A mettre dans sa bibliothèque ou/et à offrir. Lorsque je sors de la « Boîte de Jazz » du Méridien de Paris, la tête emmitouflée d’une heure d’interview avec Julien Holtz, venu guitare en bandoulière, pour échanger sur cette sixième série des « 100 histoires de Légende » consacrée exclusivement au « sport AU féminin » afin d’y raconter l’exploit sportif féminin, mais pas que !

L’oeil vif, le propos clair, Julien Holtz, fils du grand Gérard qui terminait tous ses Stade 2 avec la célébrissime phrase « Vive le Sport » raconte cet ouvrage réfléchi, descriptif, émotif fait à deux. Lui et son père, dans une aventure d’artisan. A soigner le commentaire, l’anecdote, l’histoire, la véracité et l’authenticité pour rendre à Elles ce qu’on n’aurait jamais du oublier de faire. Les laisser exister sans jamais leur demander de se taire.

Elles sont 100 parmi de nombreuses autres, choisies pour illustrer quatre thématiques liées au sport féminin. « Les pionnières et les militantes, les grandes championnes et les étoiles ; les performances, et le dernier chapitre concerne le scandale, la triche, le dopage et les grandes tragédies chez les filles avec l’idée de ne pas craindre de mettre les pieds dans le plat, s’il fallait le faire ».

Lesfeminines.fr On pense par exemple à Amélie Mauresmo. L’avez-vous inséré dans vos 100 légendes du sport féminin ? 

Julien Holtz : Amélie est une femme qui a une énorme empathie. Elle peut autant faire preuve d’intuition que de souffrir de sa sur-sensibilité. C’est une femme très intelligente sur le plan tactique et en même temps elle en a souffert en se faisant dépasser « des fois » par l’enjeu. Elle n’a pas hésité à l’âge de 19 ans à mettre en avant sa différence et à affronter la tempête de face. Elle est arrivée en finale de l’Open d’Australie et en face d’elle elle avait Hingis et Davenport qui n’ont pas arrêté de lui balancer des « saloperies » et d’ailleurs, quand on a repris la plume pour l’insérer dans cet ouvrage, on a mis de côté sa victoire à Wimbledon et sa place de numéro 1 mondial pour parler de l’Australie et montrer ce que les femmes doivent avoir de fort pour réaliser leurs performances.

Avec Corinne Diacre (entraîneur pendant 3 ans du Clermont 63 en Ligue 2), Michèle Mouton (vice-championne du monde de rallye en 1982) elle fait partie de celles qui ont réussi à s’imposer dans une performance masculine, en accompagnant Andy Murray dans le Top mondial.

Lesfeminines.fr Comment avez-vous fait vos choix ? 

Julien Holtz : « Lors du premier de la série que l’éditeur Grund avait proposé à Gérard de faire et qu’il m’a proposé d’écrire à deux mains sur les 100 histoires de Légendes du Tour de France pour marquer le centenaire du Tour, on s’était focalisé sur les exploits et les champions, les drames et les tragédies. De plus en plus, en avançant dans le développement de la collection on s’est rendu compte qu’il fallait aussi raconter les fondations et les coulisses du sport : comment le sport s’est crée, quelles ont été les premières règles, les phénomènes de société …

Cela a donné 1850 avec le sport féminin et même plus loin ! On raconte la première femme championne olympique dans l’Antiquité qui a gagné sa « médaille » alors que les femmes étaient interdites dans les stades et que les hommes couraient nus dans leur compétition … Cyniska a réussi à gagner en étant … propriétaire du char vainqueur !

On a énormément de choses à raconter avec cela. On a trouvé plus d’épaisseur à aller faire de la « spéléologie » et on se rend compte qu’à travers les couches de l’Histoire, on attrape de vraies pépites. »

Lesféminines.fr Ce binôme, comment s’est-il organisé entre le père et le fils ? 

Julien Holtz : « Gérard a des sources différentes qui viennent des ouvrages écrits mais aussi de beaucoup d’anecdotes personnelles ou confiées par d’autres à la suite d’un coup de téléphone ou autour d’un café qui appuient les portraits réalisés et moi de mon côté, je suis plutôt dans tout ce qui se dit, sur les réseaux sociaux, sur internet, sur les vidéos et on se complète énormément lui et moi. Il a les sources du vécu et j’apporte toutes les sources numériques actuelles de notre génération. »

Lesféminines.fr Le sport est à l’image de la société, quel est votre avis sur le sport AU féminin ?  

Julien Holtz : Il y a des choses qui posent question et il faut le dire.  En écrivant sur Alexandra Lederman, devenue la première femme championne d’Europe en saut d’obstacle devant les hommes, on s’est éloigné de la performance pure pour transformer notre angle vers celui de l’équitation et des femmes avec un constat que 80% des licenciées sont des femmes et seulement 20% se retrouvent dans l’élite du haut niveau ?

Cela pose question et c’est un sujet de société avec cette difficulté des femmes à marier sa vie privée et professionnelle pour dans ce domaine du saut d’obstacles, décrire les réticences qu’elles peuvent ressentir quand elles doivent convaincre des propriétaires de chevaux de leur confier leur meilleur champion.

Lesféminines.fr Dans cet ensemble sportif et sociétal, comment avez vous construit les 100 histoires de légende du sport au féminin ? 

Julien Holtz : Il y a quatre chapitres. Les pionnières et les militantes, les grandes championnes et les étoiles, les performances, et le dernier chapitre concerne le scandale, la triche et le dopage et les grandes tragédies chez les filles.

Lesféminines.fr les sportives féminines disent qu’il faut raconter des héros féminins pour que les jeunes filles rêvent à des histoires de jeune femme. 

Julien Holtz : C’est la raison pour laquelle vous ne lirez que des histoires sur les sportives dans l’ouvrage. On évoque les hommes qui ont poussé le sport féminin à se développer. Par exemple dans le football avec Aimé Jacquet en ouvrant Clairefontaine aux féminines comme Sepp Blatter au niveau mondial.

On évoque aussi la partie sombre et les revers du sport pratiqué par les femmes avec le « cas Régis de Camaret », entraineur autodidacte et mentor de Nathalie Tauziat qui l’emmènera jusqu’en finale à Wimbledon, mais en coulisses un véritable monstre : il violait et abusait de ses joueuses, mineures, au club de tennis à St Tropez », condamné à dix ans en appel.

On en parle aussi indirectement quand je me suis posé sur l’Olympique Lyonnais avec JM Aulas qui a eu un nez creux  -comme un peu pour Apple avec celui Steve Wozniak qui crée le concept et Steve Jobs qui en a mondialisé l’aura  – et là, pour le football féminin, c’est Loulou Nicollin le précurseur et JM Aulas, le développeur business.

Lesféminines.fr Si vous aviez un enfant, quelle histoire aimeriez vous lui raconter ? J’imagine que Gérard Holtz vous a raconté des anecdotes. Quelle est celle que vous avez retenue ? 

Julien Holtz : Gérard m’a raconté cette histoire :  il m’a raconté l’histoire de Katarina Witt. Il était parti dans les années 80 faire un reportage sur elle dans l’Allemagne de l’Est. Il était dans la famille et il a mangé avec eux dans l’appartement familial. Gérard aves ses talents de comédien et avec sa capacité à rendre la situation comique m’a raconté que le papa de Katerina Witt l’avait un peu chambré, avec son côté séducteur. Il lui avait dit : « Gérard, grosse filoute ! ».

Et moi de mon côté, si j’avais deux histoires à partager avec ce qui sera ma fille ou mon fils. J’en ai deux. Celle d’Alice Milliat, jeune nantaise qui est montée à Londres et a découvert la culture et l’éducation du sport dans les Grands collèges, revenant en France à partir de 1915 pour créer une compétition d’aviron et une fédération française de sport féminin. Elle en a fait une fédération internationale pour créer les premiers championnats du monde du sport féminin à Monte Carlo et l’année suivante en 1922, créer les premiers Jeux Olympiques alternatifs pour les femmes et s’est battue contre le Baron Pierre de Coubertin qui a été un génie de réveiller l’esprit olympique mais qui était un misogyne absolu pour qu’en 1926, son successeur accepte d’intégrer les femmes dans les épreuves olympiques de 1928 à Amsterdam.

La seconde, c’est une histoire d’aujourd’hui. Celle de Laurence Fischer, triple championne du monde de Karaté qui a fait une grande école de commerce (ESSEC) et qui dans sa reconversion, a décidé de faire preuve d’altruisme pour mettre ses connaissances dans le karaté au service des femmes qui subissent de la violence.

Sa première expérience a été au Congo, en guerre civile depuis des années ou le viol de masse est une arme de guerre. C’est un grand professeur de médecine africain qui a monté une fondation et Laurence Fischer a été touchée par cette histoire pour depuis 2014, aller tous les ans prodiguer des cours aux africaines dans le besoin, afin qu’elles apprennent la maîtrise des autres en se défendant et qu’elles reprennent confiance en Elles.

Et maintenant elle a crée une fondation « Fight for Dignity » pour porter ce qu’elle fait là, partout où les femmes sont agressées.

Des femmes qui se sont battues pour avoir le droit de faire du sport et des championnes qui veulent faire partager leurs expériences. »

Un livre, 100 histoires de Légende sur le sport AU féminin pour montrer aux jeunes filles et sportives qu’elles ont aussi de très belles histoires à rêver et à partager. A émouvoir, à comprendre et à respecter.

Un livre, 100 histoires de Légende pour que tous les Hommes trouvent leur Jeanne d’Arc, leur Histoire, fort du constat de ce que l’on est : des êtres humains qui avançons, sans discrimination avec nos différences, sources de compléments.

Julien Holtz, qui a baigné dans le monde sportif avec Gérard son père est un authentique; Amateur de pureté et de vérité. Cet ouvrage, écrit à deux, par deux hommes, fait la part belle aux femmes. « Normal ! » diraient de concert le Père et le Fils.

William Commegrain lesfeminines.fr

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