En direct sur CStar. 22 heures. L’Histoire du football féminin français a démarré face à l’Angleterre (1-1) lors du quart de finale vainqueur du 9 Juillet 2011, après la séance des tirs aux buts. Depuis, tout s’est transformé. Les joueuses sont principalement sous contrat -plus ou moins bien payées-, les contrats TV commencent à se rémunérer, les Bleues sont devenues des favoris dans les compétitions (JO 2012, Euro 2013, Mondial 2015, JO 2016 et Euro 2017) et les joueuses ont réussi à exister en dehors du football (consultantes, droits à l’image) ou à mieux vivre avec le football (reconversion).

De telle manière qu’aujourd’hui, le problème des joueuses à notoriété de l’équipe de France comme de celles à venir sera celui de conserver le même train de vie que celui obtenu par le football. Schéma classique dans le football.

Il fallait un démarrage, ce démarrage a eu lieu avec ce match et face aux anglaises.

Cette histoire a eu d’autres rendez-vous.

L’Angleterre a été comme la France, à chercher son modèle de championnat et de compétition lorsque tous les regards se portaient sur l’Allemagne, précurseurs du football féminin et star européen de la pratique avec ses huit titres sans discontinuité lors des Euros, sa main mise sur les Ligues des Champions Féminine (Women’s Champions League) et la valeur de son championnat.

Aujourd’hui, ces trois nations ont une organisation de même niveau et si la France a pris une avance sur l’Angleterre (quatre WCL avec l’OL et deux finales) rien ne dit qu’elle puisse être définitive. L’Angleterre et l’Espagne montrant nettement leur présence avec des demi-finales en WCL (Barcelone et Manchester City) et des récompenses pour les équipes nationales (Algarve Cup et Euro U19 pour l’Espagne ; troisième place pour l’Angleterre au mondial 2015, 1/2 finaliste à l’Euro 2017).

Des matches serrés

Dix matches se sont joués depuis 2011 et à l’exception de 2013, avec trois rencontres totalisant dix buts et le licenciement de la sélectionneuse historique anglaise Hope Powell sur un sévère (3-0) français, les résultats sont très serrés. Très souvent sur le score de 1-0 (3) et avec deux (0-0) pour seulement deux fois, une marque à deux buts pour les françaises.

Il reste que sur cette courte période, les statistiques sont très favorables à la France qui n’aura connu qu’une défaite .. lors du quart de finale de l’Euro 2017 (6V, 3N, 1D).

Les deux équipes se cherchent.

La France se reconstruit ou se construit avec une nouvelle sélectionneuse qui a bousculé les habitudes des Bleues. Corinne Diacre a visiblement une vision à long terme et la SheBelievesCup n’est pas sa priorité bien qu’elle en ferait bien sa première passe d’armes. Depuis 6 mois qu’elle est en charge de la sélection (4V, 1D, 2N), elle doit avoir des certitudes qu’il faudra bien mettre en pratique pour les opposer à des adversaires.

L’heure semble être toujours à des phase de tests et de construction, sur une pente légèrement descendante après une défaite lourde contre l’Allemagne, et surtout deux nuls qui n’ont pu renverser la vapeur des interrogations (Suède et Italie). Troisième mondial ou plus proche du Top Ten ? Actuellement descendue à la 6e place, la France cherche sa place.

De son côté, l’Angleterre a connu un tremblement de terre à l’anglaise. Feutré on ne peut plus pour ne pas parler de la situation extra-sportive de son ex-sélectionneur, Mark Sampson – icône de la gloire féminine – parti de rien avec les Lionnesses pour finir par la 3e marche du mondial. Renouvelant la performance lors de l’Euro 2017, en marquant 10 buts tout au long du parcours et finir par n’en encaisser que trois face aux Pays-Bas, en demi-finale !

Les joueuses ont des armes.

La dernière rencontre entre les deux équipes à Valenciennes a été totalement fermée mais s’est terminée sur le score de (1-0) pour la France avec un but de Viviane Asseyi. Sur le banc anglais se trouvait la sélectionneur des U19, Mo Marley, qui aurait refusé le poste ensuite. Les anglais ont reçu quelques refus, ce qui est assez surprenant pour une équipe montée à la 3e place FIFA .. et c’est Phil Neville, l’ex-joueur des Red Devils qui va officier pour une première fois en tant que numéro 1 sur un banc.

On connaît la force d’impulsion d’une Amandine Henry qu’elle a su imposer dans un Euro difficile pour les Bleues en Juillet 2017. On sait qu’Eugènie Le Sommer comme Gaetane Thiney sont des joueuses qui peuvent faire à tout moment la différence. On ne peut pas douter de la qualité de Sarah Bouhaddi dans les duels. On doit redouter l’absence de Wendie Renard qui ne peut pas ne pas être évoquée et on souhaite voir cette génération des 20-24 ans, avec de l’expérience acquise (Mondiaux, JO et Euro), devenir des fers de lance de cette équipe de France.

Les anglaises ont une équipe sans inconnue avec un groupe qui était déjà aux Etats-Unis l’an dernier, à bousculer la France (1-0) comme à subir sa remontée dans les dix dernières minutes (1-2). Phil Neville a amené avec lui 6 novices et aura la même problématique de revenir sans joueuse blessée pour les deux équipes anglaises encore qualifiées en WCL.

C’est une équipe forte qui fait exactement ce que lui demande son coach. Sans état d’âme. A l’anglaise.

C’est donc un moteur déjà construit que la France va trouver en face d’elle. Et toute la difficulté sera de gronder plus fort qu’elles. En espérant qu’elle n’ait pas toute le volume physique d’une Lucy Bronze, seule anglaise en France (OL)

L’inconnue français face à la vérité anglaise. Fragile ou pas fragile ?

William Commegrain lesfeminines.fr