L’analyse du match demande une forme de pragmatisme. Mais l’oeil humain n’est pas le meilleur juge et l’impartialité n’est pas de ce monde hors dans celui des dictatures du pouvoir qui donne le la, « de ce qui est ou qui n’est pas ».

Le football est rond. La balle roule. Et les joueuses s’efforcent de la maitriser pour qu’elles aillent au fond des filets adverses. C’est l’éternel Antoine Osanna, journaliste sportif du Progrès, qui me rappelait une évidence : « le football est simple à comprendre. D’où son succès. » En comparaison du rugby, où, à moins d’être un spécialiste, qui est capable d’identifier des fautes dans une mêlée ?

L’Olympique Lyonnais ne trouve pas le cadre. 

Et bien l’Olympique Lyonnais a maitrisé la balle pendant tout le match sans pour autant trouver le cadre, hors un superbe coup franc de Dzenifer Maroszan, que Kiedrzynek, chaude comme une braise, est allée chercher. A la réflexion, c’est incroyable ce nombre de situations qui auraient dû être cadrées et qui finissent extérieures. Maroszan, Hegerberg, Thomis, Kumagai pour une dizaine de fois.

Quand c’est non-cadré, c’est qu’il y a soit trop de tranquillité, soit une opposition. 

Marozsan a plané sur le match pendant la première mi-temps. Dans le jeu, elle est tout sauf passive. De plus, c’est un physique impressionnant et il n’y a pas beaucoup de parisiennes qui peuvent rivaliser avec elle. Pourtant, à la finition, elle est passive. Trop sûre d’elle. Je comprends un peu mieux pourquoi Silvia Neid la faisait rentrer en cours de jeu lors des derniers Jeux Olympiques.

Pour l’opposition. Face au but, les lyonnaises ont trouvé le même dévouement parisien que celui qui avait permis la première victoire du PSG le 18 Janvier 2014. Des tacles parisiens sortis « du bout du monde ». Tout le monde le sait, un joueur qui tacle, c’est un joueur potentiellement battu .. à la condition où l’adversaire s’aperçoive que les buts ont 2m32 de hauteur et qu’une jambe au sol ne dépasse pas 50 cms. Alors, quand on a ce sang froid, il suffit de changer sa trajectoire et c’est but.

La force des parisiennes, cela a été d’obliger les joueuses lyonnaises à rester dans le combat et on a vu des situations manquées uniquement par excès d’intentions. Prises par le combat.

Une volonté de duels 

Je vois Laura Georges en première mi-temps, monter sur Ada Hegerberg appelée à détourner de la tête un dégagement de Sarah Bouhaddi et soudain, se retrouver trois mètres plus loin, sur les genoux, pris par l’impact de la parisienne. La norvégienne est physique. Pourtant elle a été bougée comme jamais. Elle n’a jamais joué dans le confort et cela lui a fait rater beaucoup de ballons, soit en appui, soit dans ses initiatives.

Je vois Sabrina Delannoy qui, à chaque corner lyonnais, prenait au marquage … Wendie Renard qui lui laisse pas moins de 15 cms de différence. Pourtant, la parisienne a réussi à gêner la capitaine de la sélection française.

Enfin je vois Kiedrzynek qui est allée chercher tous les ballons hauts qui se présentaient, avec une certitude de les attraper quand bien même, ils pouvaient s’échapper.

Ce niveau de certitudes parisien -non pas sur leur niveau- mais sur leur volonté inébranlable de se battre pour ne pas tomber à été l’obstacle que l’Olympique Lyonnais n’a pas su ou pu renverser. 

Sur l’aspect offensif, le Paris Saint Germain a fait un hold up. C’est clair. Mais comment gagner contre l’Olympique Lyonnais sans faire de hold-up. C’est un pléonasme.

Véronica Boquete, chef d’orchestre qui utilise ses cartes à propos. 

La force parisienne s’est trouvée dans le moteur à réaction « véronica Boquete ». Même fatiguée, elle a été capable de faire les trente mètres qu’il faut pour remonter la balle dans le camp lyonnais et servir, soit d’un côté, soit de l’autre en fonction de l’état de fatigue des joueuses, mais toujours en réfléchissant.

C’est elle qui décide d’aller vers Marie Laure Delie alors qu’elle avait une autre solution du côté de Cristiane.

Marie Laure Delie, têtue et entêtée;

Cette joueuse est la meilleure buteuse de l’équipe de france en activité. Qui se demande pourquoi ? Qui se demande comment ? Pas elle. Pas nous. Elle va tenter dix fois un geste. Trois fois. Deux fois. Mais elle le retentera car elle sait, qu’à un moment, l’incroyable va se produire.

C’est exactement ce qui s’est produit. Elle avait tiré deux fois auparavant. Sans risque. La troisième fois, c’est un coup de fusil qui est parti. D’où elle est ? personne ne peut imaginer un but vainqueur. Elle le tente. Elle le réussit. Confiance. Peut être le but français de l’année.

Deux groupes se sont opposés, chacun avec une histoire passée différente. 

Normalement, Lyon a des certitudes. Et ce soir, Lyon a manqué d’humilité. On ne peut pas leur en vouloir mais elles ne se sont pas remises en question quand le score n’arrivait pas évoluer. Elles ont joué et réfléchi de la même manière. Pour elles, comme lors de toutes les autres fois, le PSG allait craquer. Il suffisait d’être patiente.

Le PSG recevait pour se faire plaisir. Avoir la possibilité de prendre le championnat quitte à le redonner ensuite. Elles sont venues sans contrainte. Dans leurs esprits, toutes les attaques lyonnaises n’étaient pas des difficultés où le constat d’une faiblesse, c’était juste normal.

Elles l’ont donc géré comme une normalité, avec expérience ce qui a été la clé de la « cleansheet » parisienne, avec en plus une Grace Geyoro de 19 ans qui a évolué avec une grand maturité malgré dix premières minutes difficile.

L’avenir ? 

Si rien ne dit que le Paris Saint Germain ne va pas faire d’erreurs dans le parcours, ce match a montré une nouveauté : rien ne dit que l’OL ne subisse pas la même situation contre un autre adversaire. Il a manqué à l’OL ce coup de rein qui est le talent. Quelque chose d’inattendu et de surprenant.

Si le PSG ne peut signer maintenant pour la fin de championnat, il en est de même de l’OL. C’est la nouveauté de cette 11è journée.

William Commegrain lesfeminines.fr