Grenoble. ITW de Nicolas Bach par Raphaël Gomez. La D2F ressemble de plus en plus à ce qu’était là D1F avant l’omniprésence des contrats fédéraux dans la division d’élite. Sauf, que le regard des coaches de D2F savent maintenant la force de la montagne qui les attendent, s’ils se mettent à vouloir gravir le chemin qui mène à l’Everest féminin : la D1F. Raphaël Gomez, a interrogé Nicolas Bach, ex-coach de Rodez et depuis plusieurs saisons, à la tête du GF38, toujours dans les quatre premiers du championnat avec maintenant, assez d’années en D2F pour que le club se dise et fasse comprendre aux autres, que la montée pourrait être un véritable objectif.

Alors que les débuts de championnat de football féminin se dessinent à l’horizon, nous avons contacté le GF38 sur ses ambitions pour la saison à venir.  Le coach grenoblois, Nicolas Bach, a bien voulu nous consacrer un peu de temps pour nous informer sur les moyens que le club a engagé pour cette saison.

Lesféminines.fr. Vous avez investi cette année, plus que les années précédentes. Comment cela s’est-il manifesté ?

Nicolas Bach : « Ecoute, la première chose c’est qu’en D2 on n’est pas un club professionnel. Donc les filles sont sur des doubles projets. Les moyens qu’ont a investi, c’est essentiellement comment proposer aux filles soit de se former, soit de travailler à coté, soit pour certaines d’être embauchées au club sur un travail d’éducatrice où autre. Voilà ce que l’on a proposé aux filles ce sont des doubles projets pour leur permettent de faire du sport de haut niveau. C’est ça l’enjeu en  D2. En D1 il y a de plus en plus de clubs à structures professionnelles, qui ont des filles qui deviennent professionnelles (ne se consacrent qu’au football) pour au moins un tiers».

Lesféminines.fr A propos de la réussite de Val D’Orge, avec une montée qui s’est jouée sur les derniers matchs, comment trouvez-vous leur réussite et les moyens qu’ils se donnent pour la D1 ?

Nicolas Bach. « Voilà ce qui avait fait leur force c’est d’avoir recruté des filles de la D1 et qui ont emmené cette expérience là. Au sujet des budgets, c’est Dijon qui avait le plus gros. Derrière il y avait Val d’Orge et Toulouse et après il y avait nous. Val d’Orge avait réalisé un contrat pro et des filles en contrat sur des joueuses qui étaient en D1. Là, cette année, ils ont vraiment des filles qui ont de l’expérience et qui ne font que ça, comme une joueuse qui vient du PSG (Sarah Palacin). Voilà, par rapport à nous et à l’an dernier, ils mettent vraiment des moyens (gros moyens en comparaison de ceux de D2F) pour se maintenir. »

Les recrues grenobloises. De gauche à droite : Emma Smaaly, Laurianne Cervera, Emylie Girard, Inès Boutaleb, Cindy Perrault, Maureen Palma. Photo : Raphael Gomez. Lesfeminines.fr

Les recrues grenobloises. De gauche à droite : Emma Smaaly, Laurianne Cervera, Emylie Girard, Inès Boutaleb, Cindy Perrault, Maureen Palma. Photo : Raphael Gomez. Lesfeminines.fr

Lesfeminines.fr. Au niveau de votre recrutement, vous avez fait venir 4 joueuses de D1, et pas des moindres puisqu’il y a quand même 3 joueuses d’Albi D1, Cindy Perrault, Emylie Girard et Laurianne Cervera ainsi qu’une olympienne Inès Boutaleb et Cassandre Furuberget (ex Montpellier), libre. Cela a pour but de montrer les ambitions du club de vouloir accéder au plus au niveau non ?

Nicolas Bach. « C’est ce que l’on voulait, on s’est préparé pour ça. On espère que l’on a fait les bons choix. Après Toulouse a récupéré aussi des filles de D1, de Rodez, une de Bordeaux et une de Montpellier. Ce sont des filles qui ont côtoyé le haut niveau et les autres aussi se sont renforcés».

Lesfeminines.fr Beaucoup de changements dans certains clubs. L’ASSE et DIJON ont changé d’entraîneur. D’un autre côté, vous êtes là depuis quelques saisons. Cela peut se traduire par une meilleure compréhension avec les joueuses ? Cela peut-il aider la structure ?

Nicolas Bach. « De notre côté, il y a eu des chamboulements dans l’effectif. A Toulouse il y a Franck, qui connait le foot féminin.  Tu sais ce n’est jamais un gage de garantie et de réussite. Je suis sur qu’à un moment les groupes et les joueuses se  prennent en main. Nous on est une structure d’encadrement après avoir fait le bon choix, c’est à Elles de faire le travail sur le terrain.

La saison dernière Val d’Orge a justement su souder un groupe malgré une défaite contre nous et contre Dijon ».

Grenoble. Raphaël Gomez pour lesféminines.fr

La D2F a de l’avenir en restant D2F. C’est une question qui se pose dès lors que l’enjeu de la D1F est financier pour équilibrer des contrats fédéraux qui pour autant, ne garantissent pas aux joueuses un quelconque avenir financier sécurisant la période après-football, à l’exception des filles composant l’équipe de France.

Elle risque d’être « la division réelle » du double projet avant que les jeunes joueuses de la D1F et leurs parents ne fassent le constat des limites d’un salaire à 2000 euros mensuel pour l’avenir après trente ans de leur progéniture.

A moins que, entre temps, les salaires féminines soient plus conséquents.

Il faut des pistes de réflexion. En voici une. La montée en D1F pour une joueuse, ne pourrait se valider qu’après une formation professionnelle réussie (20 – 24 ans) ou, un contrat fédéral ne pourrait être signé, pour un temps complet, que dans le cadre d’un passeport professionnel établi et déjà entamé et en cours de validation. Pourquoi pas ?

Car aujourd’hui, la demande de professionnalisation (temps complet) des joueuses n’a eu comme véritable source que la réussite de l’équipe de France, pouvant irradier (sponsors, envie des joueuses, médias, public) l’intérêt du football féminin sur l’ensemble du territoire. Là, il faut prévoir que cela risque de se compliquer.

William Commegrain lesfeminines.fr