La femme est impressionnante. Victoria Ravva, 1m89, et en plus sur des talons. C’est le genre de situations qui vous compliquent la tâche. On a une fâcheuse tendance à lever la tête, situation un petit peu surprenante, spécifique au monde du Volley .

Pourtant, la femme la plus titrée en France dans un sport collectif (19 titres de championnes de France, 18 Coupes de France, 2 Ligue des Champions) est grand sourire. Affable, accueillante et à quarante-deux ans, passionnée par ce qu’elle fait au RC Cannes (l’Olympique Lyonnais du Volley-ball), dont elle a quitté le maillot en 2015 (quarante ans) pour passer de l’autre côté de la barrière et travailler à porter le RC Cannes au plus haut.

Fraîchement diplômée du CDES de Limoges avec Marinette Pichon et Sophie Perrichon qui a décalé son cursus pour mieux marier ses obligations salariales du PSG avec cette formation diplômante ; là voilà impliquée dans un superbe projet de numérisation de la performance avec la société MyCoach by FFVolley  fruit d’une joint-venture entre MyCoach Sport et la Fédération de Volley-Ball, pour un projet qui apportera beaucoup aux 3.000 éducateurs encadrant les 141.000 licenciés de la fédération du Président Eric Tanguy.

Victoria Ravva – Diplômée CDES – Manageur au RC Cannes. Volley-ball féminin.

Lesfeminines.fr Victoria, ce projet de MyCoach By la Fédération de Volley, comment le voyez-vous ? 

Victoria Ravva. « C’est quelque chose d’exceptionnel de se tourner vers le numérique et le data pour donner un maximum d’informations à nos acteurs, à nos fans, aux entraîneurs et à tout ce monde qui tourne autour du volley. Je parle en tant que club et c’est vrai qu’aujourd’hui on a tous un problème dans la recherche de très bons entraîneurs. On a des jeunes qui sont volontaires et qui viennent mais qui ont « peut-être » un manque d’expérience et ce genre d’outil va nous permettre de les former tout en ayant les meilleures conditions de travail. » 

En effet, l’un des principaux intérêts de cette association discutée et affinée pendant une année et sans contexte de voir que MyCoach a développé un espace d’échange numérique de travail sur une plateforme personnalisée dans laquelle sera insérée tous les outils de formation de la fédération -en cours de numérisation- afin d’être au plus près des besoins de leur 1.400 clubs qu’auquel « un effectif de 40 cadres techniques de la DTN ne peut actuellement répondre » rappellera son Président Eric Tanguy.

L’oeil de l’ex-sportive -maintenant manager- mesure rationnellement l’intérêt d’une telle mesure : « De voir sur cette plateforme les meilleurs entraînements créés par les meilleurs coachs. C’est quelque chose d’exceptionnel. Sans te déplacer tu trouveras le maximum d’informations sur la plateforme. »

Donner de la data intelligente pour améliorer la performance.

C’est ainsi qu’on pourrait résumer la présentation de Thomas de Pariente qui présente le produit « One to One » crée. Cédric Messina, Président de MyCoach Sport, tous deux associés, a une vision entrepreneuriale du service rendu, dans un environnement où les business-modèles du milieu sportif qui réussissent sont tournés vers les joueurs, laissant peu d’ooportunités aux « start-up » nombreuses qui se proposent sur ce marché.

En créant une structure commune avec la fédération, en se plaçant autant en SSII (maintenant ESN) qu’en spécialiste du milieu sportif, MyCoach associe le réseau de la fédération à la compétence informatique de leur entreprise, plutôt que d’aller vers une démarche individuelle auprès de chaque club. Toujours compliqué à transformer en chiffre d’affaires. En ce sens, cette société a utilisé le même modèle que l’on applique lorsqu’on cherche à s’implanter dans des pays éloignées avec de fortes barrières à l’entrée.

Et cela marche, après le football, le cyclisme, le hockey sur gazon, et maintenant le volley-ball. Avec ces fédérations qui lui confère une crédibilité, MyCoach que l’on connaît dans le milieu du football a surtout le partenaire qui « oblige » à l’utilisation de la plateforme créée ce qui donnera une force aux multiples informations saisies et consultées par tous les clubs, répondant à la maxime : « plus on a de datas, plus l’outil est utile et performant ». L’intérêt des deux partenaires devient alors évident.

Une relation « gagnante-gagnante ».

D’abord, un service d’hébergement du contenu fédéral sous la houlette d’Axelle Guiguet, DTN ancienne SHN en Pentathlon moderne, et mis à disposition des utilisateurs pour une disponibilité sécurisée, accessible « sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre » comme le veut la formule.

Puis, un développement « intuitu personae », vers une cible de clubs amateurs éparpillée sur tout le territoire avec des fédérations qui ont peu de moyens disponibles pour répondre à leurs besoins et une gamme Prémium pour les équipes de France. Taille, poids, performance, statistiques, soins médicaux, interventions de tiers, évolution de la performance, saisonnalité adapté à l’enjeu du calendrier. Réception de l’information avec des appareils nomades connectés. L’outil répond donc à la question passée et présente du Comment ? Comment cette performance a été ou n’a pas été faite.

Un produit évolutif.

Reste le pourquoi de la performance que sont des indicateurs cognitifs et mentaux ? On entre dans le domaine personnel de la motivation, du caractère et des qualités d’adaptation. Il faut alors trouver des indicateurs pertinents qui mesurent efficacement cette pré-disposition ? « Ce sera la troisième phase de développement » précise Cédric Messina, CEO de la start-up créée en 2011, forte de 25 salariés et qui est au travail de son équilibre comme toute structure de conseils dans le milieu du sport.

Victoria Ravva (RC Cannes)

Lesfeminines.fr. Revenons au sportif. Qui peut mieux que Victoria Ravva nous dire l’intérêt d’un tel outil pour les sportives ? 

Victoria Ravva. « En tant que sportive, je n’ai pas eu cette chance et cette possibilité. De pouvoir mesurer mon saut, de suivre mes problèmes de santé, du suivi de ma progression. Tout se faisait manuellement et par écrit et sans échange entre les intervenants. La moitié des données étaient inexactes. Alors qu’aujourd’hui, on attend un tel niveau que tout compte car on sait que la concurrence est très rude.

Toutes ces choses là peuvent aider à la performance. On ne peut pas dire que l’on va fabriquer de nouveaux champions. Le nouveau champion, il est déjà né mais l’outil va permettre d’aider l’entraîneur à le faire progresser dans les meilleures conditions. C’est un gain de temps énorme qui va permettre à l’athlète d’évoluer dans des conditions parfaites avec des informations précises et quotidiennes. » 

La réponse est claire. Tout ce qui peut améliorer la performance est à prendre. Dans un monde de concurrence, l’ignorer est la plus grande des erreurs. La victoire d’aujourd’hui, si elle n’est pas améliorée, est certainement à l’origine de l’échec de Demain.

Cette femme n’a pas peur des chemins à prendre pour réaliser de la performance. N’a-t-elle pas été à l’origine de la publicité jugée sexiste sur le volley-ball féminin, mettant trop en évidence une paire de fesses féminines. Elle le rappellera avec le sourire : « d’abord c’est la vérité, même si les maillots ne sont plus les mêmes. Deux, c’est une habitude du RC Cannes de jouer sur ses codes sensuels avec le calendrier sexy depuis plusieurs années. Ensuite, il y a bien plus avec le beach-volley. Enfin, on a jamais autant parlé de mon club avec cette affiche là ! » Performance. Performance. Avec le sourire, mais avec performance.

L'affiche de Victoria Ravva faite pour son club le RC Cannes. Lesfeminines.fr

L’affiche de Victoria Ravva faite pour son club le RC Cannes. Lesfeminines.fr

Reste à poser la question de la pérennité de cette performance ? Comment peut-elle expliquer autant de titres ? 

Victoria Ravva. « Je ne sais pas. Je n’avais pas Mycoach (rires). Pourquoi quarante titres (19 Champions, 18 coupes, 2 Coupes d’Europe) ? Car j’ai eu la chance d’avoir un club incroyable avec des dirigeants incroyables comme Anny Courtade (Leclerc et centrale d’achat Locasud) qui a pu aider ce club à grandir. Un entraîneur exceptionnel Yan Fang qui m’a suivie pendant vingt ans et m’a ouvert des portes vers le haut niveau et de mon côté, j’ai donné ma passion pour ce sport. Avec une grande révolution : la possibilité de gagner sa vie avec ! 

Ma carrière s’est faite au fil de l’eau. Je n’ai jamais travaillé de choses révolutionnaires. J’ai juste pris énormément de plaisirs à vingt ans et le secret de cette carrière est peut-être d’avoir su rester fidèle à un club qui a voulu progresser et qui m’a permis de progresser avec eux. Ce dont je suis très fier. » 

Le secret de Victoria Ravva ? Passionnée de la performance, elle a rencontré la performance à 20 ans.

C’est peut être la meilleure fonctionnalité de MyCoach By FFVolley. Permettre cette rencontre entre les sportifs et leurs statistiques, pour s’améliorer dans sa passion.

William Commegrain lesfeminines.fr