Un sélectionneur doit être sûr de ces choix. C’est exactement le cas de Martin Sjögren, le sélectionneur norvégien, qui, quelque soit le résultat, ne bouge pas d’un iota de la perception qu’il a de ses joueuses. Chez l’ex-coach de Linkoping (Champion suédois 2016), cette qualité poussée à l’extrême est un défaut. Dans cet Euro, un défaut très prononcé.

Il y a la réflexion et il y a le terrain. Il semble que le coach a pensé, parié ou imposé sa vision avec l’idée qu’elle s’appliquerait dans tous ses aspects, de la meilleure des manières, sur le terrain.

Mettre la capitaine et milieu de terrain Mjelde en défense centrale pour lui demander d’être devant dans les dix dernières minutes d’un match (Norvège-Belgique 0-2). Puis la changer lors du dernier match (Norvège-Danemark 0-1) pour la placer pied inversée en milieu excentré et voir qu’elle bute, énervée, sur une occasion où elle est obligé de forcer son droit n’ayant pas de pied gauche ..

Porter en latérale titulaire, l’attaquante Thorsnes (3 derniers matches) sur le côté gauche qui n’a fait que de se noyer à ce poste pendant l’Euro et face à la France. Puis, Changer pour le dernier match (Norvège Danemark 0-1), en demandant à la latérale droite de se porter à gauche et mettre à droite une autre attaquante, Minje, pour la voir buter et prendre la responsabilité du dut danois, faute d’avoir le réflexe de la défenseur.

Ce coach a fait des choix incroyables. Pensant qu’il avait raison.

Les faits lui ont donné tort.

Le football féminin est très organisé. Les féminines n’aiment pas les changements. Elles s’expriment au mieux quand elles connaissent les choix du coach, les titulaires et comprennent alors « les ajustements ». Elles n’aiment pas les changements car ils sont souvent synonymes de défaites avant d’être des victoires. Or, à la différence des hommes qui ont plus de matches pour se refaire, les féminines détestent les défaites. A un point rare. Enfin, elles en connaissent avec précision le responsable. Pourquoi ? Il n’y a pas plus obéissante que des sportives de haut niveau en football. Le coach demande cela, alors elles vont tout faire pour le réaliser. Même si elles n’y croient pas. C’est l’abnégation féminine pour le collectif.

Quand vous prenez tous ces ingrédients. Nul doute que pour les joueuses norvégiennes, le responsable des trois défaites n’est que le sélectionneur Martin Sjögren qui a commis l’erreur d’appliquer une tactique nouvelle, non maitrisée par ses joueuses, dans une compétition officielle.

Devant la TV, devant la nation. Quand le football féminin essaie tant bien que mal d’être à la hauteur des rêves du public, sachant qu’on lui pardonnera beaucoup plus que pour les hommes, au simple fait « qu’elles sont moins fortes ..! » La pire des excuses pour Elles qui donnent tant pour être reconnues.

Je pense que le coach suédois était trop sûr de ses idées. Peut-être bonnes mais pas adaptées au moment. Il est à mon sens, responsable de ce qui est une déconfiture norvégienne (3 défaites, 0 point, 0 but). Aucun match gagné, aucun but de marqué pour une équipe vice-championne d’Europe en 2013 (*) avec la meilleure attaquante européenne dans ses rangs.

Dommage, mais les faits sont les faits. Si la Norvège veut revenir, il va falloir qu’elle gagne des matches car son classement FIFA va en pâtir. Et en football féminin, on reste collé longtemps à un classement FIFA.

William Commegrain lesfeminines.fr

(*) Comme d’ailleurs l’Angleterre en 2013 qui avait été vice-championne en 2009.