Merci Amandine Henry. Comment commencer un résumé de cette partie sans dire à quel point la joueuse « à l’esprit américain » a insufflé une volonté constante d’aller de l’avant pour s’opposer au résultat que l’Autriche avait imposé à la 27′, sur une touche détournée qui se promène dans la surface pour finir dans les pieds de Makas et aller au fond des filets de Sarah Bouhaddi (0-1, 27′).

Les Bleues menées contre le cours du jeu.

Le ciel tombe sur la tête des françaises qui se voient dans une configuration qu’aucun classement ne pouvait présenter. Menées par la 24è équipe FIFA. En football féminin, c’est loin. Très loin. Le moral peut être d’autant plus bas qu’une mauvaise relance de Sarah Bouhaddi vers Griedge MBock, permet à Billal de récupérer la balle dans les pieds de la lyonnaise pour la glisser à Feiersinger qui trouve le chemin du but … quand la gardienne française se détend et la sort du cadre (23′). 

DFXO2KGXYAEfF3dle but Autrichien de Makas à la 27′.

La petite Allemande rencontre une petite France qui n’a plus de mémoires.

En quatre minutes, toute la domination française des quinze premières minutes est passée à la trappe. Les mouvements d’horlogers entre Gaetane Thiney, Elise Bussaglia, Eugènie Le Sommer et Marie laure Delie sont oubliés. La France a perdu la mémoire. Elle a oublié le sauvetage sur sa ligne de la gardienne autrichienne Zinsberger (16′).

Ce n’est pas que la France a peur. C’est juste qu’elle n’a plus cette mémoire. Alors commence les approximations vues contre la Norvège en match amical, le une-deux qui ne trouve pas le trois. les mouvements qui ne passent plus obligeant Amandine Henry et Elise Bussaglia (31′, 35′) à jouer de leurs déterminations en sollicitant Zinsberger sur des tirs de loin puissants mais sans danger.

Les autrichiennes tentent des incursions mais l’expérience et la vista de la capitaine française Wendie Renard sont telles qu’elle leur retirent toute consistance, ce qu’elle fera pendant toute la durée de la partie.

On est là dans un « no man’s land » entre une défense qui n’est plus inquiétée et une attaque qui ne passe pas. Le temps passe. Les minutes trépassent et rien ne se présente qui puisse retourner la situation. L’équipe de France semble en transit de quelque chose dont on ne sait quoi ? sauf qu’elle est menée au tableau d’affichage, dans un match à enjeu, avec – en tout et pour tout – deux incursions dans sa surface.

Les joueuses rentrent au vestiaire avec une évidence. La hiérarchie est mise à mal. Et pour l’instant, l’aiguille de la balance penche dangereusement pour l’Autriche quand pour le coeur des français, tout ce qui est de connotation allemande, n’est jamais très « folichon » pour les couleurs des bleues.

Une seconde mi-temps au son de la cavalerie. 

Le but d'Amandine Henry. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Le but d’Amandine Henry. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Comme d’habitude, la seconde mi-temps sera totalement française avec des joueuses qui essaient de sortir de leurs rôles pour créer de l’inconnu et de la surprise. Elise Bussaglia envoie une mine (48′). Eugènie Le Sommer essaie de passer. Bloquée par le nombre.

La France égalise, à l’impact.

Il faut pourtant une délivrance. Elle sera Royale avec une tête d’Amandine Henry (52′, 1-1, Amandine Henry) qui entre comme un boulet de canon dans les filets autrichiens sur un super corner d’Elise Bussaglia avec trois autrichiennes qui se sont évertuées à bloquer Wendie Renard.

Sur ce, l’américaine de Portland redonne des vérités à la force française. La France cherche à prendre le dessus. Là encore, comme d’habitude, elle a tous les ballons. Ils passent devant la surface (60′), sont joués mais extérieurs (61′, 80′, 88′, 89′, 93′). Seul un superbe tir croisé d’Amandine Henry est à deux doigts d’aller en lucarne opposée si ce n’est que Zinsberger sort une horizontale, main inversée qui repousse la balle sur la transversale (69′).

L’Autriche défend et contre.

Du côté autrichien, c’est la défense. La défense et encore la défense. Par contre toutes les balles qui entrent dans la partie française sont pour elles, des balles d’attaques et on voit Prohaska qui est un homonyme de l’excellent numéro 8 des années 80, envoyer une reprise de demi-volée des trente cinq mètres qui avait tout du plus beau but FIFA de l’année 2017 si elle n’avait trouvé l’horizontale de Sarah Bouhaddi (78′).

Un partage de points qui vaut une défaite. 

Le match se terminera sur le même constant. Depuis deux matches, elle finit ses matches en dominant mais en étant heureuse au résultat (1-0 face à l’Islande sur pénalty à la 85′, égalisation face à l’Autriche). La chance est toujours là.

Il y a une vérité. On le sait, l’équipe de France n’a plus les accélérateurs pour mettre à mal une défense bien en place. Elle se crée des occasions mais la moindre erreur défensive peut lui coûter la victoire.

C’est contre cette alchimie « dominer et prendre des buts » que l’équipe de France doit lutter face à la Suisse qui est une équipe pragmatique et cartésienne. Les suisses savent calculer. Il lui faut trois points. Donc elle jouera pour ses trois points.

Olivier Echouafni et son staff doivent se poser les bonnes questions pour trouver le bon équilibre. N’a-t-il pas commis un excès de confiance en changeant cinq joueuses ? Toutes les liaisons sont-elles performantes ? Jusqu’à s’interroger sur l’opportunité de laisser le jeu aux adversaires ?

Mercredi, contre la Suisse. ce sera une finale. Et il faudra surtout des joueuses qui jouent et ont les moyens de gagner une finale. La Suisse, jouera, elle aussi une finale. Sans pression ni états d’âmes.

Ce qui me surprend depuis plusieurs matches. Sans raison, la France perd le fil du match. Elle commet des fautes inhabituelles. Et, se fait sanctionner en étant obligée de se poser des questions face à la 19è équipe Fifa (Islande), 24è équipe FIFA (Autriche) et mercredi, 17è équipe FIFA.

C’est trop de questions. Une fois, c’est possible. Deux fois, c’est beaucoup. Trois fois, c’est trop. Il faut trouver des solutions et arrêter de se poser des questions.

William Commegrain lesfeminines.fr

EURO 2017 – 2ème match – 22 Juillet 2017 – FRANCE (1-1) AUTRICHE. Arbitres : Jana Adámková (CZE). Assistantes : Lucie Ratajová (CZE). Maria Sukenikova (SVK). 4è arbitre : Bibiana Steinhaus (GER). Carton jaune : Feiersinger (20′). 44′ Houara D’Hommeaux.

  • . 0-1. But de Makas (27′).
  • . 1-1 Egalisation d’Amandine Henry (52′)

FRANCE : Bouhaddi (GA) – Perisset, Renard (C), M’Bock Bathy, Houara-D’Hommeaux (63′ Karchaoui) – Geyoro, Henry, Bussaglia (78′, Abily)- Thiney (Diani, 70′) – Delie, Le Sommer. Coach Olivier Echouafni. 

AUTRICHE : Zinsberger (GA) – Schiechtl, Wenninger, Kirchberger – Feiersinger, Schnaderbeck (C), Puntigam, Aschauer – Billa (85′ Eder) – Burger (76′, Pinther), Makas (Prohaska, 69′) Coach : Dominik Thalhammer

Olivier Echouafni sur UEFA. : « Passer par les côtés face à un bloc très bas, c’est compliqué. A un moment donné, il faut trouver de la disponibilité et de la vitesse et si on n’arrive pas à se mettre dans le sens du jeu, ça devient compliqué.

La situation qu’a Marie-Laure (Delie) dès l’entame de match nous aurait permis de faire ressortir cette équipe d’Autriche. Ca ne s’est pas fait et ces moments de fébrilité, derrière on se met en danger alors qu’il n’y a aucune pression. Ce petit grain de sable a tendance à faire déjouer.

Certainement pas une défaite. Je pense que les Autrichiennes avaient une stratégie bien en place et on leur donne la possibilité de marquer le but. Il a fallu courir après le score. Ce sont des situations qu’il faut éviter face à des gros blocs défensifs. On a su mettre notre jeu en place en deuxième mi-temps et on a réussi à revenir au score très rapidement. On aurait dû marquer le deuxième but. Elles ont réussi un gros coup, mais moi j’ai de la frustration.

Je ressens un peu de frustration car je crois qu’on méritait amplement la victoire. Quand je regarde ce match, je n’ai pas la conception du football comme les Autrichiens : rester derrière, faire un gros blocage, ne pas jouer. On avait vécu ça face à l’Islande et ça s’est répété. Il fallait trouver des solutions, mais on n’en a pas trouvées. Nous, on ne s’est pas mis dans le sens du jeu en tout cas en première mi-temps. »

Dominik Thalhammer, sélectionneur de l’Autriche : « C’était très semblable au match contre la Suisse, une performance défensive. La France est une équipe de classe mondiale mais nous avons réussi à les mettre sous pression pendant 15 minutes en première période et à la fin de la seconde également. Bien sûr, nous songeons aux quarts de finale mais nous devons d’abord nous concentrer sur l’Islande. Nous devons nous assurer que les joueuses récupèrent bien. »Oui, nous étions défensifs comme l’a souligné le sélectionneur français, mais nous n’avons pas autant de joueuses de classe mondiale à notre disposition donc nous avons joué avec nos forces. »