Le Féminin, cela marche.

Tout le monde le sait et pourtant cela reste quand même une surprise, voire une nouvelle. Comment est-il possible qu’un club comme le Turbine Potsdam, avec un budget supérieur à 1.500.000 euros puisse être leadeur de la Bundesliga en étant exclusivement un club féminin ?

Cette question a encore plus d’intérêt quand on sait que le FFC FRANKFURT qui a pris la Coupe d’Europe au Paris Saint Germain en 2015 – et qui n’est pas le club professionnel masculin de l’Eintracht de Frankfurt – mais bien un club exclusivement féminin crée en 1998 possède, à son palmarès, le record de quatre titres de Champions d’Europe.

Une performance qui semble se maintenir, avec un match nul face à Wolfsburg, lors de la dernière journée de championnat (0-0). Wolfsburg, quand même double champion d’Europe en 2013 et 2014, finaliste en 2016 …

La Bundesliga, un championnat équilibré qui se pose moins de questions que le championnat français.

Des clubs exclusivement féminins et des clubs professionnels masculins.

La question a toute son intérêt dès lors qu’on examine le championnat allemand qui est composé de seulement 7 clubs professionnels masculins pour 5 clubs exclusivement féminin (*).

Et pourtant, on parle là du meilleur championnat européen. Reconnu et identifié comme tel par les joueuses elles-mêmes, qui notent une très grande homogénéité dans ses oppositions et la possibilité pour tous, de prendre des points contre tous.

Elles le pratiquent pour cela et les rémunérations sont loin d’être inflationnistes (Farid Benstiti, ex coach du PSG qui s’est souvent servi en Allemagne) insérant des filles qui pratiquent obligatoirement en pensant « après football » avec une formation qui leur permettra de s’insérer dans la vie professionnelle à 30 ans (Linda Bresonik, internationale allemande, interviewée par nos soins).

2019 fait tourner les têtes !

On veut faire disparaître les clubs féminins ? En France, on ne sait pour quelles raisons, on est en train de s’entêter à faire disparaître les clubs féminins, même avec des informations erronées, pour ne voir, sur la « table de la Ligue » que des noms de clubs professionnels masculins.

C’est quand même un monde ! Pour un sport qui a été défendu et détenu par des idées féministes, bien plus prononcées, que les idées féminines. Courir vers le masculin ? Là, pour de bonnes raisons, me direz-vous : l’argent.

Si, l’écrit ci-dessus n’a pas pour vocation de se dire qu’il suffit, « qu’il en soit ailleurs ainsi » – même si c’est dans le pays le plus titré d’Europe (8 titres européens sur 9) – « pour que la vérité soit établie ».

L’Allemagne a le championnat le plus rémunéré en droit TV sans être inflationniste et destructeur.

On peut se poser la question de cet entêtement acharné, d’autant plus que ce championnat allemand est celui qui a reçu le plus de droits TV, reçu une Coupe du Monde en 2011, un « naming » d’Allianz d’un million d’euros, qui fait le plus d’audience TV mais surtout le plus grand nombre en championnat de spectateurs quand certains matches de D1F ne dépassent pas les 500 billets d’entrées !

Il a l’air assez équilibré tout en étant performant, avec des succès et malgré des échecs.

L’Allemagne a su utiliser ses deux victoires en Coupes du Monde (2003 et 2007) sans perdre la tête. Les échecs de la Mannschaft, au Mondial 2011 chez elle, et aux JO de 2012 (absente) puis une quatrième place au Mondial 2015 ; ne l’ont pas empêché d’un autre côté, à être championne d’Europe en 2013 et médaille d’Or aux JO de 2016.

Toujours 2è mondiale, et pendant un court instant « 1ère » !

Cela montre sa pérennité. Passer les obstacles et maintenir sa performance est plutôt un bon signe de qualité. Rarement un signe de défaut. Elles ont su prendre les (+) comme un (+) et les (-) comme des (-) pour faire une moyenne élevée avec une tendance croissante maintenue.

Au niveau des clubs, l’Allemagne a un championnat homogène avec des clubs exclusivement féminins qui permettent au Vfl Wolfsburg d’avoir fait trois finales européennes dont 2 titres mais aussi à Turbine Potsdam (club exclusivement féminin) d’avoir gagné le titre européen en 2010, arrivé en finale en 2011 ; et pour un autre club exclusivement féminin, le FFC Frankfurt, d’avoir fait une finale européenne en 2012 et gagnée celle de 2015.

Tout cela n’est pas rien ! Tout cela n’est pas si loin.

Sinon, sur le plan sportif, les clubs masculins sont-ils une garantie pour ne pas descendre ?

Aujourd’hui, le Borussia Mönchengladbach, club professionnel masculin est dernier du championnat. Le MSV Duisbourg, club masculin de D3 allemand, avec une section féminine qui a été championne d’Europe en 2009 se trouve relegable. Et le premier non relégable est le Bayer 04 Leverkusen, club allemand masculin de Bundesliga 1, où joue l’ex-parisienne, Annike Krahn.

Les clubs de Bundesliga descendent comme pourrait le faire le Fc Metz, l’Olympique de Marseille, Albi pour reprendre les trois derniers actuels du championnat.

Enfin, les clubs masculins ouvriraient l’Europe ? Quelle Europe ? Avec une mise d’image pour l’Olympique Lyonnais et d’espoirs pour le Paris Saint Germain qui sont des barrières d’entrées significatives (au niveau financier d’une Ligue 2) que seule l’expérience et la qualité des joueuses peuvent renverser.

Trouver les joueuses ? Aujourd’hui, la ressource est rare. Les contrats se rachètent mais ne se revendent pas car la performance des joueuses demandent du temps, qu’elles aiment s’installer et après deux ou trois années, la joueuse a beaucoup moins de valeurs. A moins d’être jeune.

Si mariage il doit avoir, c’est pour de bonnes raisons autres que l’argent.

L’argent ne fait pas tout. En fait, c’est un peu comme dans la vie. Il faut s’aimer, sans nécessairement s’adorer. C’est plus sûr.

Le football féminin est particulier. Si on applique les règles du masculin, cela ne marchera pas. A moins d’entrer comme le PSG l’a fait, mais sans rien obtenir. En face, c’est l’Olympique Lyonnais.

La porte de l’Europe est possible, c’est l’avantage du féminin. Pas n’importe comment et pas à n’importe quel prix. Et cela n’exclut pas de conserver une identité exclusivement féminine.

Je conseille une période de fiançailles. Le Conseil, c’était mon métier. C’est loin d’être facile, car quand on est professionnel du Conseil, « les conseillers sont aussi les payeurs ». Ils perdent beaucoup en donnant de mauvais conseils. Ce qui n’est pas le cas des autres. Au moment des bilans. S’il est négatif. En général, ils s’échappent. C’est pourquoi on a tendance alors à utiliser le proverbe « les « conseillers » ne sont pas les payeurs ».

William Commegrain lesfeminines.fr

  • Clubs professionnels : Bayern de Munich, MSV Duisburg, Borussia Monchengladbach, SC Freiburg, Bayer 04 Leverkusen, 1899 Hoffenheim, Vfl Wolfsburg.
  • Clubs exclusivement féminins : FFC Frankfurt, Turbine Potsdam, FF USV Vena, SGS Essen, SC Sand. (tous depuis plusieurs saisons en Bundesliga).