France-Norvège. Mardi 11 Juillet. Direct CStar. 21heures. Pour une des premières fois où l’équipe de France féminine va jouer au stade Louis Dugaugez, dans cet antre sedanaise de 23.189 places qui a vu jouer Zacharie Noah et naître Yannick Noah, et où l’ex-sélectionneur des Bleus au masculin (1998-2002), Roger Lemerre (champion d’Europe en 2000), a titillé le ballon comme joueur et coach ; le coeur de la discrète Elise Bussaglia (31 ans, FC Barcelona, 171 sélections, 28 buts) va battre à la chamade.

La Lumière a besoin de l’Ombre et l’Ombre n’existe qu’avec la Lumière

Née à Sedan, ancrée dans cette terre où s’y trouve tous ses ami.es et famille. Si proche de ce tempérament de sanglier à qui rien ne fait peur, possédant en elle cette Nature qui passe de l’Ombre à la Lumière, de la dureté de l’Hiver aux magnifiques Solstices d’Eté, de la réserve des Protestants au romantisme de Rimbaud.

Qui est Ardennais est dans ces deux univers.

Difficile d’être plus modeste et réservée dans la communication qu’elle ne peut l’être avec ce caractère d’ombre qu’elle peut avoir et d’un autre côté, elle est la seule joueuse française qui peut dire, qu’elle a cherché et réussi à connaître toutes les aventures et lumières de ce football féminin français.

Lumière de la fôret ardennaise. Crédit Officie du tourisme. Lesfeminines.fr

Lumière de la fôret ardennaise. Crédit Officie du tourisme. Lesfeminines.fr

Elle ne vous le dira pas (Ombre). Elle le fera dans les faits (Lumière). Voyez le parcours unique. Avec cette quête de lumière naturelle.

  • Le Fcf Juvisy-Essonne, maintenant Paris FC, de 2004 à 2007, avec le titre de championne de France (2006) et de Coupe de France (2005) ;
  • Montpellier de 2007 à 2009 et une qualification en Women Champions League ;
  • le Paris Saint Germain de 2009 à 2012 avec la Coupe de France (2010) et une qualification en WCL ;
  • l’Olympique Lyonnais de 2012 à 2015 avec 3 titres de Champions et 3 coupes de France,
  • le VFL Wolfsburg de 2015 à 2017 avec 2 qualifications européennes (2016), 1 titre de Bundesliga (2017) et 2 coupes allemandes (2016 et 2017) et une finale de la WCL en 2016.
  • et maintenant une nouvelle histoire avec le Fc Barcelone.

Un peu à l’image de ces terres Ardenaises dont nous connaissons tous la portée dans l’Histoire et qui aujourd’hui, sont qualifiés « d’océans de verdure et de Nature » dans un Monde qui, de plus en plus, se numérise en gris, couleur de l’écriture ; Elise Bussaglia, lorsqu’elle va entrer sur le terrain sedanais, va déborder d’émotions à l’intérieur et s’insuffler une volonté de fer pour ne pas le montrer à l’extérieur. Elle sera comme les maisons ardennaises.

C’est à l’intérieur qu’il faut entrer pour en connaître la chaleur.

Son plus bel Opus ? C’est la joueuse de l’équipe féminine qui a donné à la France le goût de l’émotion en marquant à la toute dernière minute (88′), ce fameux but égalisateur contre l’Angleterre, en quart de finale de la Coupe du Monde 2011, portant les Anglaises sur le bord du quai qui les ramènera en Angleterre, quelques minutes après la fameuse séance des tirs aux buts (4-3) quand la France prendra le TGV de la reconnaissance, de l’émotion et de la médiatisation.

Sans Elle et cette égalisation, le football féminin français de maintenant et de 2019 n’aurait pas été le même.

Lesféminines : Avec le VFL Wolfsburg vous avez gagné le championnat et aussi la Coupe. Comment s’est déroulé la saison pour vous?

Elise Bussaglia. C’était une saison assez intense comme toujours avec un club comme le VFL Wolfsburg et les trois compétitions dans lesquelles on était engagé en début de saison. Je pense qu‘on a fait une très bonne saison, même si dans la première partie, on a connu quelques revers. La seconde partie de la saison a été assez exceptionnelle et cela nous a permis de faire le doublé national (Coupe et Championnat). En Ligue des Champions on est tombé sur une très bonne équipe de Lyon dès les quarts de finale, mais je pense que l’on aurait pu se qualifier. Cela a été un peu dommage. On a quand même fait un beau parcours dans la Ligue des Champions avec une victoire sur le terrain de Lyon, pour le match retour. C’est une super saison au niveau collectif et gagner ce doublé national en fin d’année c’est vraiment super.

Lesfeminines.fr Qu’est-ce que vous pensez de l’équipe de la Norvège? Vous aurez un match amical contre cette équipe, le 11 juillet à Sedan, votre ville natale.

Elise Bussaglia. Oui, ma ville natale et ma ville de coeur parce que c’est là où j’ai la plupart de ma famille et mes amis. C’est ma ville Sedan, cela sera un peu particulier, même très particulier.

La Norvège est une très bonne équipe aussi qui a changé d’entraîneur il n’y a pas longtemps et qui apparemment se reconstruit, repart de l’avant avec une philosophie de jeu qui est propre à cet entraîneur. L’équipe a des joueuses qui ont un talent assez incroyable comme Caroline Hansen ou Ada Hegerberg. Cela sera une équipe très difficile à jouer, je pense, mais cela nous préparera bien pour la suite, pour l’Euro. Cela sera une belle affiche, une belle adversité et j’espère qu’on prendra le plein de confiance dans ces deux matchs de préparation pour commencer l’Euro.

Lesfeminines.fr Deux clubs français ont atteint la finale de la Ligue des Champions. Est-ce que vous croyez que le foot féminin français, et particulièrement l’Équipe de France se trouve enfin sur la route du succès pour gagner un titre?

Elise Bussaglia. Le foot féminin l’a déjà montré plusieurs fois, ne serait-ce qu‘avec l’Olympique Lyonnais au niveau européen. Moi, je n’aime pas trop dire que c’est sûr. Ce sont deux clubs français et Wolfsburg c’est un club allemand, mais si on voit l’effectif de ce genre de clubs, c’est un effectif multi-cuturel avec beaucoup de nationalités différentes.

C’est sûr qu’il y a une philosophie allemande quand on joue à Wolfsburg. Une philosophie française pour Lyon et Paris. Ce sont deux clubs français, je ne dis pas l’inverse. Mais pour moi c’est un peu différent de comparer des clubs et des équipes nationales. Donc, certes je suis très heureuse pour Lyon et Paris parce que elles ont fait un beau parcours en Ligue des Champions, même si j’aurais préféré qu’on se qualifie avec Wolfsburg pour cette finale, mais je suis très contente pour le foot féminin français, qu’il y ait deux clubs français qui le représente.

Maintenant je pense que c’est différent. Lyon a une façon de jouer, Paris en a une autre et l’Équipe de France a encore une autre. Donc c’est sûr que là un club français va gagner un titre européen, c’est une très bonne nouvelle. Maintenant cela sera encore autre chose pour l’Équipe de France cet été, voilà on a fait une bonne saison avec l’Équipe de France aussi, notamment en gagnant la SheBelievesCup. On a montré de quoi on était capable et on a gagné un trophée, même si c’était justement un tournoi amical, c’était quand même important pour nous, en tout cas dans nos têtes pour voir qu‘on est capable de gagner ce genre de tournoi.

Maintenant il faut qu’on arrive à le faire sur une compétition officielle et sur un championnat d’Europe. Cela va être très difficile parce que toutes les équipes sont vraiment au top de leurs formes, toutes les équipes seront bien préparées. Cela sera à nous de bien figurer dans cette compétition et d’aller au bout parce qu’on en rêve depuis quelque temps. Pour le foot féminin français, encore plus qu’une victoire en Ligue des Champions, c’est une victoire de l’équipe nationale dont le football féminin français a besoin, cela serait vraiment le top de gagner cette Euro.

Lesfeminines.fr Cela fait deux ans que vous évoluez en Bundesliga. Si vous regardez le championnat français, voyez vous, depuis, un changement dans le championnat français?

Elise Bussaglia. C’est sûr que Lyon a quand même encore de l’avance au niveau du championnat et ils ont aussi gagné la Coupe de France cette année, alors on peut encore considérer que Lyon est un crin au-dessus au niveau national, mais ensuite c’est vrai que le reste est quand même assez homogène dans l’ensemble puisque un club comme Paris a eu quelques revers cette saison et Montpellier a su en tirer profit, parce qu’elles ont fait une super saison.

Elles ont mérité de se qualifier pour la Ligue des Champions. C’est aussi très bien pour le foot féminin français que Montpellier retrouve la Ligue des Champions, parce que cela faisait quelques années maintenant. Et aussi on voit l’émergence des clubs comme l’Olympique de Marseille par exemple qui est monté en première division et qui finit pour sa première année quatrième. C’est une bonne chose. Si les équipes professionnelles peuvent développer leurs structures féminines, cela ne peut être que positive pour le foot féminin français. Voilà Bordeaux qui a réussi à se maintenir en faisant match nul sur la dernière journée contre Paris. C’était assez surprenant au vue des statuts des deux équipes, mais voilà c’est bien aussi pour Bordeaux qui est soutenu un peu par le club des Girondins. Après, le championnat par rapport à la Bundesliga il reste encore un peu en dessous, je pense, mais petit à petit, il progresse.

Lesfeminines.fr. Pourquoi y-a-t-il encore si peu de joueuses françaises en Bundesliga? A part vous il n’y avait, dans le passé, que Sandrine Bretigny (FFC Frankfurt) et Marina Makanza (Turbine Potsdam). Quelles peuvent en être les raisons?

Elise Bussaglia. Je pense que certaines joueuses seront, dans l’avenir, intéressées pour vivre une expérience à l’étranger. J’en ai parlé avec certaines. Honnêtement je sais qu’elles rêvent un peu plus de vivre aux États-Unis que de vivre en Allemagne. C’est vrai que peut-être le pays fait un peu moins rêver. Après au niveau du foot, elles savent très bien que la Bundesliga a un niveau très élevé et elles sont intéressées par cela,mais après c’est aussi des choix de vie. Partir à l’étranger ? Pour partir où ? Dans quel pays ? Apprendre quelle langue ? L’allemand ce n’est pas ce qui donne envie, en priorité, à certaines françaises.

Je sais que par exemple, un pays comme les États-Unis ou l’Angleterre les attire un petit plus. En tout cas quand j’en parle avec elles ça les attire plus. Je pense que dans l’avenir il y a de plus en plus de françaises qui partiront jouer dans des pays étrangers, mais si cela sera en Allemagne je ne sais pas.

Après est-ce que les clubs allemands s’intéressent aussi beaucoup aux joueuses françaises? Est-ce que certains clubs allemands ont fait des propositions pour recruter des joueuses françaises, je ne le sais pas non plus. Cela va dans les deux sens. Donc, si les clubs veulent recruter des françaises, je pense qu’à un moment donné, cela se fera, mais …pour qu’une française veuille aussi jouer en Bundesliga ou dans un autre pays, il faut aussi que les clubs soient intéressés. Il faudrait aussi demander aux clubs allemands, aucune idée.

Lesfeminines.fr Où voyez-vous la France lors de l’Euro?

Elise Bussaglia. Ah, mais dans mes rêves je la vois soulever le trophée. C’est tout le mal que je souhaite à cette équipe, à notre équipe de France, parce qu‘on a travaillé depuis de nombreuses années. On a connu quelques échecs. Voilà on a vraiment envie de gagner cet Euro, maintenant avec l’expérience qu’on a de ces compétitions, on sait que c’est très difficile. Cela va être une bataille dure pour chaque match, toutes les équipes vont être bien préparées. Quand on voit les derniers résultats sur les différents tournois amicaux qu’il y a eu notamment au mois de mars. On voit que toutes les équipes qui vont participer à l’Euro, on les voit vraiment toutes progresser, donc cela va être difficile.

C’est presque impossible aujourd’hui de dire qui va gagner cet Euro, même si l’Allemagne peut être favori par rapport aux différents palmarès qu’elles ont. La Suède aussi a fait de bonnes choses dernièrement. Maintenant on verra ce qui le sera. J’espère qu’avec l’Équipe de France on arrivera à remporter cette compétition.

Merci à Elise Bussaglia pour cette interview

Gerd Weidemann lesfeminines.fr