En direct sur l’Equipe 21, 20h45. Montpellier – Chelsea. Quart de finale de la WCL 2018. Dans ce quart de finale aller de la Women’s Champions League version 2018, les pailladines vont jouer à la Mosson un match qui s’apparaîtrait à un 1/8e de finale d’une Coupe du Monde et ses enjeux. Se qualifier et briller ou être éliminé et ne plus exister.

Une affiche explosive avec des noms qui parlent au monde du football masculin : Montpellier et son opération du coeur dénommée « Loulou » ; Chelsea, la riche intelligente et ses coaches si réputés. Des joueuses internationales des deux côtés, de l’expérience sur le terrain et de la nouveauté dans le jeu pour que -au bout du suspense- on aperçoive toute la détresse des éliminées, renversée par des vainqueurs, explosant de la joie d’avoir réussi quand les autres, spectatrices, n’ont plus que l’amertume des regrets.

Les deux équipes sont si proches, si proches qu’elles ne pourront pas accepter l’échec et disparaître.

Les coaches le sentent et le savent si bien que les premiers mots sont pour rappeler les qualités de l’adversaire. Emma Hayes, la coach de Chelsea craint la multitude de possibilités offensives de Montpellier « nous connaissons la valeur de l’équipe d’en face car Montpellier a de gros atouts offensifs », fixant le plan des Blues très clairement « donc, nous sommes à l’extérieur, nous allons essayer de ne pas encaisser de buts, c’est notre priorité » quand Jean-Louis Saez, le coach montpelliérain fait remarquer, la richesse et l’ambition de son adversaire : « Chelsea en est à sa quatrième campagne européenne, a recruté quinze joueuses en deux ans. Ils font tout pour la gagner avec un effectif où figurent 25 internationales (13 anglaises et 12 étrangères) ».

La folie raisonnée de Montpellier. 

Il fût un temps où le football féminin n’était fait que de verticalité. Dans cette période encore récente, Montpellier sur deux finales de Coupe de France (2015 et 2016) a bousculé l’Olympique Lyonnais, empereur européen de la pratique, en menant même (0-1) à Calais avec à la baguette une jeune montpelliéraine qui avait le feu dans son jeu, Claire Lavogez s’entendant à merveille pour trouver la vitesse d’une Sofia Jakobsson (meilleure buteuse de Montpellier en WCL)

Aujourd’hui, à l’image des finalistes allemandes et suédoises des jeux Olympiques 2016 de Rio coaché par deux stars du milieu féminin, Silvia Neid et Pia Sundhage ; dans la continuïté de l’Euro 2017, le jeu féminin est devenu tactique. Les coaches issus du monde masculin y ont trouvé un nouveau terrain d’expression avec des revenus interpellants et la formation de ceux féminins vers cet univers qui place le coach au centre de la réussite ou de l’échec d’une équipe, ont transformé la folie créatrice du jeu féminin.

Dans ce cadre, Montpellier qui a toutes les qualités de folie pour gagner cette Coupe d’Europe devra trouver le juste équilibre du moment, de l’instant, entre la raison du raisonnable, sachant subir ou attendre et l’accélération de la folie déraisonnable qui déstabilise toujours toutes les équipes féminines. En tenant face au Paris FC (2-1), à qui il manque cette folie offensive, mais qui a toutes les qualités d’un excellent « sparring-partner » sur le plan tactique et physique, Montpellier a montré qu’elles savaient subir et bondir.

Marion Torrent, 14 ans à Montpellier et dernière joueuse de l’effectif à avoir connu l’Europe de Montpellier résume bien les enjeux : « On sait qu’il va falloir souffrir à tous les matches jusqu’à la fin de la saison » pour résumer la 17è journée face au PFC qui « est une équipe qui met beaucoup d’impact, solide dans les duels » et que pour ce match de Coupe d’Europe qu’elles attendent toutes depuis trois mois, « il va falloir être rigoureuse tactiquement, forte dans les duels et ne pas manquer les occasions ». 

Montpellier est aux portes d’une grande histoire, de ranger définitivement au placard du souvenir la défaite à domicile face à Zvesda (0-1) en 1/16è pour conserver la dynamique contre Brescia en 1/8è et un (6-0) retentissent à la Mosson.

Montpellier jamais aussi près de pouvoir écrire « Loulou » sur le fronton européen. Chelsea vont-elles les en empêcher ?

Chelsea, un PSG masculin ? 

Chelsea si fortes en internationales de renommée qu’elles revendiquent dans les faits un rôle de favori sur cette rencontre en deux matches. Leader de la WSL (championnat anglais) devant Manchester City (autre club anglais qualifié en quart de la WCL), vainqueur de Liverpool sur un (3-0) en quart de finale de la SSE Cup ce week-end les anglaises sont depuis trois saisons à buter sur le seuil fatidique des quarts de finale, pour ne les atteindre -cette saison- que pour la première fois de leur histoire.

Après une victoire (4-0) sur les deux matches face au redoutable Rosengard au tour européen précédent, composé de l’ex-parisienne et lyonnaise Caroline Seger, Anja Mittag meilleure buteuse de l’histoire de la WCL ; les anglaises ont fait leurs preuves et justifiées de leur place en quart de finale.

Chelsea seront-elles pour autant « les PSG masculin » actuelles du football européen ? Construite pour gagner, butant d’année en année ?

C’est d’ailleurs souvent le cas des équipes construites « avec le haut du panier ». Vite et rapidement, elles n’arrivent pas à trouver la source ou la ressource que le vécu des autres valident en se construisant plus du quotidien que ne peuvent le faire les « stars », détachées de l’habitude pour ne se sustenter que de l’extraordinaire. Pas suffisant pour se garantir d’une victoire en deux fois 90 minutes quand les deux équipes sont proches.

Millie Bright (24 ans) carrure de la défense centrale avec la norvégienne Thorisdottir (24) ; l’expérimentée capitaine norvégienne Mjelde (28 ans), la suissesse Ramona Bachmann (27) toujours prête à jouer un dernier geste inattendu, l’espiègle Francesca Kirby (24) qui avait fait beaucoup de mal à l’équipe de France dans la dernière SheBelievesCup comme Karen Carney sont des armes redoutables du côté anglais.

Trouveront-elles à s’exprimer face à Montpellier qui de son côté, a une défense expérimentée labellisée « Equipe de France » sur les côtés et où l’américaine Murphy a réussi à prendre la place de Méline Gérard. La force d’une Virginia Torrecilla et l’efficacité d’Anouk Dekker faisant deux tours au centre, la disponibilité de Janice Cayman comme de Clarisse Le Bihan, l’impact de Valérie Gauvin et la rapidité de Sofia Jakobsson sont des réponses de qualité.

Une rencontre où les deux adversaires sont très proches. Les gagnants écriront l’Histoire. Les autres la regarderont.

William Commegrain lesfeminines.fr

Manchester City rencontre Linköping dans l’autre quart de finale de la soirée.