De Londres, après Tottenham (5-2) Southampton. Superbe Boxing day at Wembley.

La France a besoin de nouveautés qui fonctionnent.

Lorsque Corinne Diacre a pris l’équipe de France fin août 2017 après l’hécatombe des espoirs féminins « Bleu, blanc, rouge » lors de l’Euro néerlandais portant sur la croix française, l’épitaphe « 2013-2017- « quart de finaliste des compétitions internationales », au lieu de l’espéré et possible « Championne », personne ne pense pour autant qu’il va y avoir tant de changements.

Déjà, le retour de « la Princesse » du football féminin, faisant si plaisir à ses nombreuses féministes, a un tel impact qu’à lui-même, il retourne une Equipe de France féminine dans le sens de la performance et de la réussite. La Dame de Soyaux, en trois saisons a acquit une notoriété et surtout une compétence avec son bail réussi de trois saisons (12e, 7e, 12e) à la tête du Clermont Foot 63, pensionnaire de Ligue 2 masculine, qui tutoiera même, l’opportunité de la troisième place qualificative en Ligue 1 lors de la saison 2016.

Mais dès Septembre, c’est une nouvelle Corinne Diacre 2017-2018 qui s’avance. Forte de son expérience et vécu dans le milieu masculin. Membre de ce Mandarinat des titulaires en exercice du BEPF. Patronne d’une équipe qu’elle jugera à construire et non pas à reconstruire. Mettant de côté, avec des mots très secs, le capitanat de Wendie Renard ; ne prenant pas Gaetane Thiney, pourtant seconde buteuse du championnat ; maintenant Laura Georges, en peine de titularisations au PSG et surtout convoquant une flopée de nouvelles joueuses, sorties de l’équipe de France B, pour les juger et les évaluer (Viviane Asseyi, Ouleymata Sarr, Valérie Gauvin, Marion Torrent, Ines Jaurena, Aminata Diallo, Léa Le Garrec, Théa Greboval, ..) avec une idée précise de ce qu’elle veut comme types de joueuses et de ce qu’elle ne veut pas.

Corinne Diacre a une idée précise de ce qu’elle veut construire.

C’est surtout ce point qui va être sa marque de fabrique. La quarantaine bien maitrisée, sécurisée par un contrat unique de quatre ans, travaillant sa communication sur tous les médias globaux (Radio, télé, journaux), la sélectionneuse française veut un style de jeu précis pour l’équipe de France féminine avec l’objectif fixé et non démenti, d’obtenir le titre suprême à domicile (Coupe du Monde 2019) comme vient de le réussir les Pays-Bas, classée 12e FIFA, sans championnat reconnu, et pourtant championne d’Europe 2017 transformant son pays en une vague Orange trop oubliée avec le résultat médiocre des hommes (non qualifié en Coupe du Monde 2018).

Un France-Chili au diagnostic inquiétant.

Pourtant, le premier match contre le Chili n’est pas une réussite. La 40e équipe FIFA, n’ayant pas joué depuis deux ans, pose des problèmes à l’équipe de France qui l’emporte sur le score serré (1-0) avec un but de Viviane Asseyi, marseillaise, revenue sous les couleurs bleues, à la 23e.

Il y avait comme un caillot dans le système sanguin français mais là, on est pas loin du risque d’embollie pulmonaire. Trop de contenus discutés et discutables, comme un excès de poids alimentaire, couvrent les dernières années des Bleues (2015-2017). La fédération en est à son quatrième changement en quatre ans (Bini, Bergerôo, Echouafni, Diacre). Très loin de la stabilité habituelle du football féminin. Le peu d’aficionados commencent à ne plus y croire, pire prêt à réclamer ce qu’ils avaient en espoir, Pas si loin d’une réalité d’ailleurs.

Ca tousse au 87 boulevard de Grenelle et chacune fourbit (activer ses armes) ses arguments pour passer de responsable à opérationelle qui n’est pas responsable, avec un football féminin qui grandit en pratiquantes grâce à des points obligeant les clubs amateurs à ouvrir des sections féminines pour se maintenir à des niveaux de compétition mais avec toujours la difficulté du réel. Trouver plus de onze joueuses sur une saison, c’est compliqué, voire très compliqué de le réaliser plusieurs années de suite. Nous amenant à douter si le seul point positif communiqué, l’est autant qu’il est présenté. L’expérience montrant que les chiffres, en football féminin, pouvant être sans problème maquillés. Geste de filles.

On se retrouve avec un réel qui ne convient pas. Et toujours, cette échéance de la Coupe du Monde 2019 à la maison. Espoir incroyable et potentiel envisageable qui semble s’éloigner de plus en plus à grand pas. Pouvant transformer l’ambition à « tout prix » en risque de cauchemar industriel.

Le France-Espagne, et sa « danse des Sioux » comme un médicament salvateur !

Le France-Espagne sera le médicament qui remettra la circulation sanguine française dans le bon sens. Un très beau (3-1) plein d’espoirs avec une nouveauté jamais vu sur le plan international. Une ronde « enfantine » faite par les françaises à chaque corner, pour qu’elles se dispersent au moment de la frappe et s’alignent, en mouvement, à chaque point névralgique de la surface de buts, dans une course collective jamais rectiligne, qui bousculent les espagnoles. Les yeux hagards devant cette initiative.

On dirait un petit éclatement nucléaire de protons et de neutrons.

Cela donnera deux buts sur trois. Une très belle statistique !

Le premier, Amandine Henry ira chercher au coin des cinq mètres cinquante espagnole une balle qui avait tout, sauf d’être dangereuse, pour la ramener acrobatiquement plein centre et que Laura Georges, en voie un plat du pied si volontaire qu’il finira quasiment sous la barre, au nez des espagnoles, découvrant « la danse des Sioux » française, complètement hypnotisée par cette corrida qu’elles ne comprendront pas. Les 6.488 spectateurs su stade de l’Epopée de Calais se disent qu’ils sont, peu nombreux, mais à l’évidence, au bon endroit et au bon moment (20e, 1-0).

Eugènie le Sommer mettra un superbe second but suite à une entente d’école avec Ouleymata Sarr, toute nouvelle convoquée, pour un but où « la Calamity Jane française » prendra le dessus, en vitesse et initiative, sur les pistoleros espagnoles. Toujours en retard face à la vitesse de la française (2-0, 38′). Il faudra une superbe maitrise espagnole sur un contre pour que les limites françaises se remarquent face à la 17e nation FIFA et qu’avec deux joueuses, elles jouent comme des toreros, de la défense des Bleues (57′, Marion Caldentrey, 2-1).

Le bonheur sera « Bleu,blanc rouge », avec une nouvelle « danse des Sioux » qui fera décoller Ouleymata Sarr pour un troisième but des Bleues (71′) et son premier pour la nouvelle lilloise qui venait juste de quitter les bancs du PSG, faute de temps de jeu significatif. Le bonheur était total pour elle. Elle venait juste d’entrer en jeu et signait sa seconde sélection en A.

L’innovation paie car elle surprend

Depuis, les françaises ont renouvelé cette ronde. Visiblement, avec les vidéos, tout cela est analysé. Pas sûr qu’elle donne la même efficacité. Il faudra trouver autre chose puisque les deux dernières rencontres ont donné deux résultats sans but français (Allemagne 4-0 ; Suède 0-0) après néanmoins un « neuf buts marqués français » pour aucun d’encaissé contre la 3e Fifa (Angleterre 1-0) et un bien plus modeste Ghana (8-0). Elle aura eu le mérite de montrer qu’il faut innover, même si cela ne constitue pas une garantie de pérennité.

L’innovation paie, car elle surprend. En écrivant cela, je pense à Gérard Prêcheur (OL) qui avait mis une ligne de défense à trois avec Amandine Henry arrière latérale face à Wolfsburg lors de la finale WCL de 2016. le but était venu de cette décision. Cela n’avait pas pour autant empêché les allemandes de revenir pour perdre aux tirs au but (1-1, 6 à 7).

Une belle initiative originale française.

William Commegrain lesfeminines.fr