La jeune joueuse de 19 ans, bloquée à l’aéroport du succès en 2017.

Championne d’Europe 2016 U19 dans un match épique qui ne peut que laisser d’incroyables souvenirs, l’Espagne, sous une pluie battante. Avec un match retardé de plus de 2 heures. Jouée sur un terrain que la météo slovaque avait transformé en piscine municipale. La voilà partie pour tout avaler début Novembre et faire décoller le coeur des françaises quand, blessée le dimanche précédent le départ de la Coupe du Monde U20 en Papouasie-Nouvelle Guinée (Novembre), elle se retrouve avec son sac en bandoulière, le coeur chagrin. Les rêves remballés dans le coffre fort des secrets. En train d’apprendre, trop jeune, que le corps, dans le sport, détient la vérité.

Il va lui falloir aussi du mental pour ne pas ressasser à l’excès, les RDV ratés de la saison dernière. Il faut dire qu’elle a vu passer le titre de vice-championne du monde U20 que la France a obtenu et qui aurait pu se transformer, en sa présence, en titre royal (Novembre 2016). Puis l’aventure européenne de 2017 en U19 avec une finale perdue sur le fil pour la France. Le tout cumulé avec une longue absence en deuxième partie de saison au PSG faisant certainement perdre la seconde place qualificative détenue depuis quatre ans par le club parisien au profit de Montpellier. Plus encore, voilà une jeune fille de 19 ans qui voit passer devant elle une finale de Coupe de France face à l’OL et surtout une finale de Women’s Champions League (Coupe d’Europe).

Le tout à regarder devant son écran ou dans les tribunes alors que sa place aurait été, à l’évidence, sur le rectangle vert. Peut-il y avoir plus de frustration ? Surtout dans des équipes qui auraient eu une arme en plus en l’ayant sur le terrain.

Début 2017-2018, la jeune joueuse parisienne a une faim de loup.

Auteure de 6 buts en championnat la saison dernière pour seulement sept matches, la jeune internationale française laissée volontairement par Corinne Diacre à Gilles Eyquem (coach des U20) pour la Coupe du Monde bretonne d’Août 2018, a signé cette saison 12 buts pour 11 titularisations sur 12 matches de joués .

Elle a toujours cette capacité à marquer dans les matches importants, en ouvrant le score lors de la 1ere journée (1-1) face à Soyaux, comme en marquant contre le Paris FC dans le derby francilien (0-1). Certes, elle est un peu plus attendue et sa seconde étape sera de marquer contre les leadeurs du championnat (Montpellier et l’Olympique Lyonnais) où on a vu, que placée sur le côté, il lui était difficile de se retrouver devant le but, compte tenu du peu d’actions qui se terminent dans la surface face à de tels adversaires.

Néanmoins, elle a pris une sacrée assurance face à des adversaires plus moyens en réalisant deux triplés contre l’Olympique de Marseille et contre le Losc. C’est le signe d’une marque de certitudes qui ne demandent qu’à grandir.

Placée seconde au classement des buteuses (12 buts) dans une équipe parisienne, actuellement seconde du championnat, mais qui marque moins que ses concurrents (Ol 59 buts et Montpellier 42) avec 34 buts, elle représente 1/3 des buts de l’équipe de Patrice Lair ce qui lui donne une statistique très correcte dans un effectif parisien qui cherche à se renforcer offensivement.

On a vu contre l’Olympique Lyonnais qu’elle a encore de l’expérience à acquérir pour se sortir d’un marquage très serré que lui avait prodigué Saki Kumagai, l’obligeant à remiser très souvent et lui retirant l’essentiel de qualité : sa présence dans la surface qui fait qu’elle voit avant les autres, le ballon qui va -où et quand- arriver.

A 19 ans, c’est une joueuse française qui a un très gros potentiel si elle continue à progresser. Elle sera un des atouts majeurs pour Gilles Eyquem en U20 afin de gagner le titre de Championne du Monde, après la troisième place canadienne en 2014 et la seconde de 2016 et certainement l’atout principal de la France lors de l’Euro 2021, le mondial 2023 et les JO 2024 et pourquoi pas 2019, si sa progression explose.

William Commegrain lesfeminines.fr