bretonnes devront retrouver de l’impact avec quatre journées de championnat face à des adversaires au maintien : Lille dimanche, Albi, Fleury et l’OM pour finir.

Cela pourrait ne pas être si facile.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • le financement du BEPF, obtenu en 2017 par Sarah MBarek ? Formation continue ? Financement personnel ?