La venue de Claire Lavogez dans le 91, au FC Fleury, dernier du championnat pendant longtemps pour maintenant, après trois victoires quasiment consécutives, se trouver premier non relégable dans un championnat à cinq points entre le 5e et premier relégable est un sacré coup. Il était intéressant d’en savoir plus sur ce projet qui a retenu l’attention de la jeune internationale française pour son objectif : retrouver l’équipe de France.

L’homme, 57 ans, 30 ans de Présidence, parle rapidement. A la tête de plus de 1000 salariés dans le milieu du transport, il a des réponses rapides. Pour autant, la dimension humaine est au coeur de son raisonnement. Pour preuve, en précisant que l’un des projets du FC Fleury 91 est de créer « des aides aux devoirs », lui l’enfant de l’école publique qui est allé jusqu’en maîtrise d’Anthropologie, et qui reconnait qu’aujourd’hui, pourtant, ce n’est pas tant le diplôme qui fait l’emploi que le réseau.

Justement, c’est une de ses visions de bâtisseur. Faire en sorte que le FC Fleury devienne le club qui soit le « Home sweet Home » de ses membres, rappelant « vous savez, on a beaucoup de bénévoles, de gens âgés, de retraités, qui se retrouvent dans cette maison en construction ». Associant les jeunes des 48 équipes qui constituent le club, débuté il y a un certain temps, en quatrième division de district.

Pourquoi appeler ce dirigeant autrement qu’en cherchant à savoir de quels arguments il a pu user pour convaincre Claire Lavogez de venir porter les couleurs rouges et noires, dans un stade pas si loin de la prison de Fleury-Mérogis, pour son projet « Bleu, blanc, rouge » 2019 ?

Une rencontre et deux besoins qui se retrouvent.

Nous avions des besoins qui se sont rencontrés. Elle, c’était l’équipe de France. Nous, c’est d’avoir le même projet de jeu offensif et de rester impérativement en D1F. « Elle a très bien posé son problème et a pris son temps pour réfléchir. Son désir et sa volonté sont de retrouver l’Equipe de France. Elle devait avoir la certitude d’être titulaire dans une équipe qui a un projet de jeu qui lui convient. Elle a donc pris contact avec moi, les coaches, l’environnement et a choisi nos couleurs plutôt que d’autres. » Mais comment l’avez-vous sollicité ? « Simplement, lors de la rencontre fédérale du 16 décembre dernier, j’ai discuté avec le Président Aulas, sachant que la joueuse cherchait à bouger, qui m’a précisé qu’il ferait tout pour suivre le choix de la joueuse. Ou rien contre. Après, nous avons eu la visite de Corinne Diacre, dans le cadre de son périple auprès de tous les clubs et l’échange s’est excellemment passé. Après réflexion, nous avons donc décidé de jouer la carte française puisque nous étions à la recherche d’une joueuse offensive. Après l’accord de Claire Lavogez, il restait à nous entendre sur le plan financier. Notre offre était à la hauteur de nos moyens avec un effort supplémentaire. Elle a convenu à chacune des trois parties et après l’accord des services juridiques, l’opération s’est faite ».

Un objectif réévalué 

Voilà une belle opération de réalisée qui amène d’ailleurs Pascal Bovis à espérer d’atteindre l’objectif de la 5e et 6e place du championnat, qu’il juge possible « après l’intégration de Marine Haupais récemment ». Bel objectif pour un club montant qui, au fil des matches, regarde plus haut.

La voix d’ailleurs se place avec plus de certitudes, devenant quasiment celle d’un supporter, en argumentant qu’avec un tel effectif et plus de dix changements, « pourquoi ne pas rêver à un beau parcours en Coupe de France » -finale- après avoir passé l’obstacle difficile nancéien qui s’annonce dans ces 32e avec une redoutée nancéienne Marlyse Ngo Ndoumbouk (ex-St Maur, 33 ans) a 21 buts (meilleure buteuse D2F), 12 buts devant sa seconde et sans -encore- la présence de Claire Lavogez, plébiscitée dans les réseaux sociaux.

Cela correspondrait à un de ses objectifs : « amener les gens au stade » pour leur donner l’envie de partager, sur l’instant, le moment d’émotion du beau jeu que procure le football.

Le football féminin, pourquoi ?

A un moment où la performance féminine de l’Equipe de France n’est plus autant acquise, le Président Pascal Bovis expose ce mariage de raison entre le FC Fleury 91 et le Val d’Orge (2018), qui à l’origine était une des sections du FC Fleury (dans les années 90). « Stratégiquement, nos contacts partenariats pour le FC Fleury sont de bien meilleures qualités en ayant une équipe en D1F qu’avec notre équipe masculine, qui bien que première, se situe en National 2. Ensuite, nous apportions au Val d’Orge qui avait de gros problème de terrains et de déplacements, l’infrastructure pour se maintenir en D1F ». Finissant avec ces mots « Je ne peux pas dire que nous en sommes au mariage d’amour mais on a dépassé depuis longtemps, celui de la raison ».

« Plus précisément ou globalement, le football féminin m’intéresse car il a une fraîcheur que l’on ne retrouve plus dans le milieu masculin avec cette volonté de compétitivité qui lui donne son charme particulier et sa raison d’être », allant jusqu’à évoquer la valeur symbolique de l’émancipation féminine à travers le sport.

Le football pourquoi ? 

Reste ma dernière question. Pourquoi le football quand on est à la tête d’une entreprise de plus de 1000 personnes ? En plus depuis 30 ans. Un besoin sociétal ? Une envie de performance ? Une expression individuelle ? L’habitude ? « Un peu de tout cela » répond Pascal Bovis. Le sociétal on en fait avec Madagascar. La performance est aussi dans l’entreprise qui accueille, à des postes importants, d’anciens footballeurs. L’expression individuelle. J’ai plus d’ennuis avec le football qu’avec mon entreprise ! ».

En fait, comme tous les Présidents, il y a le challenge que l’entreprise ne peut pas produire. L’entreprise est une machine de certitudes qui doit produire un bien et un service sans accroc, avec qualité pour que le client revienne ou communique nos coordonnées. Le sport est un monde d’incertitudes. On peut être en haut et très rapidement en bas, puis en haut. Le tout, dans la lumière.

C’est ce qui fait que le football a des Présidents, chef d’entreprise.

Gagner pour vaincre l’incertitude et faire une performance.

William Commegrain lesfeminines.fr