Quand vous prenez l’avion pour un voyage, il n’y a aucun doute que vous atteignez les nuages. Le ciel. Une expression qui est une Image d’Epinal pour qualifier l’objectif d’un moment, atteint de manière inattendue et, avec le coup de baguette magique des « grâces divines » du Ciel. Et puis, vous redescendez dans l’univers de la réalité.

Pour reprendre la métaphore du voyage et du décollage. Vient le moment de l’atterrissage.

Au début de la saison, l’Olympique de Marseille a été le 7ème Ciel des clubs de la division 1 féminine et de ses médias en amenant une renommée telle qu’on avait le sentiment qu’à travers les filles sur un terrain, c’était toute l’équipe masculine qui s’y trouvait avec, sur le banc, encore un peu de cette unique Ligue des Champions de 1993, dans la continuité de cette étoile qui se trouve au coeur du maillot Blanc et Ciel, n’autorisant qu’aux marseillais, le droit à la critique.

« Peuchère ! Il faut être de la famille » aurait dit César sous l’écriture de Pagnol. « Ohh Gros ! » aurait dit tout simplement un minot, tapant un ballon contre le mur d’une ruelle, d’abord, illuminée de ses rêves.

Des Ligues des Champions féminines, l’Olympique Lyonnais en possède trois. Des titres de Champion de France, le club du Rhône en a fait une équation arithmétique commençant à la dizaine quand pour les Coupes de France, on en est à une « manita » qui pourrait qualifier la France, d’une notoriété dans le jeu féminin, similaire à celle de l’Espagne chez les garçons avec un transfert du Clasico « Barcelone – Real » dans l’univers du Coq français avec l’affiche d’un « Olympique Lyonnais – PSG » qui n’attend que d’autres rivaux, pas si facile à constituer ou à motiver.

L’Olympique de Marseille remporte son combat face à Albi

L’Olympique de Marseille a décollé Mercredi pour ce 7è Ciel après un match âpre face à Albi, présent depuis trois ans en D1 Féminine et qui compte sur les doigts d’une seule main ses possibilités de pouvoir se maintenir. Ce club omnisport qui pense avec « plusieurs têtes » comme on pense quand on a plusieurs sports, n’est fait que de filles qui viennent jouer au ballon, non pas pour en toucher un revenu, mais pour en faire son sport.

C’est à dire le truc que tu fais à tout moment. Quand tu as un moment de libre. Qui es toi. Que chacun dans ta famille et ton entourage a identifié comme étant « ta marque de fabrique ». Vous savez, ce truc dont on vous parle immédiatement quand on se retrouve dans des réunions de famille avec des parentés éloignées et que les premiers mots tournent autour de ce que vous êtes, à leurs yeux : « le sportif, la sportive, le voyageur, l’aventurier ».

Le sport, c’est cela. Une partie de soi. Cette équipe de « jaunes et rouges » n’est faite que de cela. Des filles qui aiment le sport, pratiquent le football, ont eu le bonheur d’atterrir au plus haut niveau et se battent pour y rester. Même si c’est dur, loin, long et que les matches les transportent à l’autre bout de la France, pour malheureusement et actuellement, des défaites mais avec l’espoir de ramener une victoire.

De son côté, l’Olympique de Marseille a décidé de jouer sur le même ton. Celui du sport. S’éloignant des rivages de la notoriété qui fait signer des ex-très bonnes joueuses de la D1F ou internationales pour s’investir dans un projet auprès de joueuses expérimentées de la D1F et leur proposer un parcours de vie ensemble. Sportif et professionnel.

Les couleurs « Ciels et Blancs » ont dû sensibiliser. Le budget a dû justifier de certains choix. La construction du projet a certainement été le moteur quotidien de la motivation. L’équilibre d’un groupe qui vit ensemble a donné une force à cet ensemble et les difficultés du début de saison avec des défaites consécutives nombreuses ont été le ciment de la vérité : « on est ensemble les gars ! »

A l’image des mots lâchés par celui que l’on appelle « Tonton Pat » et qui harangue maintenant dans les vestiaires marseillais. « Transparent ! On est clair entre nous. On est transparent ! ».

Alors, à dix face à une armada albigeoise qui s’est battue pour ne pas craquer, c’est Nora Coton Pelagie (ex-plein de clubs de la D1F) qui a délivré les tickets d’embarquement du voyage des marseillaises pour le 7è Ciel : « une quatrième place devant Juvisy quand l’OM pointait à la 11è place en Octobre 2016 ! ».

Le match s’est terminé sur ce score simple, qui ne garantit rien, (0-1) mais qui a donné le droit à rêver un instant seulement, mais un instant longtemps.

Elles ont touché les Etoiles !

Reste que l’atterrissage les conduit pour la prochaine journée dans un pays qui a tout du dominant-dominant dans des matches qui ne veulent surtout pas proposer un échange « gagnant-gagnant ». C’est celui de l’OL. Un stade et des couleurs qui sont si connues que lorsque vous demandez votre chemin au péage, la salariée vous indique avec une précision d’horloger, le chemin à suivre. A se demander si celui de son coeur lui est aussi connue ! « Que oui », vous dira-t-elle, il a les couleurs lyonnaises.

L’Olympique Lyonnais qui sent dans son dos, le souffle du Paris Saint Germain conduit par un Patrice Lair qui aurait pu être un coureur de marathon tellement il est toujours là, sans sourciller, à se coller à ton pas pour trouver, le moment opportun, et passer devant toi.

Les filles de l’Olympique Lyonnais le savent bien. Il ne lâchera rien. Il sait que les filles le savent. Lui ne sait pas réellement si elles sont toujours les plus fortes. Il doit s’interroger, même si la différence existe. Il sent qu’il peut y avoir une passerelle.

Reste l’équation à deux inconnues. Les joueuses de l’Olympique Lyonnais veulent-elles toujours tout gagner ? Notamment face à Patrice Lair et à ses joueuses ?

La moindre erreur lyonnaise et le titre s’envolera soit au PSG soit à Montpellier.

Et cela, l’Olympique de Marseille comme toutes les équipes le savent.

J’ai remarqué que l’Olympique de Marseille, auparavant réagissait. Aujourd’hui, elles agissent. C’est flagrant dans leur jeu. Et cela, c’est une belle force à identifier chez les Ciels et Blanches.

Je n’ose même pas imaginer ce que ferait une victoire de l’OM face à l’OL en football féminin. Le tour de la planète. Plus même que celle du PSG en 2014. Surtout avec Alex Morgan dans les rangs lyonnais.

Match dimanche 5 février à 15h00. Stade Groupama Training Center. A mon avis, il faut y être.

William Commegrain lesfeminines.fr