Maxime et Loreen Herbet. Un jour vous partez, le lendemain, « ils » sont morts. Sans s’annoncer comme avec la maladie. Ils sont morts. La veille, tout est blanc. Habituel. Normal. Le lendemain, le monde a moins de couleurs. Il n’en a plus.

Le monde est là. Le monde. Tout le monde. Le Monde regarde sa vie. Partir si jeunes. Partir et ne plus revenir. Ils pensent à leurs enfants. Ils savent qu’ils ne sont pas prêts. Cela fait froid dans le dos à tout le monde. C’est comme un coup de fouet. Pourvu que cela ne nous arrivent pas. Vite aimer. Et bien aimer. Alors, le coeur du monde est là. Il bat, il accompagne. Il soulage, il aime mais jamais il ne remplace.

A 19 ans, on n’a pas eu le temps de se dire les choses. A 19 ans, on ne pense qu’à soi. On vit l’instant. On n’a encore moins eu le temps de tout se dire. Ses mots pensés et jamais lâchés. Il faut les intégrer. Les conserver, apprendre à les aimer sans les regretter. Pas facile. Et ce départ, comme tous les départs, fait dans l’habitude. Si on avait su. On ne se serait jamais quitté. Aujourd’hui, il ne reste que la douleur de l’impossible. On ne peut plus revivre.

Apprendre à apprivoiser le regret. Les mots qu’on a pas dit. Les gestes de l’habitude. C’est la première douleur peut être. Quoi que. A chacun sa douleur.

Et puis, il y a des moments qui n’existeront plus. L’anniversaire. L’anniversaire, souvenir et rituel d’enfance. L’anniversaire, une date qui ne sera jamais plus la même. Alors, on va chercher le cadeau sauvé. Pas le plus beau, mais c’est celui là qui reste pour qu’il reste quelque chose, autre chose qu’une tombe. Comme une relique. Physique, puis dans la tête.

La tête, tout ce que l’on peut garder en tête. Un livre, dix livres. Cent livres si on pouvait. Pour que le passé soit un peu plus présent. Encore un peu présent. La sensation sublime qu’ils sont encore là. Qu’ils vous protègent. Sublime pansement du coeur.

« Papa », « Maman » des mots qui ne sortiront plus jamais. Condamné au silence. Définitivement. Comme deux mots qui disparaissent de la langue française. Syllabe de l’enfance qui vous oblige à devenir grand. Très grand. Trop grand.

Puis le mariage. Ce moment où .. Ce moment là. Oui, le mariage. Cette robe. Ce regard. Ces mains qui vous accompagnent. Ce bras qui vous retient. Le mariage, pas simple le mariage. Pas simple.

Les enfants. L’enfant. Construire une famille. La réussir et l’enfant, les enfants qui vous posent la question. Pourquoi la grand-mère n’est pas la vraie grand-mère. Pourquoi il y a plusieurs papys. Pourquoi ? Et les moments de Noël. Pas simple aussi. Le partage, les amis. Mais, qui que vous soyez, on n’a qu’une seule famille même si on a plusieurs coeurs.

Tous ces moments magiques, inutiles des fois quand tout le monde est bien. Là, plus rien.

Deux enfants face au Monde. Deux jeunes face au Monde. Deux orphelins. Pas prévus et pas préparés. Subissant la Vie. Seuls, définitivement seuls. On le sait, les méchants sont nombreux dehors. Pousse toi de là que ce soit Moi. Alors, il leur faudra avancer sans lumière, sans endroit pour se reposer. Avancer. Petite ne sera plus jamais petite. Elle devra être Grande. Garçon, transformé en super homme.

Tous ces moments, la jeune Loreen Herbet (19 ans) et son frère jumeau Maxime, les vivront. Ceux-là ou d’autres. Avec une certitude. Jumeaux, ils seront encore plus frère et soeur pour la Vie.

Avec cette vérité, cette blessure qu’ils devront transformer : « Y a plus Papa et Maman. » Plus personne à qui parler.

Aidez-les.

Une belle chance. « Les gens du Nord ont dans le coeur le soleil qu’ils n’ont pas dehors ».

Bonne chance.

William Commegrain lesfeminines.fr

http://www.lavoixdunord.fr/358300/article/2018-04-14/apres-le-drame-loreen-herbet-peut-compter-sur-des-filles-exceptionnelles-pour-l

Soutien à Lorenn organisé par les joueuses du FC ARRAS, il reste une petite quinzaine de jours pour participer. Un petit coup de mains, ils en auront besoin. La jeune joueuse, partie jouer, apprend en revenant que ses parents sont morts, par balle.

https://www.leetchi.com/c/soutien-a-loreen

crédit : La Voix du Nord.