Les Bleues vont essayer de « renvoyer » au Canada, leurs meilleures ennemies canadiennes du Roazhon Park, siège de leur record de spectateurs obtenus lors d’un France-Grèce de 2016 avec 24.835 spectateurs, sans enjeu mais dans une compétition qualificative à l’Euro 2017 et soldé par une victoire (1-0) sur un but de la bretonne Eugénie Le Sommer (36′).

Les rennais viendront voir deux équipes qui se connaissent si bien que cette rencontre pourrait très bien être qualifié de derby si elle ne se jouait pas entre deux nations, séparées par un océan. Depuis 2011 et la déculottée française à Bochum (4-0 dont deux buts de Thiney), la marque n’a dépassé qu’une fois la simple unité (2012 à Chypre) pour se solder par des 1-0 ou des 1-1 depuis les cinq dernières rencontres.

Les Bleues n’ayant jamais perdues à domicile face à leur adversaire depuis 2006, les joueuses de Corinne Diacre, souvent très éloignées de cette Histoire, vont s’aligner pour commencer un nouveau cycle contre les canadiennes et reprendre le flambeau de la victoire obtenu deux fois en 2015 pour le laisser aux canadiennes aux JO 2016 à Rio.

Si les canadiennes sont restées les mêmes depuis 2016, la France a profondément modifié son onze et sa sélection même si la moitié « ont des choses à dire » aux canadiennes.

Sakina Karchaoui. Montpellier Hsc, entre dans les 18. Crédit Gianni. Lesfeminines.fr

Sakina Karchaoui. Montpellier Hsc, entre dans les 18. Crédit Gianni. Lesfeminines.fr

Sakina Karchaoui, 22 ans, était bien présente en 2016 lors du quart de finale face au Canada pour sa 6e sélection. Avec moins d’autorité que sa 19e cape peut lui donner aujourd’hui, d’autant que ses derniers matches avec Montpellier en Coupe d’Europe, ont fait écrire à la capitaine et internationale d’Arsenal, Alex Scott (33 ans, 140 sélections), spectatrice contre Chelsea, un tweet qui vaut une médaille. « What a player @SakinaKarchaoui is  going to be one of the best full backs in the women’s game! One to watch at next years World Cup!!  »

La jeune joueuse, depuis neuf ans sous les couleurs de Montpellier, est unique dans son jeu vers l’avant. Une Dani Alves du côté gauche qui a des chevauchées incroyables, capable d’essayer de dribbler tout son couloir, attirée comme par un aimant, vers l’avant, son aimant. Cette fille joue un football qui ne peut donner que des cheveux blancs à son coach mais qui transperce n’importe quelle muraille !

Elle pense offensif, elle joue offensif, elle transperce offensif. Attaquante, reconvertie défenseur. C’est la seule au monde capable de partir de son camp balle au pied, d’arriver à toute vitesse dans « la box adverse », de se faire prendre la balle, de courir la récupérer, de la reprendre au pied de sa surface, pour repartir « ipso facto » dans le camp adverse, le tout avec des séries de passes décrochées pleine vitesse et de finir par planter un but, pour … aller chercher la balle dans les filets, la déposer dans le rond central et dire à ses adversaires : « bon et si on commençait à jouer !? »

Ce n’est plus un coffre, c’est un système respiratoire qui ne s’arrête jamais. Douée d’une excellente technique, elle peut prendre en dribble court n’importe quel adversaire, même les meilleures mondiaux. Excellente en titulaire, moins bonne en remplaçante. Son seul défaut, il faut qu’elle pense défense alors qu’elle respire l’avant.

Elle peut être une excellente américaine et je ne serais pas surpris qu’elle aille faire un tour aux Etats-Unis dans son parcours de joueuse de football féminin.

Si le Canada nous réserve des surprises, la France pourrait lui en montrer une. Si Corinne Diacre la met dans le onze titulaire. Petite comme le sont les canadiennes, il pourrait y avoir un vrai combat de détermination dans ce couloir gauche. Avec du souffle.

William Commegrain lesfeminines.fr