Wendie Renard, la star silencieuse de l’Olympique Lyonnais.

Wendie Renard est devenue un nom dans le football féminin de telle manière qu’elle est identifiée au-delà de cet univers. Est-ce sa taille ? Ses cheveux ? Sa réservée faconde ? Difficile à le préciser. Certainement un ensemble. Il reste qu’elles ne sont pas si nombreuses les joueuses à avoir réussi à passer la barrière de verre de son milieu professionnel : là, le football féminin.

26 ans, et déjà la carte de visite est trop remplie pour pouvoir écrire d’autres titres. 

A un peu moins des deux tiers de son parcours de joueuse, avec une carte de visite déjà bien remplie de 10 titres en championnat, 6 Coupes de France, 3 Ligues des Champions et 2 finales européenneS, beaucoup la voyait tenter une nouvelle aventure hors de l’hexagone.

En France, seul le Paris Saint Germain aurait pu réaliser une telle opération. Il n’est pas encore venu le temps où les stars lyonnaises signeront, sans étape, pour le concurrent Paris Saint Germain bien que Shirley Cruz, Laura Georges et Amandine Henry aient commencé à montré le chemin (3 mois dans la morte saison américaine pour le ballon d’Argent de la CM 2015).

Partir mais pour quelles raisons ? 

Les propositions n’ont pas manqué. Visiblement, la jeune femme sait compter et les différences trop importantes auraient eu le don de lui mettre une machine à calculer dans les mains en se disant, je l’imagine  : « Ma mère n’aurait pas accepté cela ! ».

Ils n’étaient pourtant pas si nombreux les clubs ayant les moyens de rémunérer la joueuse à hauteur de ses volontés dans un univers où la rentabilité économique n’existe pas et que le rapport, qu’on le veuille ou non, ne peut venir autrement que sur une notion d’image et d’équité.

Il faut alors trouver un club qui possède les moyens d’investir dans cette notion immatérielle mais tellement essentielle quand vous la pratiquez : la très haute performance féminine avec des titres européens et une reconnaissance mondiale si vous réussissez.

A ce petit jeu, l’Angleterre pointe son nez si on lit les commentaires de Wendie Renard mais ne possède pas encore tous les arguments lyonnais, bien qu’il en ait un assez utile : les moyens financiers !

Source visiblement intarissable puisque directement prélevée sur les sommes restituées par la Ligue anglaise qu’elle reçoit des droits TV de la Premier League.

Jean-Michel Aulas a réussi à justifier d’un choix raisonnable : l’Olympique Lyonnais.

Dans cet environnement, l’engagement de Wendie Renard est un beau coup pour Jean-Michel Aulas communiqué hier soir, dans la continuité de la qualification européenne face au Vfl Wolfsburg pour les demi-finale d’avril, avec la signature … pour cinq ans de la capitaine de l’équipe de France qui prolonge son contrat jusqu’en 2022 avec « les fenottes » de l’Olympique Lyonnais.

Ce coup là, il fallait le réussir ! N’étant pas dans le secret des Dieux et des Déesses, il ne nous reste plus que la réflexion pour essayer d’en trouver des raisons !

On va penser sans nul doute à la réévaluation salariale qui paraît être un préalable indispensable. Il ne serait pas surprenant d’apprendre que la capitaine de l’équipe de France dépasse les vingt mille euros mensuels avec les systèmes de bonification contractuels qui peuvent être insérés, divers et variés, permettant à eux seuls de créer une nouvelle grille de rémunération « très haute performance » si détaillée qu’elle est une garantie de ne pas se faire déborder par d’autre sollicitations, à défaut de pouvoir atteindre les seuils imposés.

2022 couvre 2017 et l’Euro, 2019 et la Coupe du Monde, 2020 et les JO au Japon sans compter les Ligues des Champions à chaque saison. Des lignes potentielles à rajouter sur une carte de visite et qui valorisent, un peu plus, à chaque fois, le niveau de la joueuse. Certes, cela dépendra de l’impact de chaque joueuse dans ces performance. En effet, avec cette vision, la trésorerie de l’OL éclaterait puisque toutes les joueuses sont des internationales en puissance.

Si cet aspect réglé s’avère être le préalable, on imagine Wendie Renard regarder l’aspect sportif et lorsque l’on est à l’Olympique Lyonnais, le nombre de titres potentiellement accessibles. Pour chaque pays, ils sont au nombre de trois : le titre national, la Coupe de France et le titre européen.

L’Angleterre a un défaut important sur ce plan. Les clubs leadeurs changent et aucun n’a assez de leadership pour garantir à une joueuse, au moins deux titres sur trois (championnat et Coupe). Après une domination sans partage d’Arsenal (9 titres de 2003 à 2012), les quatre dernières saisons ont vu Liverpool (2), Manchester City et Chelsea gagner le titre avec des secondes places pour Birmingham et Bristol Academy.

En Allemagne, la situation est plus claire avec une domination de Wolfsburg, du Bayern et de Frankfurt pour une nouvelle incursion de Potsdam cette saison après cinq années non européennes mais les allemands ont des grilles de salaires assez basses au regard de ce que l’Olympique Lyonnais propose.

La force de Jean-Michel Aulas : avoir laissé la joueuse mesurer son intérêt.

Le Président Olympien est un exemple à retenir dans sa gestion des situations féminines puisqu’il a préféré laisser le temps de la discussion s’installer plutôt que de faire signer, dès la fin de la saison dernière, une de ses joueuses les plus emblématiques pour éliminer ainsi toute concurrence intempestive.

Si cette approche a dû lui coûter quelques euros au portefeuille, il a eu en échange la considération de la joueuse de 26 ans qui met tout autant ses valeurs au niveau de son portefeuille. C’est en lui laissant la décision et en l’argumentant de telle manière qu’elle soit acceptée et acceptable que le Président Lyonnais a obtenu l’accord de sa capitaine.

La fille de la Martinique, à son âge, sait aussi qu’elle s’engage pour une très longue durée. Cinq ans, c’est exceptionnel.

On peut penser qu’elle sait de quoi sera fait l’Olympique Lyonnais en 2017-2018. 

Le club n’a qu’une seule inconnue : le nouveau coach pour les saisons à venir.

Je ne pense pas m’avancer excessivement en pensant, que pour avoir refusé d’autres clubs, pour avoir choisi de continuer cinq ans avec l’OL, la capitaine de l’Olympique Lyonnais connait précisément le ou la successeur de Gérard Prêcheur. ET que ce choix rencontre son agrément d’un côté, comme de celui du ou de la coach lyonnaise 2017-2018.

Il ne reste plus qu’une seule interrogation : l’Olympique Lyonnais a pour politique de prendre les meilleures joueuses. Ces dernières voudront-elles venir à l’OL, même bien rémunérées, en partageant leur temps de jeu ? On peut répondre par l’affirmatif à deux conditions : être toujours sélectionnable en A, quelque soit le pays et gagner des titres.

Titulaire à l’Ol, c’est du domaine de la joueuse. Construire une équipe pour gagner des titres, c’est du domaine du Président.

La première moitié du palmarès de Wendie Renard n’est pas mal ; à sa hauteur (1m87), elle a une idée encore plus grande pour la seconde partie de sa carrière.

William Commegrain lesfeminines.fr