Les premiers mots en zone mixte de Nora Coton Pelagie, qui a porté les couleurs du PSG, d’Issy FF et de l’ASSE résument au mieux et le mieux la situation de l’Olympique de Marseille après cette seconde défaite de rang et la 5ème de la saison pour aucune victoire, bloqué à 3 points : « c’est inquiétant, c’est même très inquiétant ! ».

Descendu à la 12e et dernière place du classement, sans avoir rencontré le PSG (9e journée), l’OL (10è), Rodez et le Paris FC. Avec en plus un grouppetto qui s’échappe composé de Guingamp et Rodez qui ont pris les trois points de la victoire (6 pts) ; les voilà qui peuvent même être distancés en cette fin d’année par le FC Fleury si elles passent correctement cette fin d’année (s’opposant à l’OL et Montpellier comme à Guingamp et Rodez)

Il faut dire que la presque trentenaire, aux 196 matches en D1F, sait « de quoi » elle parle. Notamment dans ce match que le Fc Fleury 91 a quasiment mené de bout en bout.  Lionel Cure, le coach de Fleury comme Salma Amani et Léonie Multari –elle qui portait les couleurs de Marseille l’an dernier- ont un mot à la bouche : « Enfin ! »

Enfin, ce maudit coup du sort qui faisait que les essonniennes recevaient ou repartaient avec une défaite qui assassinait leurs espoirs du moment avec un but dans les arrêts de jeu, leur donnant pas moins de 7 défaites sur 7 matches, ne s’est pas produit et la roue semble vraiment, symboliquement, avoir tourné avec, à la 90′, un tir de l’internationale islandaise Fridriksdottir, dégagé sur la ligne par Léonie Multari, laissant la victoire méritée aux couleurs rouges et noires qui ont pu chanter.

Une construction en deux temps

Alignée dans un 4-2-3-1, Fleury a développé un jeu de possession au milieu grâce à la qualité du duo entre Clemaron Maeva et Corboz Daphné, l’une plus physique et l’autre plus technique. Elles se répartissent les rôles et avec Teninsoun SISSOKO qui a joué très haut pour une défenseuse centrale, Fleury a campé dans la partie marseillaise en alimentant sur le côté droit, une Sarah Palacin, excentrée inversée, qui a été un poison pour sa latérale, Amandine Soulard.

Ce n’est pas loin d’une dizaine d’attaques qui se sont faites sur ce côté, avec un superbe enchaînement de Sarah Palacin (11e) que la grande gardienne canadienne Geneviève Richard, sorti aux poings. Pourtant, faute de pouvoir centrer dans la foulée avec un pied droit plus faible, faute d’avoir des coéquipières dans la surface, ces attaques sont restées trop infructueuses pour inquiéter l’Olympique de Marseille.

De son côté, l’OM va briller par l’intermédiaire de Viviane Asseyi, au four et au moulin, mais sans possibilité de créer le danger, faute d’appuis devant et de soutien derrière. Il faudra un coup de pied arrêté de M’Bassidje Anaïs, détourné par la tête de Nora Coton Pelagie, dans les pieds de Viviane Asseyi qui la glisse à Cindy Caputo pour que l’OM croie en son destin. La jeune marseillaise la glisse entre la portière et le poteau pour marquer le but de la délivrance .. supposée. (0-1, 14′).

Délivrance supposée car s’il y a une chose à retenir de ce match, c’est la solidarité et la confiance qu’a le groupe essonnien à croire dans le fait qu’elles sont au niveau de la D1F et qu’elles le méritent.

Elles vont donc continuer de plus belle pendant quinze bonnes minutes pour ne souffler que durant cinq minutes et encore repartir de plus belle, se rendant compte que l’OM ne met pas le pied sur l’accélérateur qui pourrait les mettre à défaut voire plus à cet instant du match. C’est ainsi qu’à la 39′, Maeva Clemaron envoie un tir des vingt cinq mètres, direction la lucarne, ne se terminant en corner qu’avec la taille de Geneviève Richard.

Fleury n’était pas loin de l’égalisation alors que l’OM n’a jamais été près du doublé.

Une seconde mi-temps avec Fleury qui s’impose sans contexte

Les joueuses sortent glacés. Un vent fort souffle dans ce stade champêtre. La pluie s’annonce. Les conditions commencent à être dantesques. En onze minutes, Solen Dallongeville sort trois cartons. Deux du côté marseillais avec Dali Lalia (52′) pour un tacle sur Sarah Palacin, un autre pour Cindy Caputo pour avoir poussé un ballon (55′) et un dernier, logique, « la réponse du berger à la bergère » pour Sarah Palacin (56′).

Les conditions, le tableau d’affichage, l’enjeu prêtent à cela. Charlotte Bruere, la latérale droite de Fleury se transforme en milieu excentré et son physique fait mal au côté gauche de l’OM. Salma Amani monte d’un cran et l’emprise du milieu essonnien récupère tous les ballons obligeant les marseillaises à relancer loin et dans des espaces vides. Trop vides pour crée un danger.

Ce sont des vagues qui arrivent contraignant les marseillaises à un déchet technique rendant impossible la gestion efficace de contres. Le mental est pour les locaux, avec une Salma Amani, sur le côté gauche, qui pique à droite. Voit les buts, tir et trouve le dos de Tess Laplacette pour égaliser malgré le retour de Geneviève Richard (1-1, 60′).

Ce but fera mal. Il annihile les espoirs de l’Olympique de Marseille, les ramenant de par trop à ce qu’elles connaissent depuis le début de la saison quand, au contraire, il galvanise le FC Fleury donnant du corps et de la réalité à cette volonté de s’imposer en D1F, pour la première fois et dans leurs têtes, certainement pas pour la dernière.

C’est le moment fort de Fleury, souvent à droite et on voit Sarah Palacin, Charlotte Bruere déborder pour centrer sur Salma Amani, prête à tous les efforts pour récupérer cette balle et la transformer en buts. Il faudra une erreur de la gardienne marseillaise Geneviève Richard qui se fera tromper par un excellent corner direct de Daphne Corboz, au four et au moulin et qui donne une couleur de maintien au jeu essonnien (70′, 2-1).

L’incroyable est là. Il est d’autant plus incroyable qu’il est mérité et on se demande d’où peuvent venir les sept précédentes défaites tant le jeu est bien possédé par Fleury sur ce match.

Il reste que l’OM a un budget bien conséquent et que c’est justement dans ces moments là que le budget a une origine certaine. (2-1), le nul est à proximité. Les marseillaises n’en seront pas loin avec un coup franc déposé de Caroline Pizzala sur la tête de M’Bassidje Anaïs (70′), extérieur, comme de l’internationale islandaise Fridriksdottir Fanndis (76′) servie par Caputo.

Fleury répondra par deux belles intiatives de Sarah Palacin. L’une trop personnelle, l’autre trop collective. On sent que la fatigue commence à faire son ouvrage et les remplacements ne diminuent pas, des deux côtés, le bloc équipe et sa volonté. Un vrai contre marseillais sera pas loin d’être dangereux avec Pizzala, Coton Pelagie, Fridriksdottir, Asseyi ; mais ce genre de mouvements sera bien trop rare pour donner de l’espoir à l’OM et du désespoir à Fleury.

L’arbitre sifflera les trois coups finaux face à un public qui avait les yeux constamment portés sur leurs montres et la satisfaction essonnienne a été totale, tant pour les trois points de la victoire que pour la certitude qu’ils pouvaient donner : de la vérité à un jeu qui justifie d’un maintien en D1F ou a brillé Daphné Corboz et Maeva Clameron.

L’Olympique de Marseille partira avec le doute, sans avoir de réponses à apporter et avec la volonté d’en chercher les causes. Pour finir par le mot de Nora Coton Pelagie : « le travail, il faut encore plus de travail ! ».

William Commegrain lesfeminines.fr

FC Fleury 91 (2-1) Olympique de Marseille : Cindy Caputo (14′) ; Salma Amani (60′), Daphné Corboz (70′).

Avertissements : Palacin 56′, Amani 86′ ; Alidou 44′, Caputo 55′, Dali-Storti 62′, M’Bassidje 86′
Fleury : Gignoux ; Bruère-Clément, Sissoko, Multari, Coudon ; Corboz, Clemaron, Amani, Palacin (Mollet 85′), Fernandes (Dunord 68′), Rabanne (cap.) (Chatelain 75′)
Banc : Benoist, Traïkia,
Marseille : Richard ; Laplacette, Gadea, M’Bassidje, Soulard ; Coton-Pélagie, Pizzala (cap.), Dali-Storti (Hamidou 77′) ; Alidou (Fridriksdottir 70′), Asseyi, Caputo
Banc : Saint-Léger, Antoine, Ferral.

Lionel Cure le coach Fleury : Il y a eu un trio qui a bien récupéré le ballon au milieu et cela nous a fortement aidé. Elles ont été dessus sur quasiment tous les duels, cela a facilité notre jeu. Cela a été dur sur la fin. On a eu une grosse occasion de Marseille avec un sauvetage sur la ligne. C’etait du stress jusqu’à la fin. Marseille ne nous a pas surpris, plus technique que physique et elles n’ont pas réussi à passer. Sur des matches très équilibrés on prend des buts en fin de matches. On est très frustrés et avec cette victoire, cela nous construit pour l’avenir.

Le président Daniel Carric : on l’attendait depuis longtemps. On est passé près depuis quatre matches. Souvent dans les arrêts de jeu. La chance nous a souri aujourd’hui, notamment sur l’action de l’OM sur la fin.

Nora Coton Pelagie (OM) : Très deçu. très frustrant. On arrive à mener au score. je ne sais pas ce qui nous manque. Si c’est de l’envie ou de la chance ? Cela commence à être très très inquiétant. Il nous manque le mental, un peu de confiance, la peur de mal faire. De l’appréhension. Le fait qu’il y ait des nouvelles demandent un petit temps d’adaptation. On travaille et on espère que cela va payer. C’est alarmant. On s’inquiète. Après on sait comment est un championnat de D1F. Il peut basculer. La persévérance, l’acharnement et après le travail. Il faut travailler plus.

Salma Amani (Fleury) : les consignes étaient de passer par les côtés car c’est un bloc qui joue très regroupé. Cela a pêché dans le dernier geste. On a eu des occasions et on a réussi à les mettre au fond

Christophe Parra (le coach de l’OM) : Frustré. Encore une fois une fin de match et un dénouement de match identique à celui qu’on vit depuis le début de la saison. Est-ce que c’est mental ou psychologique. je pense que c’est surtout des erreurs individuelles qui privent le groupe, sa dynamique, sa synergie que l’on doit trouver pour renverser la vapeur et répondre à cette question : comment lutter contre l’adversité ? C’est plus de concentration, c’est plus de rigueur, c’est plus d’attention. malheureusement, quand tu pratiques un sport collectif, il faut accepter que tes collaborateurs fassent des erreurs. le but du jeu, c’est de travailler pour trouver des solutions et tenir un résultat pour assurer une première victoire. Tout n’est pas mauvais (..) il faut trouver les ressources. Je ne remets pas en question le mental des filles mais après c’est dans le jeu que tout se construit. on manque de constances, de clairvoyance, d’efficacité. Il y a beaucoup de déchets techniques qui mettent un frein à la bonne marche du jeu. Maintenant, c’est toujours difficile quand tu ne gagnes pas de matches d’assurer une certaine sécurité (..) Il faut aller chercher plus dans la réflexion personnelle et collective. Il faut une leadeur transformationnelle (…) Recruter, on est toujours arrivé à trouver des solutions. Recruter, quand tu cherches une solution, cette solution existe mais les budgets ne m’incombent pas, il faut poser la question à la direction ».

Extraits de la zone mixte.

William Commegrain lesfeminines.fr