Si Bordeaux mérite son maintien en D1F, qu’est-il arrivé pour que Saint-Etienne reste bloqué à ce niveau de points (15 points), ne gagnant qu’un point en huit rencontres et deux en dix !

Un premier acte plutôt positif

Pourtant cela commence plutôt correctement puisque Saint-Etienne fait même l’exploit de gagner face à Juvisy (2-0) à domicile pour le compte d’une 7è journée jouée le 11 janvier 2017, à la fin des matches aller pour cause de championnat du monde des U20 où les deux équipes avaient envoyé des joueuses titulaires qui reviendront vice-championne du monde 2017. Comble de l’Histoire pour les stéphanoises puisqu’ils auront même vu la révélation du talent de leur gardienne, Mylène Chavas, élue gant d’Or de la compétition.

Ce que les vertes ne savent pas, c’est que cela sera leur dernière victoire en championnat. Avec tous ses éléments, C’était d’ailleurs impossible à prévoir puisqu’à cette période, les Amazones regardaient vers le haut avec 4 nuls, 4 défaites et 3 victoires.

Les défaites semblaient logiques (PSG, Lyon et Montpellier) au sein de laquelle était venu s’insérer Marseille qui, dans l’avenir, la justifiera avec sa quatrième place finale. Seules, peut-être les matches nuls auraient pu porter à réflexion (Rodez, Soyaux, Albi, Guingamp) contre des équipes habituelles de la D1F ce qui laissait augurer soit des difficultés pour la phase retour ou au contraire, un meilleur résultat.

Le fameux verre à demi-vide ou à demi-plein.

Le second acte se transformera en gouffre de défaites

Saint-Etienne va perdre tous les matches en espérant faire mieux la prochaine fois. Ce qui n’arrivera pas mais avec l’espoir légitime d’y croire, se raccrochant soit à un match nul (Rodez-Saint-Etienne 1-1), soit à un coup du sort avec des égalisations adverses en toute fin de partie (90′ but de Metz) soit avec son parcours en Coupe de France et sa victoire face à Montpellier (0-1) à l’extérieur en quart de finale.

Le point qu’il fallait et qui paraissait impossible à ne pas venir tellement la liste de défaites est longue n’est jamais venu. C’est ce que l’on appelle une descente aux enfers.

L’arbre qui cache la forêt

Saint-Etienne ne s’est jamais senti en danger en ayant toujours des journées et donc des possibilités de rattraper lorsque la situation commençait à être interrogative. La 9è (PSG) a été jouée avant la 14è ; la 13è (Soyaux) avant la 19è et la 12è (Metz) avant la 20è. Cette situation a été l’arbre qui cache la forêt. Il y  avait toujours une opportunité de revenir.

De plus, mi-mars 2017. Le parcours en Coupe de France a rajouté à tout cela avec une superbe victoire face à Montpellier (0-1) ; sur les terres de dernier double-finaliste de la Coupe de France (2015 et 2016) et second du championnat. Comment penser alors que la descente va arriver pour ce club, pensionnaire de la D1F depuis 10 saisons (RC Saint-Etienne et AS Saint-Etienne) ?

Pourtant les stéphanoises ne prendront que 2 points sur 18 de possible (avec que des matches nuls) et 27 dans le cas invraisemblable à n’aligner que des victoires.

La défaite face à Metz

Si le (0-0) contre Bordeaux laissait augurer des difficultés de maintien compte tenu que les Girondines étaient calées depuis un certain temps à la dernière place du classement ; c’est certainement face à Metz (29 avril 2017) que les stéphanoises ont pris la clé du doute et de la descente avec le but de la victoire de Méline Pekel à la 91′ (1-2) donnant aux lorraines la dernière victoire de leur série en cours (Bordeaux, Rodez, Saint-Etienne).

Ce point manquant, qui coutera très cher, au final ne demandait qu’à aller dans l’escarcelle stéphanoise.

Une défaillance offensive face à des concurrents directs

En perdant face à Albi (0-1), Soyaux (1-0) sur le plus petit des scores, ne marquant pas face à Bordeaux (0-0), Saint-Etienne a montré des limites offensives et mentales qui ne pardonnent pas pour le maintien en D1F. Autant, il est prévisible et normal de ne pas marquer contre les grosses écuries du championnat (PSG, 0-6 et 4-0 ; Juvisy, 3-0 ; Lyon 0-6 ; Montpellier 0-8) ; autant il est impératif de marquer contre des équipes de dimension identique ; voire même inférieure puisque Hervé Didier nous disait que le budget de la D1F avoisinait les 750.000 €, bien au-dessus d’Albi, Soyaux voire Bordeaux.

Surtout une défense qui a explosé

Pour le plus grand nombre, c’est l’attaque qui a été défaillante. Pour ma part, je pense que les responsabilités sont plus que partagées compte tenu que Saint-Etienne « n’a pas mangé autant d’occasions qu’elles n’ont encaissé de buts ! ». Les gros scores face aux écuries du championnat (voir ci-dessus) auraient été l’indicateur à prendre en considération. En effet, dans ce championnat féminin, si les équipes perdent souvent, elles peuvent espérer conserver leurs places si elles arrivent à poser des problèmes aux leadeurs habituels (OL, Montpellier, PSG, Juvisy et OM).

L’ampleur des scores montre à quel point ce secteur de jeu avait connu des problèmes.

Le départ d’Hervé Didier

Annoncé très tôt, le 7 avril, le départ d’Hervé Didier pour des raisons présentées comme structurelles a aussi rajouté ce côté émotionnel et professionnel qui peut avoir des conséquences non maitrisables dans le parcours d’une équipe, dès lors que l’environnement n’est pas structuré pour protéger le groupe des effets d’une telle annonce.

Les féminines aiment très modérément le changement et surtout pas l’inconnue.

Bilan, Saint-Etienne va dans quelle direction ? Une femme coach s’impose.

Il me semble que Saint-Etienne trouve tout à fait normal d’avoir une section féminine mais est peu intéressé à avoir une équipe compétitive. Tout simplement, elle coûte trop chère pour le retour à en attendre. Le club stéphanois, comme celui messin, ne va pas renverser des montagnes pour revenir en D1F. Ils vont continuer, comme habituellement, et prendront ce qu’il y a à prendre.

C’est le constat de leurs huit années passées. C’est peut-être une erreur et cela sera une erreur si le marché se développe.

La ressource sportive étant rare, il est très difficile de la reconstituer ensuite.

Sinon, la descente de Saint-Etienne est tout à fait logique au regard des résultats comme elle tout à fait surprenante. Ne prendre que 2 points en 10 matches de championnat, alors qu’il aurait suffi d’en avoir qu’un pour se maintenir demande de mieux comprendre les raisons, bien que, depuis plusieurs saisons, les stéphanoises ont flirté avec la ligne rouge soit dans le courant de la saison, soit lors de la dernière journée (2013-2014).

Elles descendent après avoir marqué le moins de buts de leur histoire (18) et encaissé le plus (48).

Des joueuses vont partir. Un nouvel entraîneur va venir. Il serait bien que cela soit une femme pour ne pas quitter la cible  féminine d’autant que si en D2F féminine, on n’est pas capable de mettre une femme, alors où va-t-on les former pour qu’elles s’aguerrissent ?

William Commegrain lesfeminines.fr