Valérie Gauvin. 7 buts en 4 matches en championnat – 12 en 3 mois.

Autant de buts en si peu de matches. Personne n’a fait mieux en championnat lors de cette saison 2017. Valérie Gauvin a envoyé du lourd depuis la 18è journée avec 7 buts de plus au compteur à la 21è, alors que la jeune femme de 20 ans, habituelle sélectionnée de l’équipe de France B, « avait du mal à avoir du temps de jeu » au sein de l’attaque Montpelliéraine ne jouant au mieux, que 30′ sur ces huit entrées de la saison 2016-2017.

Elle voyait l’aventure européenne des pailladines se faire sans elle.

Difficile constat pour cette attaquante athlétique (1m73, 70 kgs) qui déclare « je suis une joueuse professionnelle et je veux faire du football mon métier » avec une détermination si forte qu’elle ressort comme une évidence de notre entretien téléphonique. Le fait de suivre une licence « en management du sport » ne pouvait être en soi, qu’une situation intermédiaire, logique, faute de mieux.

Elle ne s’en cache pas. Son ambition est le football professionnel.

En fait, elle est de l’ambition de cette nouvelle génération (1996 – 1999) qui ne pose pas la réponse si souvent entendue : « Je ne savais pas qu’il y avait du football pour les filles et que je pourrais en vivre ». En 2017, elle le sait et elle est certaine qu’en 2027, il en sera plus et mieux. Alors, elle est là, bien dans son temps, avec à son crédit, « le meilleur et le premier résultat » : une sélection en A lors du France-Pays Bas de Jean Bouin (Octobre 2015, défaite 1-2) accompagné d’un nouvel appel, en l’analysant ainsi : « j’ai pu voir le niveau demandé ».

Personne n’a fait mieux en 2017.

Si je l’appelle et je la sollicite pour une interview ; c’est qu’en l’espace de deux mois, depuis le 2 avril précisément, elle n’arrête pas de marquer passant d’un seul but lors de la 3è journée à 8 buts en quatre matches de championnat, soit un record de 7 buts.

Sans compter ceux marqués avec la sélection de l’équipe de France B, 5 buts en 2017 pour 5 matches dont un triplé contre la Hongrie Lors de l’Istria Cup du mois de mars 2017.

En fait, elle est en « pleine bourre ».

Que s’est-il passé pour une telle efficacité ?

« Tout a démarré lors de la Coupe du Monde U20 en Papouasie-Nouvelle Guinée où l’accueil a été extraordinaire avec un groupe en totale fusion qui nous a permis de passer les obstacles et les difficultés pour finir par être vice-championne du Monde. Là, j’ai pris une autre philosophie et une totale confiance. »

C’est exact, la joueuse cherche à établir une relation simple et néanmoins forte avec le football et son environnement, communiquant sur des moments de vie car c’est de son tempérament. Se décidant sur le moment de le faire ou non, comme une évidence, pour ensuite continuer ainsi sans se départir néanmoins d’une valeur forte « être professionnelle sur le terrain, se donner à fond à l’entraînement et après ne plus se poser de questions. »

Une longue période sur le banc, à regarder sans réellement jouer.

On le voit, on le sent, au ton de la voix. Les non-titularisations, les passages sur le banc ont fait mal. Une sorte de souffrance que la jeune fille a réussi à maitriser sans la contester, pour apporter sa réponse : celle du travail. Et à côté, la vie simple des gens qui avancent avec détermination. Simplement.

Au loin, on entend les bruits de couloirs. Le matin, elle vient de passer un oral qui l’inquiétait et qui s’est avéré sans souci. Normal. Un oral d’examen, à cet âge, on s’inquiète toujours.

J’en profite pour essayer quelques questions. Pour lui demander si le sentiment ressenti à visionner les images de la fff est juste. Elles mettent en valeur son jeu dans le jeu collectif de Montpellier, « l’état d’esprit extraordinaire qui est dans ce groupe qui s’est constitué au fil du temps et où chacune apporte à l’autre, en sachant qu’elle en est une des plus anciennes malgré son jeune âge » mais confirme qu’elle a appris aussi, à savoir dans son jeu d’attaquante, « faire des choix personnels, sans empressement mais avec détermination » et que cela est aussi, certainement, une des raisons de ces buts qu’elle marque aujourd’hui.

Il me reste à la bousculer sur son parcours d’avenir.

Si une joueuse se déclare professionnelle, c’est qu’elle est appelée à accepter de bouger compte tenu que les clubs professionnels ne sont pas nombreux en France. Silence. Elle confirme. Professionnelle, c’est aussi cela. Puis vite, revient à la réalité : « aujourd’hui, je suis à Montpellier et je m’y sens bien. Nous allons tout faire pour conserver cette place européenne (interview vendredi 12 mai) et c’est déjà très bien. »

Ce n’est pas qu’elle veut raccrocher mais le temps passe.

J’ai le temps de poser la question, la vraie pour une jeune joueuse de 20 ans qui vient de mettre 7 buts en si peu de temps, pleine de confiance. Et l’équipe de France A ? « L’équipe de France A, j’ai pu voir le niveau demandé et maintenant je ne m’en sens pas si loin. j’ai beaucoup travaillé, mes points faibles mais aussi mes points forts. » Silence. « J’aimerais bien être à l’Euro, et de toute manière, je travaille pour être en équipe de France A. C’est mon objectif. » 

Vous avez 24 ans ? Je souris. La réponse fuse : « non, 20 ans ! »

20 ans, 7 buts, un petit record mais un record quand même. Montpellier, équipe européenne. Un style de jeu athlétique. Dans un groupe. Faut voir. A voir ?

William Commegrain lesfeminines.fr

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