Les Bleues voulaient gagner ce match face à la 17e équipe FIFA (à égalité avec la Suisse) l’Italie, dont ses clubs ne dépassent pas les quarts de finale de la Women’s Champions League. Elle n’a pas réussi à le faire. C’est le coeur actuel du problème français.

Avec une Equipe de France mixée entre les ex-A, la B et les U20, faite de l’OL (6), PSG (3) Lille et Montpellier (1), Corinne Diacre va devoir en faire une Equipe de France A dans un temps quasi record, pour aller chercher le titre que la France pouvait prendre en 2015. Idem pour les JO de 2016, sans oublier de se souvenir qu’elle était grande favori de 2013 et avec l’objectif du dernier carré en 2017.

Que s’est-il passé pour qu’on mette tout cela dans la boîte à souvenirs avec la clef bien cachée pour ne plus avoir à la ressortir ? Elles sont loin les envolées de 2011 et 2012 (demi-finale Mondial et JO) et j’ai la certitude que si j’avais découvert le football féminin en 2017, j’aurais immédiatement refermé le couvercle.

Il ne s’agit pas d’attaquer Corinne Diacre mais mes propos vont vers ces personnes qui ont gonflé leurs situations en créant une D1F calquée sur les modèles des clubs masculins, vendue à un prix exorbitant à des médias et dont les meilleurs représentantes, en Bleues, payées et entraînées sans commune mesure face à leurs adversaires italiennes, se retrouvent à finir un match (1-1) avec deux tirs cadrés, 1 but (Amandine Henry 17e), et une occasion sauvée par la gardienne italienne (59′) sur sa ligne. Avec un passé délicat pour Corinne Diacre mais encore plus pour Olivier Echouafni, sans parler des deux essais ratés de peu de Philippe Bergerôo.

Le féminisme du football féminin, exacerbée pendant quatre ans, de changements en changements, de construction et construction, de réseaux en réseaux, a crée une situation sans ressort pour l’Equipe de France.

Reste que les joueuses y ont gagné mais je ne suis pas convaincu que l’objectif chiffré vaille tout cela, d’autant plus qu’il est réalisé sur des obligations contractuelles de cahier des charges.

A mon sens, il n’y a plus d’amortisseurs. Cela peut descendre plus bas ou espérer monter plus haut.

L’idée française est d’avoir un contenu cohérent pendant la rencontre.

La première mi-temps a fourni des preuves de qualité puisqu’à part l’erreur de Sarah Bouhaddi, sur une relance pas assez appuyée de Grace Geyoro permettant à la gardienne lyonnaise de contrôler son ballon, cette dernière fait une erreur dont elle est assez coutumière. Elle relance trop en confiance dans les pieds de Cristiana Girelli qui la transperce des trente cinq mètres (7′, 0-1).

C’est toujours dans la cohérence que la France possède le jeu en première mi-temps, assurant toutes les récupérations face à une Italie très pauvre en maitrise de ballon. Pourtant les offensives françaises ne créent jamais le feu qui permet aux féminines de marquer sans adversaire devant elles alors que l’on sait qu’il leur faut beaucoup d’expériences pour qu’une joueuse féminine marque en mouvement quand elle est marquée.

Donc on va voir un florilège de situations mal commencées ou mal terminées, dans des attaques le plus souvent placées démarrées de manière classique, comme chez les hommes, sur les côtés. C’est pourtant sur une percée plein champ qu’Amandine Henry seule joueuse à pouvoir se fondre dans le collectif tout en ayant la capacité de s’en extraire pour créer le danger, armera un tir aux vingt mètres qui fera mouche (1-1, 17′).

Dans la cohérence du jeu qu’elle recherche et que l’on voit de plus en plus dans le jeu féminin, Corinne Diacre s’exprimera au micro de C8 pour dire « l’équipe me donne satisfaction, il me manque juste la finition ». Effectivement, le jeu est cohérent mais il demande trop d’efficiences pour des féminines. Philippe Bergerôo et Olivier Echouafni ont eu le même problème. Bruno Bini promulguait la cavalcade, car il pensait que ses attaquantes marqueraient dans des situations verticales déséquilibrées et beaucoup moins dans une gestion des attaques placées.

Reste que depuis les JO, le jeu s’est « masculanisé » au plus haut niveau international.

La seconde mi-temps sera partagée avec une faible Italie, c’est tout le problème français.

Que ce soit la sortie d’Ouleymata Sarr (60′), en manque de réussites (28′, 30′, 42′) ou les quelques tirs de Kadidiatou Diani qui en cherchant un meilleur angle perd le moment de différence qu’elle a fait avec sa rugueuse défenseur (67′), la France aura été dans l’incapacité de créer le nombre de situations qui font qu’en football féminin, le score s’aggrave. Il faudra attendre la 46′ pour voir le premier tir cadré d’Eugènie Le Sommer.

Ce sont même les italiennes qui n’auront pourtant que deux occasions qui repartent heureuses de ce match en ayant pris le point du match nul face à la France, 6e mondial voire plus loin. Elles auraient pu même faire le hold up avec, sur l’une de leurs nombreuses possessions, un contre qui se terminera sur la transversale (61′) par la rentrante Valentina Bergamaschi.

Au final le match n’est pas perdu mais il n’a pas été gagné alors que les françaises le voulaient. C’est le seul enseignement qui me parait juste. La France, face à la 17e equipe FIFA, si elle veut gagner son match n’est pas sûr de le faire. C’est nouveau. Cela avait commencé avant l’Euro 2017 contre la Norvège. Après le visage blanc de l’Islande, la surprise de l’Autriche et la douleur de la Suisse, cela se confirme. Les deux belles victoires l’ont été contre l’Espagne (3-1) et le Ghana (8-0).

On se demande à quoi a servi cette professionnalisation de la D1F en terme de solutions pour les Bleues ? Car il y a quand même un écart immense entre les moyens de l’OL, PSG, Montpellier pour prendre les filles titulaires françaises et ceux de la Juve, Brescia, etc.. Là, il faut s’interroger. Les violonistes sont-ils meilleurs avec des violons en « Or » ou est-ce le talent qui fait la qualité du violoniste ?

Cela ne présage pas de ce qui va se passer pour la Coupe du Monde 2019. Mais quand on pense que tout le football féminin de l’élite a été transformé à cause et pour cet objectif, quitte à laisser des clubs sur le carreau .. On ne peut que s’interroger.

Fallait-il mettre quelque chose d’aussi lourd pour un jeu qui se veut léger et dont c’était la qualité ? A voir.

Ce qui est certain, il ne faut pas sa voiler la face : « Il va y avoir du pain sur la planche ». Les adversaires, jusqu’au 20e mondial, savent qu’elles peuvent faire un résultat face à la France.

Les prochains adversaires des françaises : USA (1er FIFA), Allemagne (2e) et Angleterre (3e). Si elles se mettent au niveau du jeu de leurs adversaires, elles passeront le cap. Sinon, cela risque de piquer « grave » car avec les déplacements (Floride, Arkansas), il va falloir pouvoir gérer cela.

Un sacré obstacle à passer. Corinne Diacre et ses joueuses ont du travail qui les attendent.

William Commegrain lesfeminines.fr

Amical – France (1-1) Italie : 20 janvier 2018. Marseille. 15.690 spectateurs. Orange Velodrome. Arbitres : carton Linari (34′) pour une 3e faute sur Sarr. Bonensea (88′) faute sur Torrent. But de Girelli à la 7′. Egalisation à la 16′ d’Amandine Henry.

France : Sarah Bouhaddi – Marion Torrent (88′, Laura Georges), Griedge MBock Batha, Wendie Renard, Amel Majri – Aminata Diallo, Grace Geyoro, Amandine Henry (cap), (82′ Delphine Cascarino) – Kadidiatou Diani (76′ Viviane Asseyi), Eugènie Le Sommer, Ouleymata Sarr (61′,Marie-Charlotte Leger). Coach : Corinne Diacre.

Banc : E. Cascarino, Ines Jaurena, Daphné Corboz, Sakina Karchaoui, Faustine Robert, Karima Benameur, Pauline Peyraud Magnin.

Italie : Laura Guilani – Elena Linari, Alia Guagni (cap), Elisa Bartoli, Cécilia Salvai, Martina Rosucci, Barbara Bonensea, Aurora Galli (85’Greta Adami), Daniela Sabatino (64′ Valentina Giacinti), Cristiana Girelli, Benedetta Glionna (46′ Valentina Bargamaschi). Coach : Milena Bertolini.

Banc : Chiara Marchitelli (GK), Rosalia Pipitone (GK), , Frederica Di Criscio, , Flaminia Simonetti, Laura Fusetti, Linda Tucceri Cimini, , Eleonora Goldoni, Martina Lenzini, Martina Brustia.