Elle s’appelait Yael. Elle devait avoir un peu plus de 22 ans. Pour tous ceux qui suivent le football féminin parisien et francilien, elle est une personne connue. Pour toutes les joueuses de football féminin, elle est une personne aimée. Pour ceux de son groupe de supporters, elle est une personne aimée et rare.

Je ne suis pas la personne la plus à même d’écrire sur son absence, sur ses moments de présence. Elle avait fait, avec son groupe de supporters, d’autres choix.

Comme tous, je la regardais. Chanter. Lancer des chants dans les travées souvent peu remplies de Charlety. Pourtant, elle soulevait le coeur de celui des enfants souvent nombreux venus aux matches. Et d’un côté et de l’autre du stade, sa jovialité et son amour emportait souvent le rêve de ses gamines, à supporter une couleur, celle de Paris.

Elle sera dans leurs mémoires.

Vous la croisiez aux abords du stade, elle était rayonnante de bonheur.

Vous pouviez la voir dans les endroits les plus inattendus. Elle avait ce sourire des gens heureux. Cette lumière était en Elle. Savait-elle qu’elle allait partir ou était-ce cet art de vivre de son peuple si souvent banni qu’il connait dans ses gènes, l’importance du bonheur de l’humanité plus que celui de la notoriété.

Elle avait en Elle et avec Elle, ce don d’humanité.

Les joueuses le savent. Elles qui ne gardent de l’extérieur que des images fugaces. Sa voix, forte, généreuse, humaine, aimante était en Elles. Les accompagnaient. Les aimaient. Les aidaient. Elles le savaient, elles ne pouvaient que le savoir. Souvent les joueuses sont sauvages et pour autant, elles ont tant besoin d’être reconnues, aimées.

Dans leurs esprits, certainement, Yael était entrée dans le Harem de leurs coeurs. Elle faisait un peu partie d’Elles. De leur sport. De leur souvenir.

Elle sera dans leurs mémoires.

La première fois que je l’ai vue, elle était tombé amoureuse d’un jeune qui montait sa web-radio  sur les matches de National. C’était en 2011. Elle le regardait, les yeux et le coeur grand ouvert. L’Histoire s’est arrêtée. Puis, elle est tombée amoureuse du football féminin. Elle a trouvé le nid qui lui convenait. Elle a pu y apporter tant d’amours et de chaleurs que pour Elle, c’était le bonheur.

Cette fille était faite pour le bonheur. Elle aurait rendu un mari et ses enfants très heureux.

Elle est partie. On l’a appris le jour de la Saint Valentin.

Elle n’est pas partie en ne laissant rien. Elle sera dans les mémoires et dans les coeurs de plus d’un. Et là-haut, au pays sans frontière et sans guerre, des âmes ; c’est une Princesse qui nous regarde.

William Commegrain lesfeminines.fr

Je crois qu’elle était pas loin d’où je suis. Je l’ai rencontré, en fin d’après-midi, sur une terrasse d’un café de banlieue installé sur un rond point ou les voitures tournent sans s’arrêter, à boire une bière avec des amies. Je sortais d’un espace municipal de sport. Elle avait un maillot du PSG. Floqué Delannoy. Elle souriait, heureuse de notre rencontre. Naturellement heureuse.

Cela me revient. « Ici, c’est P-A-R-I-S ! Les Fé-mi-ni-nes sont MA-GI-QUES ! » Là-là-là ..

Elle est dans ma mémoire. Repose en paix Mademoiselle Yael ; c’est une Princesse qui nous regarde.

Farid Benstiti salue le groupe de supporters parisiens habituels. Crédit Giovanni Pablo. Lesfeminines.fr

Le groupe de supporters du PSG.