L’Allemagne, avait un problème, elle était inquiète !

Mi mars, quelques jours après le retour de la sélection du SheBelievesCup, le DFB décide de ne plus avoir confiance dans les compétences de Steffi Jones comme sélectionneure. Après les mauvais résultats lors du SBC (2 défaites et 1 nul), la fédération craignait de trop que la qualification pour la Coupe du Monde 2019 en France puisse échouer. Une non-qualification de l’Allemagne, -quelque chose de jamais vu-, aurait été un fiasco total.

La DFB mettait le travail dans les mains d’un entraîneur avec beaucoup d’expérience, mais aucune en foot féminin. Du jamais vu pour la Mannschaft. Un profil comme celui du géant de Hambourg au poste de sélectionneur de l’équipe féminine d’Allemagne, tenue par une femme depuis 22 ans (1996) avec Tina Theune Meyer (9 ans), Silvia Neid (11 ans) et Steffi Jones (18 mois).

Lors des derniers Jeux Olympiques Horst Hrubesch a commençé à apprécier le foot féminin. Il a aussitôt comme entraîneur adjoint l’expérimentée Ulrike Ballweg, qui pendant des années occupait ce poste sous Silvia Neid.

Pour sa première sélection, Hrubesch avait choisi de garder la plupart des joueuses de Steffi Jones, ne convoquant que deux nouvelles dont Turid Knaack. Mardi 3 avril était son premier vrai jour de travail avec les joueuses, réunies pour préparer les prochaines échéances. Les matches de qualification contre la République tchèque et la Slovénie. Vu les résultats, chacun de ces matches est décisif. D’autant plus qu’une équipe qui doute risque de faire des erreurs.

La surprise de Hrubesch met un quadruplé contre la République Tchèque !

Surprise lors de conférence de presse un jour avant le match. À côté de Horst Hrubesch ne se trouve pas une des joueuses expérimentées, mais une jeune de vingt ans, Lea Schüller, 5 sélections, attaquante (SGS Essen) à qui revient la tâche de répondre aux questions des journalistes.

Hrubesch fait du Hrubesch.

Une seconde surprise qui aurait pu être prévisible. En effet, dès sa nomination bien que présenté comme intérimaire, l’homme a pris son bâton de pélerin et il est allé voir les matches de la Bundesliga, de la coupe et de la Champions League.

Même après avoir pris les décisions conçernant la liste des joueuses, il n’a pas arrêté. Le dimanche de Pâques il ne l’a pas passé en famille avec ses enfants et petits-enfants dans la belle campagne dans le Nord de l’Allemagne, il est allé voir le match Turbine Potsdam –Wolfsburg.

Tout cela pour seulement deux matches dont il est supposé avoir la charge en attendant que la DFB trouve un nouveau sélectionneur ? Il prend tout cela au sérieux!

A l’allemande. De manière bien marquée. Né en 1951, joueur professionnel entre 1975 et 1986, il vient d’une époque où le foot féminin ne jouait aucun rôle. Il était quasiment inexistant. Parfois les footballeurs se moquaient des femmes qui voulaient pratiquer ce sport. Qu’est-ce qui le motive ? Est-ce qu’il veut mettre son empreinte, réussir, être le sauveur de la dernière minute et se présenter pour d’autres tâches (entraîneur d’un club de la Bundesliga masculin!

Hrubesch et Léa Schuller redonne confiance à l’Allemagne.

En attendant, il prend les rênes de l’Allemagne et n’a retenu aucune personne du staff de Steffi Jones. Etant dans la même maison que la Mannschaft de Steffi Jones aux JO de Rio, il dit lui-même avoir suivi « un cours accéléré lors des Jeux Olympiques ! ».

Pragmatique, comme son jeu de l’époque, la philosophie de Hrubesch correspond bien à l’esprit allemand : « il faut voir la situation d’aujourd‘hui, les filles n’étaient pas contentes ! » Donc on change.

Bilan, dans ce match essentiel face à la République Tchèque, Hrubesch modifie son onze de départ en plaçant Kristin Demann, Leonie Maier, Svenja Huth et Lena Goeßling à la place de Kathrin Hendrich, Johanna Elsig, Verena Faißt et Lina Magull.

Allez savoir si le grand allemand n’a pas eu le « nez fin » en amenant Léa Schuller à la conférence de presse. Source de motivation, marque de confiance. L’allemande de 20 ans du SGS ESSEN, 6e sur 12 de la Bundesliga, met les quatre buts de la Mannschaft face à la République Tchèque et l’Allemagne, descendue 3è FIFA pour la première fois du ranking mondial, ne s’inquiète plus !

Et quand l’Allemagne ne s’inquiète plus, ce sont ces adversaires qui s’inquiètent !

Gerd Weidemann avec William Commegrain pour les féminines.fr

Les titulaires : Schult – Blässe, Doorsoun, Demann, Maier – Huth, Goeßling, Marozsan, Däbritz – Schüller, Popp.