« Remontada ». Voilà un mot qui etait totalement inconnu du vocabulaire footballistique français qui semble se conjuguer à merveille avec le club du Paris Saint Germain, version masculine comme féminine. Patrice Lair en est à son quatrième « aller-retour » dans la zone mixte du Camp des Loges : « Cela ne m’était jamais arrivé de prendre 3 buts en 1 mi-temps ! ». Il est calmé mais il refait le match dans sa tête, le décompte des émotions négatives comme « d’être à la recherche de futurs positifs ».

Trois buts qui sont venus en fait, en vingt minutes (61, 80′, 81′). Qualifié face au Bayern pour une demi-finale européenne mercredi. Sorti de sa place europeenne 2017-2018 à quatre journées de la fin, le dimanche après avoir mené 3-0. Voilà de quoi avoir besoin de réfléchir.

Qui aura vu la première mi-temps ne peut pas comprendre ce résultat !

On est très décu. on avait le match en mains avec un 3-0 à la mi-temps. Je pense que c’est un peu une faute professionnelle que d’avoir fait un match nul aujourd’hui.
Dans cette première mi-temps, le PSG est si dominateur que Guingamp n’a dû avoir que 25% de possession face à un Paris Saint Germain qui joue sur un nuage, pouvant aligner quinze passes sans être contesté. Un « mano à mano » où les deux latérales Eve Perisset comme Perle Morroni ont incroyablement apporté dans les couloirs avec dès le début de la rencontre une occasion parisienne de Boquete (20″) suivie d’une percée d’Eve Perisset qui finira sur le poteau (7′). L’internationale espagnole s’essaiera une première fois pour lancer Cristiane quand l’expérimentée Formiga la trouvera dans les mêmes conditions, esseulée à la limite du hors jeu, avec assez d’espaces pour la contrôler en mouvement et la mettre au fond (15′, 1-0 Cristiane).

Il ne faut pas beaucoup plus de temps pour que le PSG aggrave la marque, sur un superbe mouvement à droite terminée par Eve Perisset très offensive, celle-ci sert Cristiane dans la surface. Ni une, ni deux, la balle finit au fond des filets de Gignoux (20′, 2-0, doublé de Cristiane).

On sent l’attaquante parisienne en pleine confiance, et lorsqu’elle tente le coup du scorpion qui file le long du poteau gauche de la portière de Guingamp ; on se dit que le PSG donne un signe fort à Montpellier pour l’Europe : « On était là avant ! ».

C’est Véronica Boquete qui le confirmera en espagnol, servie par Andonova. Elle termine d’un plat du pied le centre de l’ex-joueuse de Rosengard venue à la trève hivernale et porte le score parisien à (3-0, 27′).

AUjourd’hui, on a vu qu’on avait largement le match à notre portée, et on a vu qu’en 2ème mi-temps ..
Les parisiennes ont tous les ballons. Perle Morroni manque de peu de s’offrir le quatrième but après avoir récupéré son corner et glisser une balle brossé que Morin sauvera sur sa ligne !

Le temps est au beau. Le public assez nombreux au Camp des Loges. Paris vient de se qualifier pour les demi-finales de la Ligue des Champions. Tout est au beau fixe.

On en oublierait le superbe contre de Désiré Oparanozie qui arrive à maintenir sa foulée malgré le marquage de Sabrina Delannoy mais que Katarzyna Kiedrzynek capte dans sa niche (17′) jusuq’à la superbe occasion de Salma Amani, dans un duel que la portière parisienne remporte d’une main ferme.

Après coup, on se demande s’il n’aurait pas été mieux que Guingamp marque pour que les parisiennes restent en éveil en ayant à l’esprit la notion de danger qui leur manquera tout au long de la seconde mi-temps.

Elles veulent tout simplement marquer, sans penser qu’elles pourraient en prendre. A 3-0, on appelle cela un pêché d’orgueil.

La seconde mi-temps. Ippon de l’EA Guingamp. 3 buts pris par Paris en 20 minutes.

Je n’aurais jamais cru qu’elles soient capables de faire cela !
Il y a eu de l’Astérix dans cette mi-temps guingampaise et on se demande si Panoramix ne s’est pas infiltré dans le vestiaire des rouges et noires, tellement les bretonnes ont pris la seconde mi-temps mentalement en mains, pour bousculer comme jamais, des parisiennes qui ne comprenaient pas ce qui étaient en train de leur arriver !

Pourtant, pendant quinze minutes on voit le PSG continuer son emprise et, du haut des gradins du Camp des Loges, on reste éberlué devant la volonté de Robert de défendre plus que de raisons. En pleine récupération. Les mains sur les hanches après avoir fait voler Perle Morroni sur un de ses énièmes débordements.

Paris joue en croyant trop à ses forces.

C’est de ma faute. J’ai voulu faire plaisir à des joueuses qui n’ont pas le niveau pour jouer au PSG et à qui j’avais dit cette semaine que je n’allais pas les garder. Elles manquaient de temps de jeu. Pour d’autres, je voulais les protéger car je ne voulais pas qu’elles se blessent au vue des sélections et des matches importants qui nous attendent !
Le public attend le quatrième but parisien sauf qu’on voit de plus en plus les parisiennes buter sur la défense adverse.

Les joueuses arrêtent d’être toujours disponibles dans une zone démarquée, à faire tourner le ballon à la barcelonaise, cherchant au contraire, le duel.

Se rapprochant à chaque fois de leur adversaire pour au final, s’engluer sur elles. C’est un mur breton qui se forme, défendant, à trois, à deux, à quatre mais toujours avec un pied ou un tacle qui bloque l’offensive parisienne.

On compte de moins en moins de parisiennes dans la surface de Guingamp. Les bretonnes récupèrent le ballon et s’aperçoivent qu’elles ont des espaces incroyables pour remonter la balle en contres. Tout le Psg est mentalement en phase offensive, aucunement dans un esprit défensif.

Chaque balle récupérée par Guingamp, de plus en plus nombreuses, les renforcent pour même leur donner une force, un roc, comme une défense de menhirs qui ne peuvent se passer qu’ une fois mais pas plus.

Les parisiennes tombent dans l’incompréhension. Aminata Diallo et Grace Geyoro diront séparément : »On n’a pas de leadeur. « 

Personne n’a de solutions et on peut voir Véronica Boquete repartir, balle au pied, vers l’arrière, pour calmer ce jeu inutile qui se cogne à un mur breton qui lui avance d’un seul bloc.

La situation devient idéale pour le jeu en profondeur de Guingamp qui trouve l’espace pour le jouer et surtout la confiance dans cette possibilité de marquer.

Guingamp sent l’excès parisien et joue superbement tous ses contres.

« On revient de loin, il ne faut se voiler la face ! C’était très compliqué de trouver les mots à la mi-temps. je suis très fière du groupe. Pouvoir revenir d’une telle situation, c’est plus qu’une satisfaction. C’est une fierté
C’est exactement ce qui arrivera avec Désirée Oparanozie qui reçoit une balle, contrôlée pleine poitrine. Se retourne, et glisse d’une petite pichenette, par dessus Laura Georges, une offrande que Salma Alami, sa complice, ne rate pas (3-1, 61′, Almani).

Avec cette marque, on se trouve encore dans l’équilibre du match et l’ouverture du score de Guingamp, justifié, ne fait trembler les papiers qu’en apprenant que l’internationale marocaine vient de marquer le premier but encaissé par le PSG au Camp des Loges pour la saison 2016-2017.

Le jeu reste toujours parisien et quand Formiga tente une bicyclette estampillée « Amara Simba » ; elle fait sourire le public sans prendre la connotation de l’occasion manquée qui pourrait coûter le match.

Il reste que les bleues parisiennes sont toujours bloquées par Debever et Lorgeré, ne finissent aucune action et les côtés bretons sont maintenant tenues d’une main de maître par toute l’équipe de Guingamp.

Deux buts en deux minutes

« Très satisfaite car le PSG est une équipe qui joue la Ligue des Champions. On était dans un moment compliqué où on arrivait pas à marquer de buts. Je pense qu’on a pris un gros coup dans notre fierté. En première mi-temps on a vu qu’on avait des occasions. Ensuite, tout s’est joué au mental et au collectif. »
Le sentiment sera tout autre lorsque Amani servie encore par Désirée Oparanozie, arrive plein centre et marque son doublé (80′, 3-2, Amani).

Là, le public prend fait et cause et la communauté bretonne du Camp des Loges éteint totalement les habituels supporters parisiens. On sent que l’exploit est possible. Patrice Lair commence à sortir de sa zone technique alors que Sarah M’barek se contente d’hurler des conseils de maintien.

Le PSG est pris à la gorge. Sans en avoir l’habitude. Nous en sommes à la 80′. Il reste du temps pour l’émotion.

Sauf que Paris est encore sous le choc. Dans la minute suivante, sur un coup franc lointain de Morin, Désirée Oparanozie s’impose à la défense parisienne et glisse un coup de tête qui finit au fond des filets ! ((3-3), 81′).

L’inimaginable est là et bien là. Le Paris Saint Germain a pris trois buts par Guingamp en vingt minutes. Aucune équipe n’avait pu faire cet exploit auparavant !

Eve Perisset sauve son équipe d’une défaite.

Et le pire aurait pu arriver pour les parisiennes avec un contre d’Agathe Ollivier qui trouve Désirée Oparanozie, prête au duel quand Eve Perisset, revenue du diable vauvert, lui chipe la balle du bout du pied. Nous en étions à la 90′ et le quatrième but pointait son nez !

La partie se terminera sous les vivas bretons et la célèbre chanson « Ils ont des chapeaux ronds, vive la Bretagne ; ils ont des chapeaux ronds, vive les Bretons ! » résonnèrent aux oreilles des petits ramasseurs de balle de Boulogne Billancourt, qui grâce au football, ont appris qu’il y avait une Bretagne et des supporters, ailleurs qu’à Paris.

Pour Patrice Lair, le match s’est perdu du fait que les jeunes pousses du PSG, entrées en seconde mi-temps, n’ont pas montré leur niveau alors que je pense qu’il y a eu un pêché d’orgueil de toute l’équipe parisienne en seconde mi-temps, justifié et compréhensible, puisqu’aucune autre équipe n’était revenue au score après un 3-0.

Et ce pêché d’orgueil a été confondu en associant performances de joueuses absentes (Paredes, Cruz, Lawrence, Cristiane sortie à la mi-temps) avec couleurs de maillots portés par d’autres.

La base de football féminin se conjugue avec l’abnégation et si vous trouvez les moyens de le faire ressortir chez l’adversaire, alors il faut pouvoir dégager une force supplémentaire que des jeunes U20 ne possèdent que rarement. C’est une des raisons de la difficulté des U20 d’ailleurs à devenir titulaire dans une équipe de D1F performante.

Au bilan, il ne s’agit que d’un match de championnat qui donne une superbe ouverture à Montpellier, et qui a la charge maintenant de confirmer quand pour le PSG, il ne faudrait pas oublier que l’Europe a été passée avec deux défaites en 1/8è et en quart ; comme en championnat, avec deux défaites au compteur (OM et Montpellier). La quasi-totalité acquise en 2017, pour une équipe où la jeunesse était la nouveauté.

Le PSG était en sur régime. C’est ce que commence à dire Patrice Lair. Il a sûrement raison.

D’un côté, il y a du pain sur la planche au PSG pour réussir les challenges qui se proposent de manière certaine : aller en finale Européenne et Finale de Coupe de France et beaucoup de bonheurs pour l’EA Guingamp de l’autre côté.

Mettre trois buts au PSG, en vingt minutes .. on aurait été pas loin du Poisson d’Avril si la chose s’était passée non pas le 2, mais hier, le 1er.

Le football féminin commence à se conjuguer avec le mot « Surprise ! » et Guingamp, avec ce match nul, a mis le PSG plus que dans le flou pour l’Europe.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : le PSG est toujours dans l’attente et dans l’espoir de récupérer les quatre points de pénalités contre Albi.

18è journée. PSG (3-3) EA GUINGAMP. (15′, 20′ Cristiane, 27′ Boquete ; 61′, 80′, Amani. 81′ Oparanozie). 

PSG : Kiedrzynek ; Périsset, Delannoy (c), Georges, Morroni; Formiga, Diallo, Geyoro (Lahmari 53′), Boquete ; Cristiane (Delie 46′), Andonova (Sarr 66′)
Banc : Lawrence, Geurts
Guingamp : Gignoux; Morin, Debever, Lorgeré, Drozo; Fleury (Ewele 86′), Bueno (Rogon 54′), Pervier, Robert (Ollivier 75′) ; Amani (c) ; Oparanozie
Banc : Lebastard, Fourré.