C’est incroyable ce qui se passe au Paris Saint Germain en l’espace de trois mois ! Finaliste en Juin de la Coupe de France et de la Coupe d’Europe, à deux doigts d’obtenir le sacre européen et voilà que trois mois plus tard, dans le club de la capitale qui se veut être une capitale de football mondiale, auréolée d’un Paris 2024, le PSG féminin est plus proche de l’explosion interne que de la fusée lancée en direction des titres à conquérir !

Tout d’abord, une éviction du coach des U19 Pierre-Yves Bodineau, avec un non-renouvellement de contrat surprenant après deux titres nationaux consécutifs pris à la barbe lyonnaise (2016-2017). Ensuite, un début de saison sans recrue mondiale pouvant remplacer immédiatement le départ de la brésilienne Cristiane même si le transfert rémunéré de kadidiatou Diani laisse envisager de bonnes choses. Un combat d’habitués pour chiper Amandine Henry qui se termine, aux points, en faveur du Président Aulas, attendue en Novembre dans le Rhône. Un début de saison chaotique avec un match nul, validant la difficulté pour les parisiennes de gagner en 2017 et faisant oublier la performance de 2016, et sa place de premier pris à l’OL en fin d’année. Un groupe d’U19F, sensée représenter la relève, sans coach pour leur premier match. Des jeunes joueuses prêtées, diminuant la qualité du banc. Et maintenant, un terrain substitué pour des raisons cartésiennes, aux féminines du PSG ne sachant plus où aller et rendant, le vice-champion d’Europe 2015 et 2017, SDF. Le PSG féminin SDF. C’est une insulte et un manque de respect aux sans domicile fixe.

Sans oublier que Corinne Diacre retire un sacré avantage aux clubs leadeurs de la D1F en ouvrant sa sélection à tous les clubs. Les jeunes féminines sont maintenant plus à la recherche de temps de jeu que de la couleur du maillot qu’elles portent dès lors qu’une rémunération de base leur est offerte.

On peut penser que tout cela tourne dans la tête de Patrice Lair qu’on verrait bien en train de lire avec précision son contrat pour voir s’il n’y a pas là, les conditions d’une rupture de contrat à l’initiative de l’employeur. Et ensuite, quelles sont les conditions du marché lui qui est armé d’un BEPF.

Un contenu et la gagne et l’espoir est là ; le contraire, et l’orage se prépare !

Le match de cet après-midi aura certainement cet angle et cet enjeu. Quel contenu ? Quel résultat face au club montant de la D1F qui aura recruté dans ses rangs, une jeune Ouleymata Sarr, sortie de l’ombre dans lequel elle avait été plongée au PSG, pour défendre un premier maillot bleu en l’honorant d’un but et d’une grinta pour y revenir.

Il va y avoir un véritable enjeu sur cette pelouse du Camp des Loges et si une jeune fille de 22 ans arrive à précipiter le vice-champion d’Europe dans l’interrogation alors le PSG va vivre la saison de Juvisy de l’an dernier. Un bateau qui ne sait pas si, à un moment, il ne va pas couler et qui finit par arriver sur le rivage, sain et sauf, en se disant : « quel orage ! ».

Le coach parisien sera-t-il l’homme de la situation lui qui a toujours dit qu’il était celui de la performance.

Le match de cet après-midi est un véritable match à enjeu. C’est quand même fou, quand on y pense, qu’un club avec une telle identité comme celui du PSG, une réelle performance la saison dernière avec deux finales de Coupe, de se retrouver potentiellement dans cette interrogation.

L’environnement du football féminin a vite bougé ces derniers temps. La valeur astronomique des jeunes joueurs masculins faisant faire un 180° aux clubs professionnels ; la stratégie de Corinne Diacre ouvrant aux jeunes et à tous les clubs ; les premiers bruits de la Coupe du Monde 2019 mettant une réalité à une ambition. Tout a changé, quasiment structurellement, en l’espace de trois mois.

Les filles sont très sensibles à la stabilité et à l’instabilité. C’est à réfléchir et à agir.

William Commegrain lesfeminines.fr