Directement de la D2 à l’Equipe de France. 

Sera-t-elle de la partie ce soir face à l’Allemagne sous les caméras de Cstar à 17h55 ou sur ses nouvelles terres bordelaises, lundi 27 ? Seule Corinne Diacre le sait. Sauf qu’au mieux, dans les deux cas, elle aura fait une belle performance.

Personne dans les années récentes où le football féminin a pris de la consistance et de la concurrence au niveau des joueuses, personne n’a pu intégrer directement l’Equipe de France A sans être passée longtemps par les sélections nationales de jeunes (U17, U19, U20) et encore moins quasiment directement en Equipe de France A (une seule sélection en B).

Bel exploit pour cette marseillaise de 23 ans qui possède un jeu proche de celui de Louisa Necib. Dans le dribble court et l’élimination.

Que dire alors de cette performance lorsque l’on rappelle que l’an dernier et les années précédentes, elle jouait le championnat de D2F sous les couleurs du GF 38 – anciennement Claix – (2012-2017), suivie par de nombreux clubs de D1F, maintenant sous celles des Girondins de Bordeaux (2017-2018).

Une fille de caractère. 

Le défaut est souvent un excès de qualités non-canalisé. Ce sont les mots que j’utilise auprès des jeunes en formation et en constitution de vrais diplômes.

Nicolas Bach, coach de Claix et du GF 38, connait bien cette joueuse : « Elle avait son caractère, elle l’a toujours, elle a ses défauts mais elle a travaillé dessus, ce qui compte aujourd’hui c’est son évolution qui a été importante et le fait qu’elle ait gardé ses qualités. Gentillesse, honnêteté »

La jeune joueuse avait ses sautes d’humeur. Elle pouvait facilement sortir d’un match pour une injustice qu’elle ressentait. Le coach grenoblois le reconnait. C’est avec plaisir qu’il a vu la jeune joueuse en prendre conscience et faire le travail qu’il convenait de faire pour avancer. « Elle devait apprendre à mieux gérer ses émotions, mais ce n’est pas moi qui l’ai changée, c’est elle qui a fait le chemin, comme Aminata Diallo, elles avaient besoin d’un peu de temps et d’être guidée. Beaucoup de gens ont aidé Nadjma, mais c’est elle même qui a fait le chemin ».

Les statistiques disponibles sur footofeminin, si criantes de vérités qu’elles prêtent à sourire. Une saison 2012-2013 avec 2 matches comme titulaire pour que la saison suivante, elle soit à 23 buts et 19 matches ! Une autre saison 2015-2016, avec seulement six matches et aucun but. Et, la voilà l’année suivante avec 14 buts pour seulement 8 matches de joués avant de partir pour Bordeaux. Un peu moins de deux buts par matches…

Belle statistique. Dès lors que le chemin personnel a été entamé, le talent et les capacités sont ressorties.

Suivie par de nombreux clubs de D1F

Nicolas Bach : « Oui elle était suivie, car elle est pleine de qualités sur le terrain, d’ailleurs elle est partie à Bordeaux en D1… ». 

Il,faut dire qu’elle a un profil rare dans le football féminin. Capable de dribbler et d’éliminer pour servir ou marquer. Jérôme Dauba, le coach bordelais interviewé en début de saison conformait qu’il avait choisi ce style de profil avec Rose Lavaud pour compenser le départ d’Emelyne Laurent vers l’Olympique Lyonnais.

Nicolas Bach, la présente professionnellement ainsi : « Nadjma est une joueuse offensive de percussion, capable de changer de rythme et d’éliminer ses adversaires dans de petits espaces. Autant capable de bien de faire des passes décisive que de marquer ».

De là à monter au plus haut niveau !?

Un bref retour sur les statistiques de cette année montre que la joueuse a fait huit matches sur neuf comme titulaire mais sans pour autant marquer de buts. On peut s’étonner qu’elle grimpe déjà au plus haut niveau de l’élite française, pas loin de l’élite mondiale.

Un petit peu de réflexion suffit à imaginer que son passage en Equipe de France B a soufflé son coach Jean-François Niemezcki pour ne pas manquer de conseiller à Corinne Diacre ce type de profil qu’elle ne possédait pas encore dans les essais qu’elle mettait en place. Et voilà le jeune bordelaise, toute juste promue en D1F, prête à porter le maillot des Bleues face soit à l’Allemagne ou la Suède, médaille d’or et d’argent des derniers Jeux Olympiques !

L’an dernier, elle jouait en D2F, devant 150 à 350 spectateurs. Famille et amis compris. Là, ce sera entre 10 et 20.000 si elle entre dans l’une des deux parties.

Il y a des sauts de puce, des sauts de grenouille, puis le célèbre pas de Neil Amstrong sur la Lune.

On va dire qu’elle a fait un pas « entre ces deux extrêmes ! »

Pour Nicolas Bach qui s’empresse de faire comprendre à Raphaël Gomez qu’il ne cherche pas à complimenter ou à s’attribuer des louanges qui sont d’abord celles de la joueuse, confirme : « Oui bien sûr qu’elle avait le potentiel pour l’Equipe de France, et cela depuis 2012. Mais il fallait trouver l’équilibre pour qu’elle s’exprime, aujourd’hui elle l’a trouvé, il faut maintenant travailler pour que cela dure ».

Pour terminer par un regard de professionnel : « Corinne Diacre, comme tout les entraîneurs cherche à gagner. Donc si Nadjma est performante et rentre dans le projet collectif… alors elle y restera ».

Farid Benstiti me le confirmait dans notre interview (à paraître semaine prochaine). Les coachs français sont très bons. Ils ont très bien formé la jeune génération de maintenant. C’est bien de rappeler que le football féminin est un sport de performance. Donc de vérités. On peut le faire ou pas, sans avoir à appeler, papa, maman, la marraine, la tutrice, le pape et Dieu certainement. Cela peut s’avérer gênant pour eux.

Texte William Commegrain. Interview Raphaël Gomez pour les féminines.fr

Ali Nadjim Nadjma. 1 sélection avec les B lors du premier stage de l’année en 17 au 19 Octobre.