Montpellier retrouve l’Europe après la saison 2009. Est-ce à dire que Montpellier va casser sa tirelire et dépasser le budget d’1 million d’euros qui encadre les féminines du Sud de la France ? Avec quelle ambition Jean-Louis Saez va jouer cette saison 2017-2018 ?

Lesfeminines.fr. Tu peux proposer maintenant à des joueuses de disputer l’UEFA. Ce sont des arguments. Comment vas-tu construire cette nouvelle saison ? 

Jean-Louis Saez. « On ne va pas changer. On va rester dans la continuité de ce que l’on fait. Ce n’est pas parce que l’on fait la Ligue des Champions que l’on va recruter à tout va. On va rester dans cet esprit là. Cela nous a pénalisé en Coupe de France en étant sorti en quart de finale par l’ASSE dans une période où l’on était bien et là on a pas su trouver la solution et ce sera notre difficulté d’être engagé dans trois compétitions avec des filles qui vont en équipe nationale.

Mais on ne va pas changer car je veux garder l’état d’esprit qui pour moi est primordial et si on en est là aujourd’hui, c’est parce que cela fonctionne bien et marche bien.

Ce que l’on a voulu c’est d’être dans une logique de 18-20 joueuses en l’améliorant. 

Un groupe plus restreint va nous permettre de garder un petit peu cet esprit d’équipe et contenter tout le monde. Sur les trois compétitions, tout le monde trouvera du temps de jeu et on jouera à fond les trois compétitions. Le fait qu’il y ait un minimum de concurrence dans le groupe cela permet à chacune des filles de trouver son bonheur même s’il y en a qui voudrait jouer plus de fois et plus longtemps.  

Pour répondre au souci des trois compétitions qui nous attendent, j’ai crée un groupe Elite supplémentaire avec des jeunes U19 qui vont s’entraîner au même moment que les professionnelles, sur le même terrain à côté. Elles suivent des études aménagées et sont impliquées pour le sport de haut niveau le matin et l’après-midi, elles vont aller en cours, souvent en STAPS, et ce jusqu’en Licence. Comme cela, elles auront un premier bagage correct pour se lancer dans la vie active et en même temps, avant, pouvoir s’investir dans le sport de haut niveau.

De notre côté, elles vont entrer dans le groupe en sachant ce qu’elles peuvent nous apporter et notamment couvrir les périodes délicates avec les matches et les sélections des internationales.  Elles ont le même programme que les joueuses prof. J’aurai deux groupes solidaires côte à côte. Chacune sachant ce qui est attendu d’elle. »

Lesfeminines.fr Jean-Louis, Laetitia Philippe (gardienne titulaire et 3ème gardienne de l’EDF) va donc rester à Montpellier après l’arrivée de Méline Gérard (OL, seconde gardienne en EDF)

Jean-Louis Saez : « Laetitia Philippe, Je pense qu’elle est avec nous.

Au départ de saison tout le monde part à égalité. Ensuite, c’est le terrain qui parle. Les entraînements, le rendement dans les matches. Valérie Gauvin qui n’avait pas trop de temps de jeu en début de saison s’est retrouvée en avoir en fin de saison, à scorer. Tout le monde a sa chance sur une saison. Après on a des pics de forme, on est moins bien. Quand on est moins bien, il faut travailler, s’accrocher et à un moment donné, on est récompensé.

Globalement, l’idée pour moi est d’avoir ce noyau de 18 joueuses prêtes à chaque match où les unes et les autres sont proches. Après ce sont les meilleures qui jouent, pour tous les postes. A travers les années, j’en tire un petit peu une émulation et cela donne un resserrement plus rude chaque année. Cela pousse un petit peu tout le monde à être performant. » 

Lesfeminines.fr Comment vois tu arriver les jeunes joueuses ?

Jean-Louis Saez : « Il y a un risque et il faut être vigilant. Des filles qui sortent en Pôle, je n’en vois pas beaucoup qui sortent au haut niveau. Toutes les filles qui sont passées par les Pôles ont souvent disparu en deux ou trois ans car à un moment donné elles sont tombées dans des clubs pas assez armés  pour leur donner des conditions d’entraînements et à 23-24 ans elles font le choix d’avoir une vie affective et familiale car un moment donné, c’est beaucoup de sacrifices pour pas beaucoup de choses.

La réussite c’est de s’entrainer à 10h30. Si vous voulez vous entraîner le soir, vous serez amateur et vous aurez un jeu d’amateur. Comment faire progresser des filles qui sortent des Pôles à 19 ans après y être entrée à 16 ans et qui vont se retrouver dans des clubs amateurs avec un travail et des entraînements le soir, elles ne pourront jamais passer le cap de la progression.

Pour tous ces clubs qui veulent un résultat. Si on n’a pas assez de joueuses françaises pour avoir des structures capables de leur donner ses outils  là à disposition, ce sont des filles qui disparaissent et je vois beaucoup de filles qui jouent en D2 ou en DH qui me disent : j’ai fait Clairefontaine.  Derrière, il n’y a plus le support pour leur donner une progression. Elles ne font pas l’effort de continuer car elles ne ressentent pas l’idée que c’est une solution pour elle. Des fois, en D2, on me dit qu’à l’entraînement, elles sont 6-7.

Il y  a quatre ans à Montpellier, elles s’entrainaient le soir. Il n’y avait que Paris et Lyon à s’entrainer dans la journée. Marseille, s’est entraîné en journée, elles sont quatrième. Leur première année, ils ont été capable de faire 18 contrats fédéraux, de gagner contre le PSG et Juvisy. C’était une volonté de la part de la direction et une réussite. Quand vous avez les joueuses à disposition tous les jours pour faire de l’entrainement, de la musculation, de la récupération, vous attendez en retour des sportives de haut niveau. »

Lesfeminines.fr Laetitia Tonazzi, comment fait-elle pour être à 36 ans, attaquante et encore concurrentielle ? 

Jean-Louis Saez : « Laetitia, c’est une vraie athlète. Je ne la connaitrais pas et je la verrais. Je me dis : « c’est une étrangère ! ».

Elle a des abdos de fou, un corps de fou. Elle est hyper musclée. On sent que c’est une fille qui a toujours compris que son corps c’était son outil de travail même en étant un petit peu amateur avec Juvisy. Aujourd’hui, elle est récompensée.

Depuis Novembre, elle a un problème à le voute plantaire et elle patiente pour essayer que cette douleur s’estompe. C’est une fille qui a un comportement et une attitude exemplaire, à l’image des renseignements que j’avais pris : tu verras c’est une joueuse qui est généreuse sur le terrain elle ne compte pas les efforts, le déplacements pour les copines, dans le travail de récupération pour le ballon. Pour une attaquante, elle a une grosse capacité d’entraînement et elle est des fois trop généreuse. Elle s’est blessée en essayant d’aller loin dans l’effort.

Et quand on vieillit, on sait que ce sont les dernières années, avec de bonnes années derrière mais encore quelques une à gratter. Alors, avec son corps, je pense qu’elle pourra rejouer et physiquement elle est très affutée. »

William Commegrain lesfeminines.fr

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