Nombreux étaient les supporters déçus du retour européen de Montpellier après cette défaite à domicile face au modeste club de Zvezda. Il est clair que les objectifs d’image et sportifs n’ont pas été rempli et les montpelliéraines qui jouent aussi une carte « Equipe de France » pour certaines doivent avoir l’envie de faire payer l’addition « à leur adversaire » de cette retenue qui aurait du être « le tapis rouge » de la saison européenne de Montpellier.

Si le jeu montpelliérain suscite autant d’occasions qu’à la Mosson lors de l’aller, alors Montpellier devrait laisser une valise à Moscou dans les placards du club de Zvezda, vainqueur pourtant en terre française sur la marque (0-1, csc Linda Sembrant). En effet, si on peut vivre ce genre de match « cauchemar » pour Jean-Louis Saez, le coach des filles du Sud ; il est très rare qu’on le renouvelle dès lors que l’on a un niveau supérieur à son adversaire.

Ce qui est réellement le cas pour Montpellier, second du championnat de France la saison dernière et ayant gagné son ticket en s’imposant au Paris Saint Germain, finaliste 2017 de l’édition européenne. Une championne d’Europe 2017 en défense (Dekker, Pays-Bas) et une finaliste en attaque (Veje, Danemark). Deux suédoises de feu en attaque (Jakobsson et Blackstenius) et une capitaine suédoise (Sembrant) en défense. Un milieu espagnol international (Torriccella) et des jeunes françaises appelées en A (Gauvin, Torrent, Gérard, Toletti, etc..). Cela fait une belle paire d’As.

Comment expliquer alors ce résultat de Mercredi dernier (0-1) autrement que par un souci d’apprentissage (retour sur la scène européenne oubliée depuis 2009) et un excès d’émotions en jouant sur la pelouse phare des joueurs professionnels, devant un public réduit, avec la charge émotive de le convaincre à revenir et avec des joueuses qui reçoivent, aujourd’hui, les lumières de l’équipe de France A avec ses devoirs de performance, quand auparavant, elles n’avaient que leur propre mental pour seule obligation.

Plus d’ailleurs que le résultat du match s’il leur est favorable, c’est dans cet apprentissage que les montpelliéraines doivent impérativement évoluer ce que le PSG de Farid Benstiti avait réussi à faire, bien qu’ayant échoué la première année (élimination face à Tyresö en 2013, au stade des 1/16è pour leur retour).

C’est loin d’être une mince affaire que de prendre un habit de lumière qui vous tombe par surprise et devoir sur les épaules. Sabrina Delannoy (31 ans, retraitée du football, commentatrice sur Eurosport), la capitaine emblématique du PSG qui a connu ses premières sélections sur le tard (27 ans), en bénéficiant du projet de professionnalisation du Paris Sant Germain de 2012-2013, en est l’exemple type.

Aujourd’hui, avec ses 39 sélections, deux finales de la Womens Champion’s League (2015-2017), deux finales de Coupes de France (2014, 2017), quatre qualifications européennes de rang (2014, 2015, 2016, 2017), un Mondial 2015, un JO à Rio 2016, deux Euros 2013 et 2017 ; elles pourraient vous dire que l’Europe et le football féminin peuvent vous propulser loin quand vous vous qualifiez en haut du classement de la D1F.

Qui aurait pu lui prévoir ce parcours lorsqu’elle se fait éliminer à Charlety par Frankfurt, futur vainqueur en 2010 ?

Il est tout autant vrai que ce n’est pas dans le verre du passé qu’on peut affirmer le présent, la valise de dimanche face à Rodez à l’extérieur (0-6) qui joue selon les mêmes caractéristiques que l’ex-finaliste 2009 de la compétition, c’est à dire avec abnégation et sens du devoir défensif ne peut être qu’un signe positif pour ce retour européen qui se jouera aujourd’hui à 18h.

Oui, il y a une belle aventure à vivre avec le football féminin quand vous êtes européenne.

Aucune raison que Montpellier ne la rate d’autant plus, qu’en général, les clubs français vont soit en finale (OL et le PSG) ou se font soit éliminer par un club finaliste et souvent vainqueur :

  • . 2013, Juvisy éliminé en 1/2F par l’OL finaliste ;
  • . en 2014, le PSG éliminé en 1/16è par Tyresö finaliste ;
  • . en 2015 l’Ol éliminé en 1/8è par le PSG finaliste ;
  • . en 2016, le PSG éliminé en 1/2F par OL (vainqueur) et,
  • . en 2017 les deux clubs français seront en finale européenne.

Et Zvezda 2005, en respectant cette équipe, n’a rien d’un futur finaliste de la Women Champion’s League 2018.

Le championnat de France doit montrer sa valeur et prendre le dessus, malgré les obstacles, sur la détermination et l’abnégation russe. Les montpelliéraines rencontrent souvent cet obstacle en championnat, et ce n’est pas la tactique « catenaccio » de l’Euro 2017 qui doit pouvoir s’imposer dans une rencontre avec un tel enjeu.

Il est temps qu’on ne qualifie plus les jeunes pousses françaises comme des jeunes joueuses, mais comme des joueuses aux potentiels européens. Ce match, doit servir à cela.

William Commegrain lesfeminines.fr

les autres rencontres :

Les 16è de finale, matches retour (résultats du match aller en parenthèse) :

Bayern München – Chelsea (0-1)
Wolfsburg – Atlético Madrid (3-0) 
Lyon – Medyk Konin (5-0)
Barcelona – Avaldsnes (4-0)
Fortuna Hjørring – Fiorentina (1-2) 
Zvezda-2005 – Montpellier (0-1)
Brøndby – LSK Kvinner (0-0)
Brescia – Ajax (0-1) 
Manchester City* – St. Pölten (3-0) 
Linköping – Apollon (1-0)
Glasgow City – BIIK-Kazygurt (0-3)
FC Zürich – Gintra Universitetas (1-1) 
Slavia Praha – Minsk (3-1)
Sparta Praha – PAOK (5-0)