Dans Koh Lanta, il y a un fort esprit d’équipe. Ce fût le cas dans ce match qui opposait le PSG (3è) à Montpellier (2è). Dans Koh Lanta, il y a de l’intensité et des obstacles. Ce fût le cas avec quatre joueuses à terre dans les vingt premières minutes (Tacle de Katoto, tacle sur Sandie Toletti, tacle de Sabrina Delannoy sur Sakina Karchaoui, tacle sur Marion Torrent). Dans Koh Lanta, il y a des couleurs de maillots qui sont fortes. Ce fût le cas avec le PSG, européen depuis quatre ans et Montpellier, 3 fois vainqueurs de la Coupe et habituel finaliste (2015 et 2016). Dans Koh Lanta, il y a un vainqueur. Ce fût le cas pour ce match de la 6è journée de D1F qui place le PSG à la seconde place du classement, grâce à sa victoire (1-0) au Camp des Loges, prenant trois points de mieux sur Montpellier et un goal average favorable (+1) dans l’attente, au mieux pour les parisiennes, du match retour sur les terres de la famille Nicollin.

Patrice Lair, avec le PSG, second du championnat de France ! Qui aurait pu le dire quand il a repris l’équipe avec une quinzaine de joueuses au départ et la contrainte de « faire monter les jeunes » dans l’équipe d’élite ? Le Breton de Montpellier, de Lyon et maintenant de Paris a insufflé un esprit Koh Lanta à son équipe.

Opposition physique entre Laetitia Tonazzi et Laura Georges. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

Opposition physique entre Laetitia Tonazzi et Laura Georges. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

Patrice Lair : « Un match intense ». Rare en ces temps de football-stratégique. 

Les filles du PSG sont bousculées dans cette 60′. Montpellier bénéfice depuis cinq minutes de trois corners consécutifs. Patrice Lair fait entendre sa voix, forte : « C’est là qu’il faut être fortes ! Allez les filles ! ». Il répond à Jean-Louis Saez qui a profité de la seule vraie tentative de ses filles, avec un superbe tir de Sofia Jakobsson, cadré qui trouve les poings de Katarzyna Kiedrzynek (57′), à défaut de pouvoir faire autrement. « Elles n’y sont plus ! » envoie le coach montpelliérain, qui fait un peu plus que de l’anticipation sur ce coup là !

Cet argument un peu précoce montre à quel point les deux coachs avaient envie de prendre le meilleur. De ne pas s’en remettre au sort même, à celui du match nul, quand d’un côté comme de l’autre, il a semblé aux deux coachs, que la victoire pouvait être proche. Alors, « les chefs de clan » poussent de la voix, leur équipe. Voix blanche. Et sourires, en zone mixte, après le match.

Si vous aimez suivre cette émission Koh Lanta au fond de votre canapé. A Saint Germain en Laye, pendant 93′, une production de la D1F ne nous a pas fait regretter le banc en béton du Camp des Loges, devant un petit millier de spectateurs, balustrade compris, pour ce qui est convenable de présenter comme ayant été un spectacle de football féminin.

De la compétition.

Le PSG a gagné grâce à la qualité de son jeu défensif. 

En ne scorant qu’une seule fois, à la 33′, d’un superbe centre de Sabrina Delannoy sur la jeune Marie Antoinette Katoto, 17 ans et déjà 4 buts à son actif, qui profite d’une erreur de jugement de Laura Agard, pour recevoir ce ballon d’un contrôle poitrine et l’emmener face à Laetitia Philippe, aux 6 mètres,  l’ajustant très calmement, comme dans un exercice de yoga. En contrôle …

Le Paris Saint Germain, version féminine, donne la possibilité à Montpellier de croire en sa chance de revenir au score et sortir du Camp des loges sur le même résultat que la saison dernière, un match nul (0-0), qui lui avait donné le maillot européen pendant la moitié de la saison.

Le challenge vaut l’intérêt. Montpellier s’y essayera.

Il reste 30 minutes et le score n’évolua pas : le PSG a une bonne défense.

En une heure de temps, avec deux équipes ayant une vraie volonté à s’opposer, garder un score si serré montre à quel point la défense parisienne a réussi à prendre le meilleur sur le jeu offensif de Montpellier.

Une défense que Patrice Lair, disposa à trois, exemplaire de solidité et de solidarité avec Laura Georges, Irène Paredes l’heureuse découverte de la saison, et Erika qui ont pris le meilleur sur leurs adversaires en les empêchant de se retourner, ne leur laissant que la possibilité de jouer en appui (en remise).

C’est Erika qui s’envole sur Clarisse Le Bihan. C’est Irène Parédes qui bloque Laetitia Tonazzi. C’est Laura Georges qui fait un tacle qui soulève Sandie Toletti. Sur les côtés, Sabrina Delannoy empêche toutes actions de Sakina Karchaoui, si près d’elle, qu’elle aurait pu être mieux que son ombre, et Eve Perisset jouera milieu gauche avec une belle occasion de lob.

Montpellier, présent en première mi-temps.

Quinze minutes se sont passées et pourtant le match a une telle intensité qu’on a le sentiment d’avoir vu quasiment une mi-temps.

Laura Agard pousse Shirley Cruz sur les côtés, empêchant la franco-costaricienne de se trouver dans l’axe des buts, là où elle dépose des ballons meurtriers à ses coéquipières. De son côté, Paris bénéfice d’un corner tiré par la capitaine espagnole Véro Boquete qui tombe dans les pieds de Laura Georges, transformant l’internationale française la plus capée, d’une défenseuse centrale en avant-centre. Elle se retourne, et tire dans les pieds et les bras de Laetitia Philippe. (16′).

Sabrina Delannoy déboule côté droit pour faire un centre qui passe devant tout le monde, entre Laetitia Philippe et les attaquantes parisiennes (7′), annonçant sa transversale impeccable sur Marie Antoinette Katoto qui sera le but de la rencontre (33, 1-0). Accusant le coup, Montpellier ne s’en laisse pas compter et Sandie Toletti s’offre une claquette de la portière parisienne Kiedrzynek qui va chercher son coup franc sous la transversale (35′)

Quand l’arbitre siffle la mi-temps, le jeu n’a pas arrêté de changer de camp et l’intensité donnée par les joueuses est un signe qu’elles veulent envoyer un message à leurs adversaires avant de rentrer dans les vestiaires : « nous sommes là ».

Une seconde mi-temps faite d’occasions prêtes à renverser le match.

« Franche victoire pour le PSG, match nul pour Montpellier. »

Véro Boquete, par deux fois, s’envole en contre et trouve Laetitia Philippe (46′, 51′) qui doit s’imposer, toute en force, sur Marie Antoinette Katoto (54′) l’amenant à sortir pour faire entrer Ouleymata Sarr. De son côté, Marine Haupais entre, transformant la défense à quatre de Montpellier en une solide défense à trois, permettant de croire à l’égalisation de Montpellier dès lors que les parisiennes ne trouvent pas le chemin des filets.

Silence dans le stade, Cristiane ne trouve pas le chemin des buts.

Cristiane, malheureuse dans ses tentatives face à Montpellier. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Cristiane, malheureuse dans ses tentatives face à Montpellier. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

« Elle est venue s’excuser. Ce n’est pas moi qui va la critiquer, elle me sauve le match pour la qualification européenne ! Voilà ce que je lui ait répondu ». 

Il y a des moments où l’émotion se sent dans un stade. Nous sommes à la 63′, et l’internationale brésilienne s’est échappée sur un coup franc joué très rapidement. Le silence est immédiat dans les tribunes, c’est la seule fois où un véritable duel se propose. Les tribunes parisiennes sont rivés sur le résultat. La brésilienne, meilleure buteuse des JO 2004 et 2008 place un gauche. Trop sur Laetitia Philippe qui sort à propos. Une rumeur de déception s’échappe des tribunes parisiennes. Dix minutes plus tard, à la 73′, Véronica Boquete trouve la brésilienne qui envoie un tir trop puissant. Extérieur. Et le même sort arrivera à sa dernière occasion de la 83′.

Les occasions ne Paris n’entrent pas dont celles de Cristiane, auteure d’un triplé européen ! Sacré joueuse. Alors, les montpelliéraines doivent se dire : « si cela ne rentre pas, alors l’occasion est peut-être bonne à prendre de revenir ! ».

Montpellier se concentre sur sa défense

Laetitia Philippe marquera son match de sa tranquilité naturelle. Linda Sembrant enlèvera quelques initiatives. Marion Torrent sera moins présente que l’an dernier, pour le match nul (0-0) ayant donné la seconde place à Montpellier pendant plusieurs mois. Marine Haupais sortira deux, trois ballons chauds. La défense de Montpellier est là, reprenant les contres parisiens nombreux. Jean Louis Saez faisant bien attention, lors de ses changements, à ne pas la réduire pour conserver cette possibilité que le score lui offre (1-0). Il est possible de revenir.

Montpellier prend le jeu.

Montpellier prend le jeu à son compte. Commence à construire. Cherche des décalages qu’elles n’arriveront pas assez souvent à trouver. C’est ce qui fera la défaite des filles du Sud.

Pourtant, Montpellier peut y croire. Y croit, sur un tacle puissant de la parisienne Sabrina Delannoy à l’encontre de la jeune Sakina Karchaoui. L’arbitre signale une touché, jouée rapidement vers Clarisse Le Bihan. Une touche pour la véloce Sofia Jakobsson. La suèdoise est comme un feu follet sur la braise. Une athlète qui ferait un 400 mètres sans problème. Contact extérieur. Sur son pied. Une frappe sèche et puissante de la meilleure joueuse 2015, qui finit pleine » bourre » ! (57′). Sortie par Kiedrzynek.

Elles y croient encore, Montpellier, dès que Marion Torrent déboule sur le côté droit et centre une balle qui cherche encore son propriétaire, arrêtée sur la ligne par la gardienne Katarzyna Kiedrzynek (70′) et quand à la 87′ Sofia Jakobsson, a encore le mental pour faire « une spéciale » à Laura Georges, c’est le physique qui lui manque pour terminer son mouvement. Son centre ne trouvera pas preneur.

La défense parisienne impériale à 10

C’est la défense parisienne qui a empêché Montpellier de revenir au score. Elle a justifié sa performance actuelle d’être la seule équipe du championnat à ne pas avoir encaissé de buts. Ce qui la place devant l’Olympique Lyonnais. Performance qui n’est pas « rien » dirait le spectateur habituel.

Chaque joueuse parisienne, notamment « devant », réalise un travail défensif qui empêche toute construction tranquille de Montpellier. A chaque fois, Ouley Sarr va chercher le ballon dans les pieds de ses défenseuses et on verra assez souvent des second ballon repris par le PSG, même en fin de seconde mi-temps ce qui montre toutes leurs qualités physiques.

A l’approche de la 70′, cela commence cependant à piocher. Sabrina Delannoy demande à boire. Véro Boquete souffle deux fois en allant chercher un ballon perdu devant. Pour trouver encore de l’énergie et attaquer. Energie qui nous semble, de l’extérieur, épuisée à 50%.

Mais aucune ne tombera et c’est, à l’évidence, grâce à cette superbe défense collective que le Paris Saint Germain remportera ce match qui propulse les filles de Patrice Lair à la seconde place du championnat de France. Normal pour le PSG .. mais qui aurait cru que cela soit possible après de tels changements à l’intersaison.

Sans nul doute, Patrice Lair a insufflé un esprit Koh Lanta à ses joueuses.

William Commegrain lesfeminines.fr

PSG – Montpellier Hsc : 1-0 (1-0)

Dimanche 30 octobre 2016 à 15h00. Stage Georges Lefebvre. Camp des Loges. Saint Germein en Laye.  Spectateurs : 1000. Arbitre : Elodie Coppola assistée de DELASSUS THOMAS et BENALI ABDELKADER.

Buts pour PSG : Marie Anoinette Katoto (33′)

Avertissements :  aucun

Remplacements PSG : poste pour poste : Ouleymata Sarr (54′), Aminata Diallo (77′), Lina Boussaha (89′).

PSG : 1 katarzyna Kiedrzynek – 8-Erika Cristiano dos Santos, 14-Irene Paredes, – 5-Sabrina Delannoy , 28-Shirley Cruz Traña© (77′ Diallo Aminata),  26-Onema Grace Geyoro, 21- Véro Boquete, 17-Eve Perisset – 10-Cristiane Rozeira de Souza Silva, (89′, Lina Boussaha) 25 – Marie Antoinette Katoto (54′, Sarr Ouleymata) Entr.: Patrice Lair 

Non utilisées : Geurts Loes, Cissoko Awa.

Remplçements Montpellier Hsc : Marine Haupais (défenseuse centrale) pour faire monter Marion Torrent (3-5-2), Marion Romanelli (75′ pour faire souffler Torrecilla), Valérie Gauvin (attaquante, poste pour poste, 85′)

Montpellier :  16-Laëtitia Philippe, 4-Marion Torrent, 5-Laura Agard, 23-Linda Sembrant ©, 7-Sakina Karchaoui, 8-Sandie Toletti, 14- Viriginia Torrecilla (13- Marion Romanelli, 73′), 18-Marie-Charlotte Léger (Marine Haupais), 29-Clarisse Le Bihan, 10-Sofia Jakobsson, 9-Laetitia Tonazzi (21- Gauvin Valérie, 85′) Entr.: Jean-Louis Saez

Non utilisées : 1-Solène Durand, 24-Thomas Lindsey.