Demi-finale retour de l’UEFA Champions League. Le titre est un peu accrocheur et il n’a pour volonté que de montrer un fait, qui pour l’Olympique Lyonnais, est plutôt rare. Les championnes d’Europe en titre, habituées aux victoires « aller-retour » se qualifient maintenant, à la mode masculine. En prenant le meilleur suffisamment sur un des deux matches sans pouvoir empêcher, au second, une défaite. Là, symbolique.

Le symbole est cependant fort, puisque par deux fois, au Parc OL. Face à Wolfsburg (0-1) en quart de finale et maintenant face à Manchester City (0-1) en demi.

Les tenantes du titre continental ont chuté devant leur public. Une défaite 0-1, inattendue, qui ne remet pas en question leur participation à la finale du 1er juin à Cardiff, puisqu’elles avaient fait le job à l’aller (victoire 1-3), mais qui pose questions. Ce que n’a pas manqué de souligner, à nouveau, le président Jean-Michel Aulas, omniprésent dans son parc OL. Compte-rendu.

Les filles de l’OL ont logiquement mais aussi, bêtement, perdu leur demi-finale retour de ligue des champions. Auteures d’un match poussif, les Rhodaniennes n’ont rien concrétisé en première période, malgré une main-mise territoriale sur la partie, plusieurs tentatives directes et une certaine profusion de corners (6 à 0). Elles ont été plus vives dans le deuxième acte, mais c’était en réaction à l’avantage pris par les Mancuniennes sur une relance totalement surréaliste de Sarah Bouhaddi, directement dans les pieds de Carli Lloyd qui ajustait la gardienne dans la foulée. N’hésitant pas à combiner, utilisant parfois aussi la spécialité anglaise du ballon long, et mettant l’agressivité qu’il fallait, les joueuses de Manchester City ont incontestablement réalisé un coup, avec  cette victoire. Un succès pas vraiment prévisible dont se félicitait leur coach après-match: « Je suis très fier de mes joueuses. On avait bien analysé le match aller. On savait ce qu’il fallait faire pour les gêner… » savourait, Nicolas Cushing, impeccable dans son survit de City en zone mixte.

Il y avait de toute façon des indices convergents avant match. S’il l’on s’en tient au strict plan des pronostics, il faut d’abord noter l’alerte que Olivier Échouafni avait lancé quelques minutes avant le match sur les écrans de l’OL TV: « Le football féminin progresse. Notamment en Espagne et en Angleterre, où l’on met des moyens financiers et humains pour rattraper le retard sur les autres nations majeures. Il ne faut pas s’endormir et le football français, qui est sur une bonne dynamique générale, doit sans arrêt se se remettre en cause, s’améliorer… ». Il est vrai que l’irruption dans le dernier carré du FC Barcelone comme des filles de City, atteste de cette montée en puissance.

Mais il y avait l’alerte côté domestique aussi. Et elle était venue du patron lyonnais, Jean-Michel Aulas. Il avait lancé une pique appuyée à l’issue du match aller à son entraîneur, Gérard Prêcheur, remettant en cause le manque de roulement dans l’effectif, l’absence, en conséquence, d’une concurrence nécessaire…Il a poursuivi la charge contre le coach, samedi soir après la défaite, lors de son passage rituel devant les médias. Très en forme, Aulas a d’abord salué, en bon propagandiste de son projet global, la possibilité inédite en Europe qui s’offre peut-être à l’OL: « On est situation de pouvoir être le premier club européen à avoir l’équipe masculine et féminine en finale d’une compétition européenne la même année… » Ensuite il a confirmé ses dires, ce qui jette une lumière particulière sur la relation entre les deux hommes : « Quand je dis des choses, il vaut mieux les écouter, a martelé le dirigeant lyonnais. Car quand je fais ce genre d’évaluations, je me trompe rarement… » Adossé à une défaite qui était samedi soir un aveu d’impuissance, Aulas avait beau jeu d’enfoncer le clou : « On l’a vu, ce n’était pas un grand match. Il faut retrouver le plaisir…» .

Côté strictement sportif, Camile Abily, toujours aussi disponible, n’a pas caché la déception de l’équipe: « On voulait vraiment offrir autre chose à nos supporteurs. Mais on est en finale  et c’est l’essentiel. On n’a jamais douté de cela, même quand les Anglaises ont marqué. »

Les tenantes du titre seront sans doute à un autre niveau à Cardiff, mais le PSG, pourra puisé, dans la perf anglaise quelques motifs d’espoirs. Du coup, la trilogie qui s’annonce face au club parisien (match de championnat, finale de la Coupe de France et finale de la Champions League) constitue un défi finalement pas si simple à relever pour une équipe qui a montré face à City des limites.

Le PSG de Patrice Lair a montré, de son côté, un état d’esprit qui pourrait être une force face à l’Olympique Lyonnais.

Patrick Delinapier Lyon. Pour les féminines.fr