Dans un sport qui avait perdu beaucoup de son caractère et de sa différence, ce qui en faisait son talent, Sandrine Bretigny, 33 ans, qui détient le record du plus grand nombre de buts marqué en championnat sous les couleurs de l’OL (48 buts en championnat en 2005-2006) devenue coach sportif et installée dans le staff de l’Olympique de Marseille a remis les crampons pour cette seconde partie de saison et a tout simplement planté deux buts au troisième du championnat de France, peut-être futur finaliste ou vainqueur de la Women’s Champions League 2018.

Il y a de la qualité dans la trentaine.

Voilà mesdames ou plutôt mesdemoiselles. Si vous voulez admirer des joueuses, n’oubliez pas de regarder derrière, dans le passé. Il y a de sacrés tempéraments et les jeunes à venir vont devoir « cravacher » sec pour se mettre au niveau de celles qui ont mis la barre de la performance féminine française haute. Pour l’instant, à l’évidence, trop haute.

Un petit retour en arrière pour ceux qui découvriraient Sandrine Bretigny, lyonnaise, allemande puis juvisienne. Peu utilisée dans l’Essonne, elle part tenter l’aventure marseillaise en D2F puis fait monter le club comme avant-centre (23 buts) pour ensuite, faire partie de l’équipe qui est revenue de l’enfer de la D1F. Onzième en novembre, quatrième à la fin du championnat.

Quatre buts seulement, mais des buts essentiels, notamment celui qui restera dans les mémoires, face à Juvisy son dernier club. Un but salué à la mode américaine. Maillot retiré, glissade sur les genoux et cri de victoire lancé à tous les supporters. C’est elle qui avait aussi marqué le seul but concluant la dernière victoire de Juvisy face au PSG.

Sandrine Bretigny, buteuse lors de la dernière victoire de Juvisy face au PSG. Crédit Massardi. Lesfeminines.fr

Sandrine Bretigny, buteuse lors de la dernière victoire de Juvisy face au PSG. Crédit Massardi. Lesfeminines.fr

A l’OM, l’important c’est la section, pas la division.

Cette saison Marseille est mal. Dans le classement, mais aussi sur le plan budgétaire. Le club masculin se fout, à raison, de sa place en D1F, vivant très bien le faire d’avoir une section féminine en D2F dès lors que des filles portent le maillot ciel et blanc et que personne ne puisse leur dire qu’ils n’ont pas intégré le mot féminin au mot football.

Pourtant l’arrivée du nouveau propriétaire américain laissait présager d’autres ambitions. Visiblement, tout cela est à mettre dans la pochette « du peut-être ». celui que les parents disent à leurs enfants quand ils ne veulent pas traiter d’un problème.

Les joueuses nous rappellent que l’attrait dans leurs performances, c’est pas qu’elle soient des filles, mais c’est qu’elles sont continuellement en train de se battre pour ne pas reculer. 

Il reste que les joueuses, les féminines du football sans être les féministes, ont toujours couru pour gagner et pas pour faire jouer un étendard qui ne soit pas celui de la performance. Alors, avec rien dans les poches, elles se battent pour ne pas reculer si elles ne peuvent pas le faire pour avancer.

Sandrine Bretigny, dans cette rencontre contre le troisième du championnat, entre à la 73′ (source footofeminin). Les marseillaises sont rentrées aux vestiaires avec un (2-0). Un premier but dès la 3e sur une tête de Linda Sembrant et un pénalty de Janice Cayman à la 25e. Tout ce qu’il faut pour vous mettre la tête dans le sac en se disant que sur le jeu en mouvement, l’OM maintient la différence. Ces fameux moments où les coups de pied sont arrêtés ! Manque d’expérience.

Avec le troisième, le retour court en kilomètres (168 kms 9) va être long dans les têtes. C’est Valérie Gauvin (66′) sur un centre de Le Bihan qui envoie les marseillaises à leurs études et elle, à l’espoir maintenu d’un maillot bleu sur les épaules lors de la prochaine convocation. Aux Etats-Unis pour la ShebelievesCup, face aux meilleures nations mondiales : Américaine, allemande et anglaise.

Brétigny is back. 

Puis arrive la détermination Bretigny. 33 ans. 1m63 nous dit wikipédia. Une liste de saisons longue comme le bras. 73′ entrée. 76′ marqué ! Plus rapide qu’un garçon de café parisien. Aussitôt la commande dite, aussitôt la commande servie. Une erreur de mains de Méline Gérard qui fait trop propre et pas assez sécurité pour que la balle arrive dans les pieds de Bretigny. Sans contrôle. Lucarne. Filets. But. (3-1). La renarde de la surface de réparation a retrouvé sa place.

95′. Tout est terminé. Le peu de spectateurs du football féminin enclenche le premier pas pour sortir. Les joueuses se détendent. On est dans l’attente du sifflet de l’arbitre. Tout le monde sauf Bretigny. Un centre de l’islandaise Fridriksdottir  nous dit footofeminin et une tête de Sandrine Bretigny (3-2).

Là, Montpellier est soulagé quand l’arbitre siffle les trois coups fatidiques. L’avant-centre marseillaise doit ruminer en allant aux vestiaires. (3-2), c’est pas loin d’un nul et trois buts, en D1F, c’est beaucoup trop pour revenir. Elle le sait, elle doit le savoir. La D2F, c’est possible de ne pas y aller, mais aller il faut que toutes les joueuses soient en mode commandos et sportives, sans se préoccuper si le portefeuille marseillais va s’ouvrir.

Tant mieux si c’est le cas. Peu importe si cela ne l’est pas. Mais (3-2) face à Montpellier, pour le douzième et dernier du championnat. C’est un bon motif d’espoir et de travail.

Sandrine Bretigny is back.

C’est pas rien en football féminin. Belle perf !

William Commegrain lesfeminines.fr

Source footofeminin.fr

Samedi 13 janvier 2018
Montpellier – Marseille : 3-2 (2-0)
Montpellier (Stade Bernard Gasset 7 – Terrain Mama Ouattara) – 181 spectateurs
Arbitre : Victoria Beyer
1-0 Linda SEMBRANT 3′ (Coup franc de Toletti côté droit à 30 m pour la reprise de la tête de Sembrant à 6 m)
2-0 Janice CAYMAN 25′ s.p. (Main de Laplacette dans la surface. Penalty frappé du droit à ras de terre par Cayman sur la droite de Richard)
3-0 Valérie GAUVIN 66′ (Centre à ras de terre de Le Bihan entrée côté gauche de la surface pour la reprise du plat du pied droit de Gauvin à 8 m au second poteau)
3-1 Sandrine BRETIGNY 78′ (Centre venu de la gauche, Gérard plonge au point de penalty mais le ballon lui est disputé par Cardia et relâché, Brétigny à l’affût reprend de volée du droit à 11 m et place le ballon dans la lucarne gauche)
3-2 Sandrine BRETIGNY 90+5′ (Centre de Fridriksdottir repris de la tête)

Avertissements : Toletti 34′ ; Laplacette 24′
Montpellier : Gérard ; Torrent, Dekker, Sembrant (cap.), Karchaoui ; Veje (Romanelli 80′), Torrecilla, Toletti (Le Bihan 58′), Cayman ; Gauvin (Blackstenius 69′), Jakobsson
Banc : Joly, Romanelli, Blackstenius, Léger, Le Bihan
Marseille : Richard ; Laplacette (Cardia 46′), Pizzala (cap.), M’Bassidje, Lakrar ; Alidou (Bretigny 73′), Gadea, Soulard ; Caputo (Dali-Storti 55′), Fridriksdottir ; Asseyi
Banc : Saint-Léger, Antoine, Cardia, Dali-Storti, Bretigny