Quand vous posez la question des Autres à Jean-Louis Saez, il vous situe l’Olympique Lyonnais pour donner une réalité à toute ambition quelconque dans le championnat de France.

Lesfeminines.fr Je vois bien Montpellier championne de France l’an prochain !? Avec un PSG qui doit se reconstruire et l’OL qui arrive en fin de cycle pour des joueuses essentielles dans un championnat plus relevé à sa base.

Jean-Louis Saez : « Je dirais que les années passées, à Noël ils étaient déjà champions. Aujourd’hui, c’est plus tard. Il faudrait que cela se passe comme cela. Le championnat, les matches sont difficiles à gagner. Lyon est encore au-dessus mais peut-être, on sent que c’est plus difficile que par le passé. Les Bussaglia, Necib, Schelin sont parties et dans ce nouveau cycle, elles pourront rencontrer quelques difficultés. 

Dans un groupe à vingt cinq, on a une plus grande capacité à moins lâcher des matches car on peut tourner. Mais on peut perdre en état d’esprit et en qualité de groupe. D’autres équipes vont pouvoir en profiter et cela donnera un championnat plus alléchant. 

Elles ont gagné à Bordeaux à 10 minutes de la fin. Paris les a accroché (défaite 1-0 au Camp des Loges) mais je pense que cette année, Lyon a une équipe incroyable mais, je le répète, avec le défaut d’être très nombreux et peut être de perdre en état d’esprit ce qui pourrait leur jouer des tours. A l’inverse, cela permet de faire reposer les joueuses et pour les filles qui ne jouent pas, lorsqu’elles jouent, de montrer quelque chose.

Il faudrait que dans ce championnat, pour qu’il soit plus ouvert que les équipe devant puissent perdre des points. Je crois que tout le monde travaille bien et l’OM, pour un promu, arriver quatrième … gagner deux équipes du top trois (PSG et Juvisy), cela fait longtemps que ce n’était pas arrivé.

Donc, ça bosse bien et on travaille bien dans les clubs. En conséquence, cela peut être difficile pour Paris, Lyon, comme Montpellier de gagner ses matches.

Pour nous, ce que j’attends de mon équipe c’est qu’elle continue à progresser ! Depuis que j’ai pris l’équipe, l’objectif est toujours d’être dans les trois ; et dans les trois, on ne se prive de rien. »

Lesfeminines.fr Tu as une inquiétude pour l’avenir ?

Jean-Louis Saez : « L’Algarve (début mars), c’est ma hantise.

L’an dernier on avait perdu contre Albi (2-0). Cette année, on s’est fait accrocher contre Juvisy (0-0). Après cinq matches en quinze jours, les joueuses, quand elles arrivent sont sur les rotules. Moi avec un effectif de 18 joueuses, j’ai peu de capacité à faire tourner et c’est la période où je lâche des points. Cette année, je vais compter sur mon groupe Elite pour compenser et faire tourner. 

Lesfeminines.fr L’Olympique de Marseille avec sa proximité peut te poser des problèmes de recrutement ? Ou d’autres ?

Jean-Louis Saez : « J’ai de bonnes relations avec Christophe Parra (coach de l’OM). L’année dernière, j’ai eu l’opportunité de donner des joueuses que l’on ne gardait pas comme Kelly Gadea et Viviane Asseyi. Il a été très content du coup de mains. C’est une relation qui s’est passée comme cela car c’était l’idée d’accompagner nos joueuses qui, si elles ne peuvent plus jouer à Montpellier, vont trouver du temps de jeu ailleurs.

Cette année, je suis très content que Solène Durand rebondisse à Guingamp et on est aussi là pour accompagner nos joueuses même si à un moment donné, elles pourraient rester. C’est bien qu’on s’occupe des joueuses pour la suite. Elle aurait pu signer à l’OM, elle a signé à Guingamp. Les joueuses sont libres mais l’essentiel est de les accompagner. Après elles font leur choix. Pour l’OM, c’était bien de sauter sur un gros projet comme l’OM avec ses 18 contrats fédéraux et je pense qu’elles ne sont pas déçues.

Pour nous, je crois qu’il n’y a que  Daughetee que l’on ne conserve pas. Elle retourne aux Etats-Unis ou va aller en Suède car elle a une opportunité mais je ne crois pas qu’elle jouera en France. » 

Lesfeminines.fr vois-tu des clubs en train de se manifester ?

Jean-Louis Saez : « Sur le plan financier Lyon met la barre très haute et Paris suit en essayant de calmer le jeu. A eux deux, ils peuvent attirer toutes les meilleures joueuses du monde. Nous, bien qu’elles sont toutes sous contrat fédéral, on est loin d’eux. 

Pour te donner une idée, en Allemagne, notre proposition – en dehors des internationales qui sont inaccessibles – est légèrement inférieure à la moyenne allemande. Maintenant, avec Madrid, Barcelone, les club anglais qui commencent à mettre la main à la poche ; on va être vite dépassé.

Ils en ont les moyens, pourquoi ils se l’interdiraient ? Sauf qu’il y a un problème, c’est qu’il y aura toujours qu’un champion. En football féminin, si tu mets beaucoup d’argent et que tu n’es pas champion … quel est l’intérêt ? »

Lesfeminines.fr Pour terminer, quelle est la part du coach dans la réussite d’une équipe ? Platini, au lendemain de son arrêt et en démarrant son poste de sélectionneur, avait dit : 10% !

Jean-Louis Saez : « Il y a des interventions sur le banc ou à la mi-temps mais l’essentiel du travail de coach se fait en amont : dans la préparation, dans la proposition de jeu, dans le contact et la gestion du vestiaire, dans le choix des titulaires et dans l’analyse du jeu des adversaires et surtout dans le jeu que l’on veut que l’équipe pratique.

A l’inverse, sur le terrain, c’est limité. Certains vont aboyer sur les joueuses. D’autres vont se taire. Il y a maintenant la mode de la zone technique ou d’autres restent sur le banc. Je crois que c’est chacun à sa manière mais le jeu appartient aux joueuses et nous ne pouvons intervenir qu’à des moments ponctuels, précis. Là, il ne faut pas se rater.

Pour rejoindre Michel Platini, et avec humour, je dirais : « quand l’équipe gagne, c’est les joueuses. Quand l’équipe perd, c’est le coach ! » (Rires des deux)

William Commegrain lesfeminines.fr

Merci Jean-Louis ! Qui sort d’ailleurs d’une très lourde opération des hanches. En pleine rééducation.